Suisse : La 5G ne passe pas à Neuchâtel

La 5G ne passe pas à Neuchâtel

par MOHAMED MUSADAK, lecourrier.ch, 28 mars 2019

Les Verts souhaitent faire primer le principe de précaution et attendre les conclusions d’une étude fédérale sur les dangers de ce nouveau réseau de communication.

(Photo:) Caroline Liard, Cloe Dutoit et Fabien Fivaz devant une maison équipée d'antennes 5G, après la conférence de presse des Verts neuchâtelois de ce jeudi 28 mars 2019. KEYSTONE/Adrien Perritaz

Le courant ne passe décidément pas entre les Verts neuchâtelois et la technologie 5G. Le parti écologiste, à l’image de son homologue vaudois, a déposé jeudi une initiative cantonale destinée à l’Assemblée fédérale pour instaurer un moratoire sur l’installation de nouvelles antennes, au nom du principe de précaution. Le parti écologiste a accompagné ce texte de diverses interpellations, questions et motions au niveau communal. La défiance à l’encontre de cette nouvelle technologie ne cesse de croître dans tout le pays. En particulier en Romandie ou les initiatives politiques se multiplient.



«Il est urgent d’attendre», clame Fabien Fivaz, député vert et candidat au Conseil national. L’élu souhaite connaître les conclusions d’une étude de l’Office fédéral de l’environnement sur les effets de cette nouvelle technologie sur le vivant. «Les résultats devraient tomber cette année encore. Apple, par exemple, ne prévoit pas de produire un téléphone 5G avant 2020. Il n’y a aucune raison de se précipiter.»

Réfractaire à ce nouveau réseau, le député estime que la 5G est le pas de trop. «A-t-on réellement besoin d’un réseau plus performant que le 4G? Aujourd’hui, on est déjà capable de faire du streaming à haut débit depuis les smartphones. Selon moi, on se précipite pour installer une technologie qui ne va servir à rien.»

«Le pas de trop»

Pourtant, la 5G devrait durablement modifier la nature des réseaux de communication. Sans que les téléphones portables ne soient les principaux visés. Nicolas Demassieux, directeur d’Orange Labs Recherche, déclarait déjà en 2014 que «dans la 4G, on a déjà ce qu’il faut pour améliorer les débits, il y en a sous le capot. La 5G sera essentiellement là pour fournir une connexion sans fil et fiable aux quelque 200 milliards d’objets connectés qu’il devrait y avoir en 2020.»

Pour Fabien Fivaz, c’est précisément un problème: «On n’aura plus la possibilité de contrôler sa ‘consommation’ d’ondes non ionisantes. La moindre imprimante ou machine à café sera connectée.» Un futur que l’élu estime inquiétant: «A l’heure où de plus en plus de personnes développent une intolérance aux ondes électromagnétiques, le principe de précaution devrait primer, comme cela a été le cas pour les OGM.» Pierre Dubochet, ingénieur spécialiste en pollution électromagnétique, abonde: «Les valeurs d’exposition décidées en 1999 ont été déduites d’observations comportementales de primates (non humains) exposés aux ondes dans les années 1970. Cela n’est pas une base satisfaisante pour définir des critères de protection sanitaire.»

Fibre optique VS 5G

Au-delà des effets non connus sur la santé, les écologistes s’interrogent sur les conséquences sur l’environnement. Pour Cloé Dutoit, des Jeune verts neuchâtelois et conseillère générale à Corcelles-Cormondrèche, il faut carrément revenir en arrière: «En pleine sixième extinction de masse, nous ne pouvons pas nous permettre de jouer avec le peu de biodiversité qu’il nous reste. Nous avons beau être une génération ‘connectée’, il est nécessaire de revenir à une certaine sobriété si nous souhaitons limiter le dérèglement climatique.» Pas totalement décroissants, les Verts neuchâtelois voient en la fibre optique une bien meilleure solution. «Le plus grand nombre possible de données doivent être transportées par câble et non par antenne. Les Verts défendent l’expansion d’un bon réseau câblé, qui rendrait de nombreux sites d’antennes superflus», argumente Caroline Liard, conseillère générale à Cortaillod.

Pour limiter le nombre d’antennes, Fabien Fivaz préconise «une véritable planification». Voire même constituer un monopole étatique: «La Confédération devrait être propriétaire des antennes et les louer aux opérateurs. Aujourd’hui on en construit trop pour satisfaire leur appétit.»

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