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7 sept. 2018

DAS trop élevé : le Hisense F23 épinglé, le cas particulier du Tommy 2 de Wiko

"Il faudra d'ailleurs voir si l'ANFR procédera à des tests réguliers de smartphones modifiés par ou pour les opérateurs. L'exemple du jour montre l'importance de s'y intéresser, mais les moyens de l'agence ne sont pas illimités et elle ne commande des tests que pour un peu moins d'une centaine de mobiles par an en moyenne.

"Une solution déjà évoquée par l'ANFR serait de mettre à disposition les documents de certifications des constructeurs de terminaux mobiles. Ils sont pour le moment protégés par le secret des affaires et accessibles uniquement à certaines administrations, contrairement aux États-Unis où ils sont publics."

DAS trop élevé : le Hisense F23 épinglé, le cas particulier du Tommy 2 de Wiko
Par Sébastien Gavoisnextinpact.com, 7 août 2018

Crédits: Kristina Jovanovic/iStock
Avec les Hisense F23 et Wiko Tommy 2, l'ANFR a flashé sept mobiles dépassant la limite réglementaire du DAS tronc. Des mises à jour correctives ont d'ores et déjà été déployées. Le cas du Tommy 2 est particulier puisque seul le modèle vendu par Bouygues Telecom était touché, à cause de modifications faites pour l'opérateur.

Fin mai, l'ANFR épinglait quatre smartphones à cause d'un DAS trop élevé : les Alcatel Pixi 4-6", Echo Star Plus, Huawei Honor 8 et NEFFOS X1 TP902. Une mise à jour logicielle avait été déployée pour les trois premiers, tandis que le dernier était retiré de la vente, avec campagne de rappel en prime.

Il y a quelques jours, l'agence nationale de fréquences pointait du doigt deux nouveaux mobiles : le F23 de Hisense et le Tommy 2 de Wiko... mais uniquement pour le smartphone vendu par Bouygues Telecom dans ce dernier cas. Nous avons interrogé le constructeur afin d'avoir des précisions sur les différences entre un Tommy 2 proposé par l'opérateur et un autre vendu via une boutique ou un autre opérateur.

Hisense F23 et Wiko Tommy 2 dépassent la limite réglementaire en 4G

Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'expliquer en détail, la réglementation a changé en avril 2016 et impose désormais une mesure du DAS tronc à 5 mm de distance, contre 25 mm auparavant. Les smartphones mis sur le marché après cette date ne doivent pas dépasser 2 W/kg.
À lire : #PhoneGate, le DAS et la publication des rapports de l'ANFR

Dans le cas contraire, l’ANFR « met en demeure les sociétés responsables de la mise sur le marché de ces téléphones de prendre toutes les mesures appropriées pour mettre fin à la non-conformité constatée sur les équipements actuellement sur le marché ainsi que ceux déjà commercialisés ». C'est ce qui vient de se passer avec les Hisense F23 et Wiko Tommy 2 de Bouygues Telecom.

Tel un mirage, le premier a été flashé fin 2017 à 2,13 W/kg sur la bande des 2 600 MHz en 4G, sur le dessous du smartphone pour être précis. Sur les autres fréquences (800, 900, 1 800 MHz, etc.) le DAS était toujours inférieur à 1 W/kg selon les mesures mises en ligne par l'ANFR.
Hisense déploie une mise à jour et retombe à 1,40 W/kg

Les premières mesures ont été effectuées avec le firmware Ll360.6.03.00.ZA00. Hisense a ensuite déployé une mise à jour L1360.6.10.01.ZA00 afin de réduire le DAS tronc à 1,46 W/kg au maximum, comme le confirme de nouvelles analyses commandées par l'agence nationale des fréquences et effectuées entre mai et juin 2018.

Pour une fois, les deux rapports détaillés ont été mis en ligne, ce qui n'est toujours pas le cas des Honor 8, Echo Star Plus et Alcatel Pixi 4-6" eux aussi épinglés pour dépassement du DAS tronc. De plus, le laboratoire ne s'est pas focalisé sur l'unique mesure ayant dépassé la limite, mais a refait toute une batterie de tests, avec une différence parfois importante dans les résultats.

900 MHz en 2G : 1,250 W/kg au lieu de 0,944 W/kg
900 MHz en 3G : 0,311 W/kg au lieu de 0,355 W/kg
1800 MHz en 2G : 0,617 W/kg au lieu de 0,723 W/kg
2100 MHz en 3G : 0,923 W/kg au lieu de 0,768 W/kg
800 MHz en 4G : 0,350 W/kg au lieu de 0,386 W/kg
1 800 MHz en 4G : 0,868 W/kg au lieu de 0,841 W/kg
2 600 MHz en 4G : 1,40 W/kg au lieu de 2,130 W/kg

Le nouveau firmware permet donc de rentrer dans les clous, mais impose aussi une augmentation du DAS dans certains cas. Le plus flagrant est certainement la 2G sur la bande des 900 MHz avec 1,250 W/kg au lieu de 0,944 W/kg avant la mise à jour. L'ensemble des mesures reste cependant bien sous la barre des 2 W/kg.

2,43 W/kg pour le Tommy 2 vendu par Bouygues Telecom

Chez le fabricant « français » Wiko, le Tommy 2 a été mesuré à 2,46 W/kg... mais uniquement dans la version proposée par Bouygues Telecom.

Celles vendues par d'autres opérateurs ou revendeurs ne sont pas touchées : « Les autres versions de ce modèle n’ont pas révélé de non-conformité selon les vérifications faites par le fabricant » explique l'ANFR. Pour autant, elle n'a visiblement pas demandé d'analyses auprès d'un laboratoire indépendant pour vérifier cette affirmation.

À lire : Wiko nous détaille sa stratégie : marque globale et montée en gamme progressive

Là encore, Wiko a décidé de déployer une mise à jour estampillée V02.17.BYT.20 (V02.03.BYT.20 lors de la première batterie de tests). Le DAS maximum redescend à 1,66 W/kg, en 4G sur la bande des 2 600 MHz. Le premier rapport n'a par contre pas été rendu public par l'ANFR, impossible donc de comparer l'évolution du DAS sur les différentes bandes de fréquences.

Interrogé par nos soins, le constructeur nous explique que « la non-conformité relevée par l’ANFR concernait uniquement un lot de smartphones Tommy2 dans sa version Bouygues Telecom et non l’ensemble de la production du Tommy2 commercialisé par Bouygues Telecom [...] Par mesure de précaution Wiko a mis à jour tous les Tommy2 version Bouygues Telecom via une mise à jour OTA ».

Nous avons demandé à Bouygues Telecom combien de Tommy 2 étaient concernés par le dépassement du DAS tronc, sans réponse pour le moment.

Tommy 2 par Bouygues Telecom : « c'est plus vraiment le même produit au final »

Nous avons également demandé des explications sur les différences entre un Tommy 2 provenant de Bouygues Telecom et un autre. « À chaque fois que nous faisons des modèles pour des opérateurs, nous partons d'un tronc commun, mais ensuite ce sont des modèles sur mesure avec les opérateurs qui nous demandent de faire certaines modifications spécifiques par rapport à leur surcouche » nous détaille Hervé Vaillant, responsable des relations publiques de Wiko.

Ainsi, « même si la base est la même, le produit fini passé par les pattes des ingénieurs d'Orange et ceux de Bouygues Telecom n'est plus vraiment le même au final ». Interrogé sur les changements techniques impliquant une hausse du DAS, le constructeur n'avait pas de réponse à nous apporter. Simplement nous dit-il que « ce n'est pas forcément la façon dont est géré le réseau ». Nous mettrons cette actualité à jour lorsque nous aurons obtenu de plus amples informations de sa part ou de Bouygues Telecom, que nous avons également questionné.

Dans tous les cas, la mise à jour « n'a pas d'impact au niveau de la portée du signal. C'est complètement transparent et neutre pour l'utilisateur » affirme Hervé Vaillant.

7 mobiles non conformes en 2017

Sur l'année 2017, l'ANFR a publié les rapports d'analyse de 74 smartphones. 67 étaient conformes à la réglementation, alors que 7 dépassaient la limite de 2 W/kg, soit tout de même près de 10 % des mobiles analysés. De plus, d'autres procédures sont peut-être en cours. Dans ce cas, l'agence nationale des fréquences ne publiera les résultats qu'une fois son enquête terminée... ce qui peut prendre du temps.

Le cas du Tommy 2 est intéressant à plus d'un titre, car les opérateurs ajoutent encore trop souvent des surcouches maison et/ou procèdent à des changements dans les firmwares. En plus de retarder parfois la disponibilité des mises à jour de sécurité d'Android (sans parler des nouvelles versions), des hausses du DAS peuvent donc survenir.

Il faudra d'ailleurs voir si l'ANFR procédera à des tests réguliers de smartphones modifiés par ou pour les opérateurs. L'exemple du jour montre l'importance de s'y intéresser, mais les moyens de l'agence ne sont pas illimités et elle ne commande des tests que pour un peu moins d'une centaine de mobiles par an en moyenne.

Une solution déjà évoquée par l'ANFR serait de mettre à disposition les documents de certifications des constructeurs de terminaux mobiles. Ils sont pour le moment protégés par le secret des affaires et accessibles uniquement à certaines administrations, contrairement aux États-Unis où ils sont publics.

https://www.nextinpact.com/news/106910-das-trop-eleve-hisense-f23-epingle-cas-particulier-tommy-2-wiko.htm

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