Pierre Le Ruz, Président du Criirem |
par Hervé Queillé, letelegramme.fr,
21 mai 2015
Le Rennais Pierre Le Ruz (*) fait partie des 206 scientifiques de 36 pays qui viennent de lancer un appel auprès de l'OMS et de l'ONU dans le but de mettre en place des mesures de prévention pour limiter les risques liés aux ondes électromagnétiques.
Pourquoi cet appel ?
Parce que, malgré les normes et directives, il existe un non-dit sur la dangerosité des ondes électromagnétiques et qu'en pratique, les préconisations ou recommandations, voire les lois, ne sont pas respectées. Et ce, que ce soit par les constructeurs de matériel, les opérateurs, les entreprises ou les utilisateurs. Or, compte tenu de la montée en puissance et de la multiplication des champs électromagnétiques, on va vers de gros problèmes, que ce soit en matière de santé ou de fonctionnement des appareils. Que les scientifiques continuent à discuter sur la dangerosité de ces ondes, c'est une chose ; mais, sur le terrain, il est temps de passer à l'action, c'est-à-dire à la gestion de risques qui ont été identifiés.
Le danger pour l'homme est-il avéré ?
Le danger pour l'homme est-il avéré ?
Les nombreuses études en laboratoire aboutissent à des résultats différents et complexes. En revanche, les études épidémiologiques font l'unanimité. Trois types de cancer ont ainsi été identifiés : leucémie, lymphome et gliome. Les ondes électromagnétiques sont ainsi classifiées comme agent cancérigène 2 B par l'OMS. Mais, outre cette question de santé publique, ces ondes posent également un important problème de sécurité publique.
De quelle façon ?
L'augmentation des puissances et la multiplication des champs électromagnétiques posent des problèmes de non-compatibilité et d'interférence. Les incidents se multiplient. Ainsi ces voitures qui ne démarrent pas sur certains parkings, qui ne peuvent s'arrêter aux barrières de péage ou que la police doit accompagner jusqu'à la frontière belge, le régulateur de vitesse étant bloqué... Ou encore le train fou de Toulouse qui a dû faire quatre fois le tour de la ville ! Cela peut faire sourire, moins quand cela perturbe le vol d'un avion ou, à domicile, l'appareil qui gère la quantité de glucose d'un diabétique. En fait, en ne disant pas aux gens que tout ceci peut être dangereux, on va vers de gros problèmes. Les personnes équipées d'un pacemaker savent-elles qu'elles ne peuvent se servir de plaques de cuisson à induction, par exemple ?
Que demandez-vous ?
Il ne s'agit pas de dire non à la technologie mais de permettre un fonctionnement acceptable de tous ces appareils et connexions en utilisant une puissance raisonnable. Nous demandons donc la mise en place obligatoire de mesures de prévention avec une prise en compte particulière des personnes à risque (enfants, femmes enceintes, personnes assistées médicalement...). Ce qui passe par l'information des usagers, le repérage de zones à risques par des pictogrammes, des procédures à mettre en place - et à respecter - dans les lieux publics et les entreprises (des simulations à effectuer avant d'installer des antennes relais par exemple...). On peut aussi jouer sur la puissance des appareils. Les Allemands travaillent sur des téléphones mobiles fonctionnant avec peu d'énergie, ce qui impose beaucoup d'électronique et donc, coûte cher. C'est la raison pour laquelle, globalement, tout le monde freine des quatre fers en matière de prévention et qu'on n'a rien fait jusqu'alors.
* Expert européen, président du Criirem (Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques, www.criirem.org)
© Le Télégramme
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