Le calvaire de l’électrohypersensibilité
Par Hubert Prolongeau, Le Monde, 5 juillet 2018
Par Hubert Prolongeau, Le Monde, 5 juillet 2018
Aline Bureau |
Leur souffrance augmente à mesure que le territoire français est de mieux en mieux couvert en réseau téléphonique. Ils demandent l’instauration d’une « zone blanche » où vivre à l’abri des ondes.
Chez les époux Hulmel, c’est presque un rituel. Tous les matins, Jacques, le mari, sort de la ferme où il habite seul à Chollet, un lieu-dit de Charente-Maritime, et marche à travers le pré vers la caravane de sa femme, Odile. Il lui détaille les infos du jour, évoque la grève de la SNCF ou la Corée du Nord… « Y a rien d’autre ? » demande-t-elle, malicieuse. Alors, il lui donne des nouvelles du « royal baby », et elle sourit. « J’ai besoin de futile… »
Depuis deux ans et demi, cette femme de 59 ans doit vivre à distance de sa maison, cette grosse bâtisse qu’elle aperçoit au loin, en levant les yeux. Considérée comme une électrohypersensible (EHS), elle ne supporte plus la moindre onde électromagnétique. Portable, Wi-Fi, pile de montre… Tout provoque en elle d’insupportables maux de têtes, nausées, chutes de tension. Impossible, également, d’écouter la radio. Le parc à vaches dans lequel son voisin lui a permis de s’installer – après avoir remplacé la clôture électrifiée par de bons vieux barbelés – est devenu son « chez elle » et sa prison.
Son intolérance s’est révélée progressivement à partir de 2012. Il y a d’abord eu ce voyage en train, un Paris-Poitiers au cours duquel elle a été prise de nausées ; puis un parcours en voiture où elle a cru que sa tête explosait quand trois passagers ont sorti leurs portables en même temps… Depuis, cela n’a fait que s’aggraver. Odile se dit même allergique au simple courant électrique de 50 hertz.Qui les écoute, tous ceux qui, victimes de la folie technologique, se trouvent ainsi condamnés à la réclusion ?
Elle n’est pas la seule ? Non. Mais qui l’écoute ? Qui les écoute, tous ceux qui, victimes de la folie technologique, se trouvent ainsi condamnés à la réclusion ? Des histoires comme la sienne, il y en a des dizaines, et beaucoup ont déjà été médiatisées : ces deux femmes contraintes de vivre pendant trois ans dans une grotte du Vercors ; Philippe Tribaudeau, président...
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Chez les époux Hulmel, c’est presque un rituel. Tous les matins, Jacques, le mari, sort de la ferme où il habite seul à Chollet, un lieu-dit de Charente-Maritime, et marche à travers le pré vers la caravane de sa femme, Odile. Il lui détaille les infos du jour, évoque la grève de la SNCF ou la Corée du Nord… « Y a rien d’autre ? » demande-t-elle, malicieuse. Alors, il lui donne des nouvelles du « royal baby », et elle sourit. « J’ai besoin de futile… »
Depuis deux ans et demi, cette femme de 59 ans doit vivre à distance de sa maison, cette grosse bâtisse qu’elle aperçoit au loin, en levant les yeux. Considérée comme une électrohypersensible (EHS), elle ne supporte plus la moindre onde électromagnétique. Portable, Wi-Fi, pile de montre… Tout provoque en elle d’insupportables maux de têtes, nausées, chutes de tension. Impossible, également, d’écouter la radio. Le parc à vaches dans lequel son voisin lui a permis de s’installer – après avoir remplacé la clôture électrifiée par de bons vieux barbelés – est devenu son « chez elle » et sa prison.
Son intolérance s’est révélée progressivement à partir de 2012. Il y a d’abord eu ce voyage en train, un Paris-Poitiers au cours duquel elle a été prise de nausées ; puis un parcours en voiture où elle a cru que sa tête explosait quand trois passagers ont sorti leurs portables en même temps… Depuis, cela n’a fait que s’aggraver. Odile se dit même allergique au simple courant électrique de 50 hertz.Qui les écoute, tous ceux qui, victimes de la folie technologique, se trouvent ainsi condamnés à la réclusion ?
Elle n’est pas la seule ? Non. Mais qui l’écoute ? Qui les écoute, tous ceux qui, victimes de la folie technologique, se trouvent ainsi condamnés à la réclusion ? Des histoires comme la sienne, il y en a des dizaines, et beaucoup ont déjà été médiatisées : ces deux femmes contraintes de vivre pendant trois ans dans une grotte du Vercors ; Philippe Tribaudeau, président...
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