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5 août 2017

Electricité, le poison caché - Extrait : Que savent les pouvoirs publics?

Article de la section sur « 220 V-50 Hz – « Electricité, le poison caché » publié dans le magazine « Nexus », mars-avril 2017,
pp. 28-30.

De l’indécision à la collusion
Que savent les pouvoirs publics ?


Si l’électricité crée des nuisances environnementales incontestables, notamment par l’émission de champs électromagnétiques alternatifs, est-ce pour autant un problème de santé publique ? Et si oui, pourquoi le sujet est-il passé sous silence ?

Comment établir l’action sur la santé d’un phénomène physique aussi complexe que l’électricité ? Malgré les nombreuses évidences scientifiques concernant l’impact sanitaire du 50 Hz, il a été facile pour des intérêts privés de semer le doute et la confusion parmi des décideurs politiques et les médias. Quant au public, il a été soigneusement tenu à l’écart de la question. Elucider les liens de cause à effet entre électricité et santé s’est avéré parfois difficile au cours de l’enquète, tant l’omerta est totale. Les premières études sur les effets biologiques des ELF, financées par l’industrie électrique elle-même, datent des années 1960 et 1970. C’est alors que les premiers lanceurs d’alerte réagissent.

Des cas de sclérose en plaques

En France, le Dr Maschi dénonce, dès 1963, les maladies causées par l’exposition électrique. Par des conseils d’hygiène simples, il obtient des centaines de guérisons, notamment de malades souffrant de sclérose en plaques. Radié du conseil de l’Ordre après ces succès, il dénonce une collusion de pouvoirs publics et de la médecine visant à dissimuler les méfaits de l’électricité. Il subira tracasseries et pressions durant une trentaine d’années, comme ce fut le cas pour le Dr Albaret et Roger Santini, du Criirem. Il n’est pas le seul à observer une corrélation entre la courbe des maladies de civilisation et les paliers techniques du déploiement de l’électricité. L’épidémiologiste américain Samuel Milham a consacré sa vie à l’étude des pathologies d’origine électrique. Il note que l’augmentation des maladies dégénératives coïncide avec des étapes clés, telles que l’électrification complète du territoire, la généralisation des appareils électriques dans les foyers ou le passage du 110 V au 220 V.

Leucémies et THT

Mais c’est une étude médicale indépendante, réalisée par des chercheurs du Colorado en 1979, qui dévoile le rôle de l’électricité dans les leucémies de l’enfant. L’épidémiologiste Nancy Wertheimer établit que ces dernières sont deux fois plus fréquents à proximité de certaines installations électriques. De nombreuses études scientifiques, menées dans différents pays, ont depuis confirmé la relation entre champs magnétiques d’origine électrique et prévalence du cancer du sang chez de jeunes enfants. D’ailleurs, l’augmentation des leucémies suit le taux d’électrification. Ce lien est devenu tellement incontestable pour une exposition supérieure à 0,4 µT que des rapports officiels (AFSSET et ministère de l’Energie français) recommandent l’instauration de « zones de prudence » autour des lignes HT et THT.

Et chez EDF ?

Le risque électromagnétique des lignes de transport est également connu des gestionnaires de réseaux. « contrairement aux phénomènes radioactifs, les rayonnements non ionisants ne provoquent pas rapidement des troubles nets que l’on puisse facilement leur attribuer […] ce qui rend l’expérimentation et la preuve clinique difficiles », peut-on lire dans un rapport interne. Pour autant, aucune étude sanitaire n’est menée par l’entreprise, ce que déplore le même rapport. A tel point que, lors d’un colloque organisé en 1993, l’entreprise dut faire appel à des experts étrangers pour expliquer l’action des champs électromagnétiques sur la santé. Trois ans plus tard, les résultats d’une vaste enquête épidémiologique, conduite sur 220'000 travailleurs d’entreprises électriques, françaises et canadiennes, sont publiés : prévalence des leucémies en cas d’exposition à des champs magnétiques de plus de 0,2 µT et risque accru de tumeurs cérébrales à proximité de champs électriques supérieures à 387 V/m. La conclusion est formelle : « Les champs électromagnétiques d’extrêmement basses fréquences de type 50/60 Hz, produits par des systèmes électriques et présents à des niveaux élevés dans l’environnement de travail, pourraient être responsables d’un risque accru de cancer. »

Electricité et cancer

Dès lors, toute collaboration sur le sujet est stoppée et le Département d’études épidémiologiques d’EDF-GDF démantelé. Seules des expériences sur les animaux seront désormais autorisées. Financées par l’opérateur, leurs conclusions seront soumises à des clauses de confidentialité strictes et leurs résultats prévisibles ; « Un champ électrique de très grande intensité n’a aucune incidence sur les rats »… A l’étranger, au contraire, l’ensemble des études épidémiologiques sur les enfants et les travailleurs de l’électricité feront l’objet d’une méta-analyse, conduite par le National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS). La conclusion, reprise en 1998 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), est formelle : les champs électriques et magnétiques de très basses fréquences (ELF), résultant principalement du transport et de l’utilisation de l’énergie électrique, doivent être considérés comme « cancérigènes possibles » pour l’homme.

Des experts achetés

Il faudra néanmoins attendre encore trois ans avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne classe l’électricité dans la catégorie 2B, soit « potentiellement cancérigène ». Aux Etats-Unis, l’opposition de la société civile sera plus virulente qu’en Europe. La mise en cause des lignes THT aboutit à des plaintes. Dès 1973, Andrew A. Marino et Robert O. Becker, deux scientifiques indépendants, font un signalement auprès d’une commission publique. Ils témoigneront inlassablement pendant de longues années, malgré les pressions. La liste des méthodes de lobbying utilisées par les « utilities »(fournisseurs d’électricité) américains est édifiante : identification et rémunération de scientifiques conciliants, affiliés à des organismes prestigieux – qui deviennent des « friendly witnesses » (témoins favorables) dans les affaires jugées -, exploitation de l’antagonisme naturel entre physiciens et biologistes quant aux effets sur le corps humain, stratégie du doute et de la confusion, qui favorise le statu quo et création artificielle d’une impression « d’absence de preuves scientifiques ».

Les politique savent

Cette influence perverse modifie la donne, jusque dans les institutions les plus respectées comme le NIEHS ou le Congrès américain. Des rapports de bonne foi circuleront encore jusqu’aux années 1990. Le document de travail remis en mai 1989 aux parlementaires américains sur les effets biologiques de l’électricité est édifiant : Il est clair que le 60 Hz et autres champs électromagnétiques basses fréquences peuvent interagir avec les cellules et les organes pour produire des changements biologiques. La nature de ces interactions est subtile et complexe. Même si toutes les implications en matière de santé publique ne sont pas élucidées, il est légitime de s’en préoccuper. » Mais les lobbies ont enterré l’affaire.

En France, c’est la Fédération des industries électriques et électroniques (actuelle FIEEC) qui s’en est chargée. Sa cible ? Les hommes politiques, les journalistes et surtout les représentants européens pour « neutraliser certains pays », selon ses propres termes. Les outils sont les mêmes qu’outre-Atlantique. En particulier, les « experts partenaires ». On les reconnaît à leurs déclarations telles que : « On ne connaît aucun effet significatif de ces ondes sur les systèmes biologiques. »

Le doute n’est pas permis. Les politiques connaissent la nocivité de l’électricité.

A noter: Voir les références à la fin de l'article original du magazine.

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