La nouvelle génération de compteurs d'Hydro-Québec permet une lecture à distance de la consommation d'énergie. © Gracieuseté Hydro-Québec |
par Anny Champoux, lavantage.qc.ca,
5 février 2014
Compteurs intelligents d'Hydro-Québec
Dans une entrevue accordée à Point de vue Laurentides, Paul Héroux, physicien à la tête du "In Vitro Toxicology Laboratory" de l'Université McGill, fait le point sur le pouvoir ultime d'Hydro-Québec dans son projet de compteurs de nouvelle génération.
Dans une entrevue accordée à Point de vue Laurentides, Paul Héroux, physicien à la tête du "In Vitro Toxicology Laboratory" de l'Université McGill, fait le point sur le pouvoir ultime d'Hydro-Québec dans son projet de compteurs de nouvelle génération.
"Maintenant, avec toutes les techniques de communications qui existent, ça n'a aucun sens d'envoyer les gens en automobile pour lire des compteurs", mentionne Paul Héroux, professeur à l'Université McGill de Montréal. On devrait les lire à distance, tel que propose Hydro-Québec. "Leur objectif est tout à fait louable et acceptable à mon avis", avoue-t-il. Ce qui n'est pas acceptable, selon M. Héroux, c'est que lorsqu'Hydro-Québec a mis en place les méthodes pour réaliser son projet, la société d'État n'a pas considéré les impacts possibles sur la santé.
"Pour la simple raison que dans sa culture interne, il n'y en a pas de ces impacts sur la santé. Donc, son système utilise beaucoup plus de radiation que ce qui est vraiment nécessaire pour être opérationnel", explique le scientifique
Selon lui, en modifiant légèrement les détails d'ingénierie, on pourrait régler le problème complètement. "En fait, il y a des gens à l'intérieur de l'industrie qui ont acquis des brevets pour montrer comment ça pourrait être fait", affirme M. Héroux. À la question "Est-ce que l'industrie utilisera ces brevets?", il répond: "Pour eux, ce serait d'admettre qu'il y a des effets sur la santé et ce serait politiquement très dommageable pour eux".
Domination de l'industrie
En parlant des enjeux des champs électromagnétiques, Paul Héroux souhaite que les gens comprennent que ce sont des batailles qui durent depuis 50 ans. "L'industrie domine les organisations qui produisent les standards. En d'autres termes, les gens qui donnent les recommandations sont soit des gens de l'industrie, soit des gens choisis dans le milieu scientifique qui partagent les mêmes opinions".
Selon le physicien, beaucoup de publicité a été faite pour convaincre le public que les ondes électromagnétiques émises par les compteurs intelligents d'Hydro-Québec n'étaient pas biologiquement actives. "Il faut se mettre à la place des industries. Quand on investit énormément d'argent dans un système, ils ne veulent certainement pas se faire dire que les ondes électromagnétiques sont dommageables ", mentionne-t-il.
Manipulation et fatigue intellectuelles
Il ajoute que dans le domaine scientifique, il est très rare que les chercheurs fournissent les mêmes réponses à une question. M. Héroux souligne qu'il est donc très facile pour l'industrie de favoriser la nomination sur son comité des gens qui sont d'accord avec elle. "Quand j'ai trouvé les données qui prouvent les effets des champs magnétiques sur la santé, pendant un certain temps, j'en ai perdu le sommeil. Je leur (l'industrie) ai dit que c'est terrible ce qui se passe. Ils m'ont répondu qu'il fallait que je m'habitue à ce genre de situation".
"Qu'est-ce que je peux faire, moi?", demande-t-il à voix haute, avant de répondre: "Je pourrais aller au comité qui émet les standards et leur expliquer. Mais le problème, c'est que j'ai déjà été moi-même sur ces comités-là et je sais exactement ce qui s'y passe. Parce qu'il y avait beaucoup d'individus avant moi qui avaient des données semblables aux miennes. Et ces individus-là, on les a poliment manipulés et fatigués. Puis ultimement, ils se sont rendu compte qu'ils devraient consacrer leur temps ailleurs".
Du temps où M. Héroux travaillait à Hydro-Québec, il s'occupait notamment des problèmes de santé. "C'est aux environs de 1987 qu'HQ a décidé de faire une étude épidémiologique pour démontrer que les champs électromagnétiques ne donnaient pas le cancer. J'ai travaillé à réaliser un appareil pour cette étude-là. Même à cette époque, il y avait eu de petits conflits relativement à l'interprétation de ces résultats. Puis, les épidémiologistes de l'Université McGill avec qui j'ai travaillé m'ont proposé de passer de l'Hydro à McGill. J'ai accepté".
Les entreprises dépendent du standard
"Hydro-Québec ne va pas installer des appareils qui sont illégaux", reprend Paul Héroux. Il explique que le standard déterminé par le gouvernement fédéral - le Code 6 - lui donne la permission d'utiliser l'intensité électromagnétique de ces champs.
Selon l'enseignant universitaire, le gouvernement n'a pas les moyens financiers d'évaluer les effets des ondes électromagnétiques sur la santé: "Ce qu'il fait, c'est qu'il recourt à une poignée d'employés qu'il envoie à des conférences aux États-Unis. Ces gens-là reviennent et adoptent le même standard que celui des Américains, en y apportant de légères modifications pour donner l'impression qu'on est souverains. Mais en réalité, tous leurs standards sont copiés sur le standard C95.1".
Il détaille la manœuvre à long terme: "L'industrie ne va pas relâcher son contrôle sur la question des effets des champs électromagnétiques sur la santé, puisque pour elle, si jamais c'est su – qu'elle a généré du cancer ou des dommages au cerveau - imaginez ce qui va se produire!"
L'ex-employé d'Hydro-Québec précise que la seule solution qui est acceptable pour la l'industrie, c'est que le standard ne change pas. "S'il bouge, ils (l'industrie) sont morts! Les entreprises dépendent de ce standard-là".
Finalement, ce qui se passe selon le professeur, c'est que l'industrie domine les comités qui déterminent les standards. Elle met en place des individus en place, qui mettent beaucoup d'emphase sur les résultats, qui confirment ce qu'elle veut et elle discrédite les résultats qui ne lui sont pas favorables. "C'est un processus d'érosion intellectuelle qui fait que le standard ne bouge jamais. Quand il bouge, c'est pour accommoder les besoins de l'industrie, pour rendre ses installations légales", de conclure Paul Héroux.
http://www.lavantage.qc.ca/Actualites/2014-02-05/article-3603841/Le-pouvoir-ultime-de-lindustrie/1
"Pour la simple raison que dans sa culture interne, il n'y en a pas de ces impacts sur la santé. Donc, son système utilise beaucoup plus de radiation que ce qui est vraiment nécessaire pour être opérationnel", explique le scientifique
Selon lui, en modifiant légèrement les détails d'ingénierie, on pourrait régler le problème complètement. "En fait, il y a des gens à l'intérieur de l'industrie qui ont acquis des brevets pour montrer comment ça pourrait être fait", affirme M. Héroux. À la question "Est-ce que l'industrie utilisera ces brevets?", il répond: "Pour eux, ce serait d'admettre qu'il y a des effets sur la santé et ce serait politiquement très dommageable pour eux".
Domination de l'industrie
En parlant des enjeux des champs électromagnétiques, Paul Héroux souhaite que les gens comprennent que ce sont des batailles qui durent depuis 50 ans. "L'industrie domine les organisations qui produisent les standards. En d'autres termes, les gens qui donnent les recommandations sont soit des gens de l'industrie, soit des gens choisis dans le milieu scientifique qui partagent les mêmes opinions".
Selon le physicien, beaucoup de publicité a été faite pour convaincre le public que les ondes électromagnétiques émises par les compteurs intelligents d'Hydro-Québec n'étaient pas biologiquement actives. "Il faut se mettre à la place des industries. Quand on investit énormément d'argent dans un système, ils ne veulent certainement pas se faire dire que les ondes électromagnétiques sont dommageables ", mentionne-t-il.
Manipulation et fatigue intellectuelles
Il ajoute que dans le domaine scientifique, il est très rare que les chercheurs fournissent les mêmes réponses à une question. M. Héroux souligne qu'il est donc très facile pour l'industrie de favoriser la nomination sur son comité des gens qui sont d'accord avec elle. "Quand j'ai trouvé les données qui prouvent les effets des champs magnétiques sur la santé, pendant un certain temps, j'en ai perdu le sommeil. Je leur (l'industrie) ai dit que c'est terrible ce qui se passe. Ils m'ont répondu qu'il fallait que je m'habitue à ce genre de situation".
"Qu'est-ce que je peux faire, moi?", demande-t-il à voix haute, avant de répondre: "Je pourrais aller au comité qui émet les standards et leur expliquer. Mais le problème, c'est que j'ai déjà été moi-même sur ces comités-là et je sais exactement ce qui s'y passe. Parce qu'il y avait beaucoup d'individus avant moi qui avaient des données semblables aux miennes. Et ces individus-là, on les a poliment manipulés et fatigués. Puis ultimement, ils se sont rendu compte qu'ils devraient consacrer leur temps ailleurs".
Du temps où M. Héroux travaillait à Hydro-Québec, il s'occupait notamment des problèmes de santé. "C'est aux environs de 1987 qu'HQ a décidé de faire une étude épidémiologique pour démontrer que les champs électromagnétiques ne donnaient pas le cancer. J'ai travaillé à réaliser un appareil pour cette étude-là. Même à cette époque, il y avait eu de petits conflits relativement à l'interprétation de ces résultats. Puis, les épidémiologistes de l'Université McGill avec qui j'ai travaillé m'ont proposé de passer de l'Hydro à McGill. J'ai accepté".
Les entreprises dépendent du standard
"Hydro-Québec ne va pas installer des appareils qui sont illégaux", reprend Paul Héroux. Il explique que le standard déterminé par le gouvernement fédéral - le Code 6 - lui donne la permission d'utiliser l'intensité électromagnétique de ces champs.
Selon l'enseignant universitaire, le gouvernement n'a pas les moyens financiers d'évaluer les effets des ondes électromagnétiques sur la santé: "Ce qu'il fait, c'est qu'il recourt à une poignée d'employés qu'il envoie à des conférences aux États-Unis. Ces gens-là reviennent et adoptent le même standard que celui des Américains, en y apportant de légères modifications pour donner l'impression qu'on est souverains. Mais en réalité, tous leurs standards sont copiés sur le standard C95.1".
Il détaille la manœuvre à long terme: "L'industrie ne va pas relâcher son contrôle sur la question des effets des champs électromagnétiques sur la santé, puisque pour elle, si jamais c'est su – qu'elle a généré du cancer ou des dommages au cerveau - imaginez ce qui va se produire!"
L'ex-employé d'Hydro-Québec précise que la seule solution qui est acceptable pour la l'industrie, c'est que le standard ne change pas. "S'il bouge, ils (l'industrie) sont morts! Les entreprises dépendent de ce standard-là".
Finalement, ce qui se passe selon le professeur, c'est que l'industrie domine les comités qui déterminent les standards. Elle met en place des individus en place, qui mettent beaucoup d'emphase sur les résultats, qui confirment ce qu'elle veut et elle discrédite les résultats qui ne lui sont pas favorables. "C'est un processus d'érosion intellectuelle qui fait que le standard ne bouge jamais. Quand il bouge, c'est pour accommoder les besoins de l'industrie, pour rendre ses installations légales", de conclure Paul Héroux.
http://www.lavantage.qc.ca/Actualites/2014-02-05/article-3603841/Le-pouvoir-ultime-de-lindustrie/1
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