Mieux Prévenir

Comprendre le rapport entre la santé et l'environnement pour mieux protéger nos enfants et les générations futures.

18 mars 2019

Suisse : 5G : le principe de précaution doit primer !

5G : le principe de précaution doit primer !
par Alberto Mocchi, blogs.letemps.ch, 17 mars 2019

Des affiches annonçant l’arrivée prochaine de la fameuse “5G” ont fleuri un peu partout ces dernières semaines. Cette nouvelle technologie de téléphonie mobile est dépeinte par d’aucuns comme une véritable révolution dans le monde des télécommunications, alors qu’elle suscite opposition et méfiance chez une part croissante de la population.

Mais de quoi s’agit-il concrètement, et surtout quels sont les enjeux en lien avec l’installation des antennes permettant la diffusion de ces ondes ?



La “5G” est en très résumé la 5ème génération de la technologie de téléphonie mobile que nous utilisons depuis environ 25 ans. Elle vise à remplacer à terme la “4G” actuellement employée pour nos smartphones, avec un débit de données annoncé comme pouvant être jusqu’à 100 fois supérieur à l’actuel. L’objectif est à terme de connecter non seulement téléphones et tablettes, mais plus globalement toute une série d’objets de notre vie courante, de la voiture à l’électroménager.

Jusque là tout va bien me direz-vous, et on devrait plutôt se réjouir de voir la connectivité de nos natels s’améliorer et tout un tas de nouvelles perspectives s’ouvrir à nous en termes de domotique. Pourtant, de nombreuses voix s’élèvent contre l’arrivée de la “5G” dans nos contrées, et ce non sans raisons.

Il y a tout d’abord les craintes de nature “géopolitique”, liées au rôle de leader du marché que joue l’entreprise chinoise Huawei. Certains pays comme les Etats-Unis, le Japon ou l’Autralie ont ainsi refusé à ce géant des télécommunications l’accès à leur marché pour le développement du nouveau réseau, craignant des utilisations à des fins d’espionnage. C’est pourtant cette entreprise qui est chargée par Sunrise d’installer son réseau “5G”…

Mais ce sont avant tout les questions en lien avec les risques pour la santé qui suscitent une certaine émotion et mobilisent des pans croissants de la population.

On ne connait en effet pas les effets à long terme de cette nouvelle technologie sur la santé humaine, ce alors même que l’OMS a classé dès 2011 les champs électromagnétiques de radiofréquence, y compris ceux de la téléphonie mobile, parmi les “cancérigènes potentiels”. Un groupe de 170 scientifiques experts en diverses matières et issus des cinq continents a appelé fin 2017 à un moratoire sur la “5G”, invoquant les risques potentiels et le manque de connaissances sur ce dossier. C’est tout particulièrement le nombre croissant d’antennes nécessaires, et donc l’augmentation des points d’émission des ondes électromagnétiques qui est mis en avant comme danger potentiel, tout comme la fréquence plus élevée – potentiellement plus dangereuse pour la santé – des ondes émises. On estime ainsi à 15’000 les nouvelles antennes nécessaires pour couvrir le territoire suisse, de quoi presque doubler les 19’500 antennes qui parsèment actuellement nos toits et nos champs.

L’Office Fédéral de l’Environnement (OFEV) a mis sur pieds un groupe de travail chargé d’étudier les risques potentiels de la “5G”, qui devrait rendre ses conclusions d’ici à l’été.

L’Office Fédéral des Communications (OFCOM) n’a cependant pas jugé utile d’attendre le résultat de cette étude, et a mis aux enchères les concessions pour la “5G” en ce début d’année, et a récolté près de 380 millions de francs, déboursés par les trois grands opérateurs du marché helvétique que sont Swisscom, Salt et Sunrise. Ces derniers sont donc désormais libres d’installer des antennes pour cette nouvelle technologie, et clament un peu partout que les premières communes à être couvertes par le réseau le seront dès la fin de ce mois.

On croit rêver : un office de la Confédération mandate une étude car il a des soupçons sur des risques pour la santé liés à une technologie, et parallèlement un autre office met tout en œuvre pour la voir déployer ses effets au plus vite !

À part l’appât du gain de certaines grandes sociétés, rien ne semble justifier cet empressement, et notre économie tout comme nous toutes et tous pouvons encore à priori vivre sereinement quelques mois sans 15’000 antennes supplémentaires sur notre territoire, en attendant au moins le résultat de l’étude mandatée par l’OFEV.

Le principe de précaution doit être appliqué vu que c’est notre santé qui est potentiellement en jeu, et nous devons aujourd’hui exiger un moratoire sur l’installation de toute nouvelle antenne tant que des garanties suffisantes n’auront pas été données quant à l’absence de risques pour la santé humaine. Aucun principe de rentabilité économique ne saurait primer sur notre qualité de vie !

ALBERTO MOCCHI

Alberto Mocchi est président des Verts vaudois et conseiller Municipal (exécutif) de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.

https://blogs.letemps.ch/alberto-mocchi/2019/03/17/5g-le-principe-de-precaution-doit-primer/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.