Protection anti-ondes |
Texte intégral du Mémoire.
De la sensibilité à l’hypersensibilité électromagnétique, signal d’une défaillance sociale issue d’un « développement » technoscientifique?
Université de Caen-Normandie Unité de formation et de recherche : Humanités et Sciences Sociales Master 2 de Sociologie, spécialité gouvernance des risques et de l’environnement
Extrait pp. 19-21
C) De la stigmatisation à la désocialisation, de l’exclusion à l’isolement
Bien loin d’avoir du soutien et/ou des aides gouvernementales, les électrohypersensibles sont plutôt confrontés à une stigmatisation de toute part:
« Mais en 2006, quand je disais que les ondes me rendaient malade, on me menaçait de m'interner en institut psychiatrique. Et je connais au moins 4 électrosensibles qui ont été internés en institut psychiatrique de force. Parce qu'ils disaient, les médecins faisaient venir des intervenants pour les ramasser. Alors y a pas de soutien psychologique, y a pas de soutien des médecins. »
- Pauline (électrohypersensible) 26.08.2016 (Montréal, par téléphone)
« On a vraiment pas la côte les hypersensibles, on passe vraiment pour des fous et des gens compliqués qui peuvent défaire le logement alors que je fais des adaptations. »
- Anaïs (électro-chimicohypersensible) 16.08.2016 (À proximité de Sherbrooke)
« Puis lui il m’a dit - ça m'a fait énormément de bien - la première phrase qu’il m’a dit et je ne l’oublierai jamais : « Madame vous n’êtes pas folle. » Parce que tout le monde était en train de me traiter de folle. »
- Audrey (électrohypersensible) 22.08.2016 (Montréal, par téléphone)
De plus, le risque de devenir électrohypersensible n’étant pas mis en avant dans la sphère publique et médiatique, des dissentiments familiaux, qui peuvent relativement s’arranger dans le long terme via une acceptation, sont aussi à noter :
...
« Ça lui a prit du temps pour comprendre mais maintenant il comprend. D’ailleurs il a accepté de déménager. Ben moi j’ai un frère qui pensait que j’étais devenue folle. J’ai un frère, un autre ingénieur justement, électrique, lui il ne me croyait pas mais pas du tout. Ce qui fait que ça a été long, ça a été long avant qu’il comprenne. Puis même mon frère ingénieur ne comprend pas, il ne veut pas fermer son cellulaire quand je suis là donc ça me cause plein de problèmes. […] Oui il me voit enfler mais il ne croit pas. »
- Mathilde (électrohypersensible) 21.08.2016 (Montréal, via l’application Skype)
« J'ai perdu tout, tout mon réseau d'amis, toute ma famille. Là ils commencent ; depuis 2006 que je les achalent, puis que je leur envoie des liens, puis des témoignages, des films puis des vidéos, puis là ils commencent à croire. Mon frère plus, parce que mon frère, son fils ils lui ont offert la wifi puis son fils, il s'est mis à vomir de la bile. Puis là mon frère m'a appelé puis m'a dit : « ça peut-tu faire ça ? » J'ai dit : « ben oui ! » Puis là , il est retourné au magasin, il a acheté une wifi filaire puis son fils n'a plus jamais vomi. »
- Pauline (électrohypersensible) 26.08.2016 (Montréal, par téléphone)
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Si l’entourage finit par prendre en considération les souffrances physiques et le mal être associés à la pollution électromagnétique, bien que ce ne soit sûrement pas généralisable, c’est peut être par la constatation d’une modification profonde de la vie quotidienne de leur proche électrohypersensible. Par exemple, l’obligation d’adapter le lieu habitation :
« Oui, après mon hospitalisation. Quand tout a éclaté, j’ai investi au moins dans la maison puis à l’école pas loin, entre 20-25 milles dollars. Parce que ça coûte extrêmement cher, juste la peinture… […] J’ai commencé par les chambres à coucher, à étaler des peintures qui sont au graphite, donc qui bloquent les ondes. […] J’ai été obligée de blinder chaque armoire, indépendamment les unes des autres, le fond des armoires. […] Tu sais, les murs sont peints, les plafonds sont peints, les planchers sont peints. Puis les fenêtres ce sont des ouvertures qui laissent passer les ondes, donc on a des moustiquaires en aluminium. »
- Audrey (électrohypersensible) 22.08.2016 (Montréal, par téléphone)
« Moi je dormais, tout le monde trouve ça drôle mais j’avais acheté deux tentes anti ondes et je dormais sous les tentes anti ondes pour couper les radiations. Puis mon fils il vivait dans le sous sol, c’était bien pour les radiations. […] Au départ quand, là on a déménagé parce qu’on a vendu la maison près des antennes parce que je n’étais plus capable. Mon fils lui, juste sortir dehors, son cœur faisait des palpitations. Alors on a vendu la maison puis on s’est en allé plus à la campagne. 21 […] Oui il n’y en a plus (Note : d’ondes) mais mon conjoint est découragé parce que c’est à une heure et demi de son travail. »
- Mathilde (électrohypersensible) 21.08.2016 (Montréal, via l’application Skype)
« Alors j'ai investi des dizaines de millier de dollars pour blinder ma maison, le toit, les murs, les fenêtres, le solage. Alors ma maison, y a rien qui rentre, c'est 0,02 que je mesure. Je suis bien dans ma maison mais dès que je sors de chez moi, je ne suis pas bien. […] Alors y a pas de soutien non plus...tu sais moi je me suis ruinée pour blinder ma maison, j'ai bloqué mes cartes de crédit. Ils me laissent encore un petit peu de marge parce que j'avais un excellent crédit avant d'arrêter de travailler mais là , je vais devoir faire faillite probablement parce que je pourrais plus, je pourrais pas tenir le coup. Je pourrais pas tenir le rythme mais je me suis dit : « je vais toute dépenser, tout ce que j'ai comme crédit pour me blinder, pour au moins ne pas mourir. […] Alors là , j'ai riveté mon compteur, en plus de ça quand j'ai refait faire la finition extérieure pour blinder les murs extérieurs de la maison, j'ai fait construire une boite en bois autour et par dessus. »
- Pauline (électrohypersensible) 26.08.2016 (Montréal, par téléphone)
« Heureusement que ça n’a pas duré longtemps mais c’est inquiétant pour l’avenir parce que moi, je n’ai pas les moyens d’avoir une maison adaptée. Je suis une personne à faible revenus. On m’a donné une subvention pour vivre en logement privé mais c’est toujours des logements inadaptés, je suis à la merci du bon vouloir des propriétaires qui ne sont pas très compréhensifs. […] Les HLM, moi j’appelle ça un mouroir pour les gens comme nous. »
- Anaïs (électro-chimicohypersensible) 16.08.2016 (À proximité de Sherbrooke)
Il faut en effet considérer que l’ensemble des victimes électromagnétiquement sensibles n’est pas apte à assumer de telles dépenses, matérielles ou en déménagements, afin d’avoir un lieu de vie décent. D’autant plus qu’une intolérance électromagnétique engendre de lourdes conséquences sur la vie professionnelle, si la personne en a une.
[Les conséquences sur la vie professionnelle d'une intolérance électromagnétique seront le sujet d'un prochain billet.]
http://www.cqlpe.ca/pdf/MemoireJonathanRouze.pdf
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