Viva, mai 2013
Alors que s'ouvre à Genève la sixième conférence de la Convention de Rotterdam, l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), l'Association italienne des victimes de l'amiante (Afeva) et Rotterdam Convention Alliance (Roca) appellent à manifester le 7 mai sur la place des Nations à Genève. Des délégations de victimes de l’amiante de divers pays ainsi que des associations locales et des syndicalistes de plusieurs régions de France sont attendus (Nord–Pas-de-Calais, Ile-de-France, Rhône- Alpes, Aquitaine, Lorraine …).
Pour les associations de victimes de l'amiante, l'enjeu est de taille. Il s'agit, après plusieurs échecs, de faire inscrire l'amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux, lors de la conférence de la Convention de Rotterdam.
Placée sous l'égide des Nations unies, elle vise en effet à contrôler le commerce international des produits dangereux, non pas en les interdisant, mais en instaurant simplement l’obligation pour l’exportateur d’informer le pays acheteur des dangers de ces produits et d’obtenir son « consentement éclairé » au préalable. « La liste de ces produits comprend certains pesticides et toutes les variétés d’amiante, toutes… sauf l’amiante chrysotile qui représente 100 % du commerce mondial de l'amiante aujourd'hui et 95 % de l’amiante commercialisé depuis un siècle dans le monde ! », souligne l'Andeva. La faute au Canada, ex-grand exportateur d'amiante, qui par quatre fois depuis 2004 a bloqué les négociations, alors que l'inscription d'un produit sur la liste des produits dangereux requiert l'unanimité des participants.
Concrètement, cela signifie qu'il continue d'être commercialisé dans les pays qui ne disposent pas de législation particulière ou de moyens de contrôle efficaces. Ce sont pour l'essentiel des pays émergents.
Hier le Canada, aujourd'hui la Russie contre l'inscription de l'amiante chrysotile
Mais aujourd’hui la situation a changé : le Canada, qui ne produit plus et n’exporte plus d’amiante, n’a plus d’intérêt commercial et a fait savoir qu’il ne s’opposerait plus à l’inscription. Toutefois tout laisse à penser que la Russie, premier producteur et exportateur mondial d’amiante, qui vient d’adhérer à la Convention de Rotterdam, fera obstacle à l'inscription de l’amiante chrysotile, avec l’appui du Zimbabwe qui souhaiterait rouvrir ses mines d’amiante.
« Alors que les plus hautes autorités scientifiques du monde entier s’accordent pour reconnaître que l’amiante sous toutes ses formes - y compris l’amiante chrysotile – provoque des maladies mortelles, l’industrie de l’amiante et les Etats qui la soutiennent s’obstinent à nier l’évidence et continuent de le répandre à travers le monde, particulièrement dans les pays émergents, souligne l'Andeva. […] Le respect de la vie humaine impose a minima l’information sur les dangers mortels d’un produit comme l’amiante chrysotile. S’opposer pour des raisons de business à son inscription sur la liste des produits dangereux serait une décision gravissime, ressentie comme une intolérable et incompréhensible marque de mépris pour la vie et la santé des peuples ».
Les associations présentes à Genève porteront aux participants à cette conférence un message de Romana Blasotti Pavesi, la présidente de l’Association des victimes de l’amiante italiennes, qui a perdu cinq membres de sa famille, tués par l’amiante.
Elle y rappelle qu’en février 2012, « un tribunal italien a condamné deux dirigeants d'Eternit à seize ans de prison pour leur comportement criminel ; ils ont été reconnus responsables d'avoir dissimulé les dangers de l'amiante, provoquant ainsi une catastrophe humaine et environnementale. Pourtant, aujourd'hui, l'industrie de l'amiante exporte le matériau vers les pays en développement et à revenu intermédiaire, tout en continuant à nier ses dangers. […] Nous, qui avons été témoins directs des terribles souffrances et des décès causés par l'amiante, nous lançons un appel urgent à tous les participants à la Convention pour qu'ils soutiennent l'inscription de l'amiante chrysotile sur la liste des substances dangereuses de la Convention ».
Les associations de victimes reçoivent un soutien international
Cet appel a reçu le soutien d’une trentaine d’associations de nombreux pays : France, Belgique, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis, Brésil, Pérou, Canada, Corée, Inde, Japon, Hong Kong, Afrique du Sud, Australie…
L’Andeva, l’Afeva, Roca, les associations organisatrices de ce rassemblement, ont écrit à Magdalena Balicka, la présidente de cette sixième Conférence, pour lui demander de recevoir une délégation internationale qui portera la voix des victimes du monde entier.
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