Téléphones portables : “Il y a tromperie sur les informations affichées”
par Antoine Sillières, lelanceur.fr, 14 juin 2017
Près d’un an après le premier recours administratif du lanceur d’alerte Marc Arazi, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a enfin publié les mesures effectuées sur 379 modèles de téléphones portables. Si elle insiste sur la conformité vis-à-vis des normes européennes, certains modèles de constructeurs phares dépassent allègrement les plafonds lorsqu’ils sont testés en conditions réelles d’utilisation.
La décision surprendra ceux qui ont suivi l’affaire. Alors que les différents recours de Marc Arazi, ex-coordinateur national de l’association Priartem, avaient échoué, l’ANFR a finalement décidé de publier les mesures effectuées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Des mesures relatives aux ondes émises par les téléphones portables.
Comme l’avait expliqué son directeur général, Gilles Brégant, au Lanceur, l’agence n’était pas opposée en soi à la communication de ces mesures. “J’ai rencontré des responsables de l’ANFR et de l’Anses à plusieurs reprises et il n’y avait pas de blocage”, nous raconte Marc Arazi. Celui qui œuvre depuis près d’un an pour que ces données soient publiées se félicite d’une première victoire.
Car quasiment toutes les données ont été publiées. Et l’ANFR s’est engagée à communiquer ces mesures tous les six mois désormais. “La pression était en train de monter grâce à la mobilisation d’organisations du monde entier et de journalistes d’investigation”, avance Marc Arazi. Il se réjouit aussi que son combat ait trouvé écho outre-Atlantique, où des associations se mobilisent.
Un succès que ce médecin généraliste de formation tempère néanmoins de nombreux bémols. Car, s’il est satisfait de cet embryon de transparence, né d’un long combat, le lanceur d’alerte est bien plus inquiet de certaines données révélées.
Comme l’avait expliqué son directeur général, Gilles Brégant, au Lanceur, l’agence n’était pas opposée en soi à la communication de ces mesures. “J’ai rencontré des responsables de l’ANFR et de l’Anses à plusieurs reprises et il n’y avait pas de blocage”, nous raconte Marc Arazi. Celui qui œuvre depuis près d’un an pour que ces données soient publiées se félicite d’une première victoire.
Car quasiment toutes les données ont été publiées. Et l’ANFR s’est engagée à communiquer ces mesures tous les six mois désormais. “La pression était en train de monter grâce à la mobilisation d’organisations du monde entier et de journalistes d’investigation”, avance Marc Arazi. Il se réjouit aussi que son combat ait trouvé écho outre-Atlantique, où des associations se mobilisent.
Un succès que ce médecin généraliste de formation tempère néanmoins de nombreux bémols. Car, s’il est satisfait de cet embryon de transparence, né d’un long combat, le lanceur d’alerte est bien plus inquiet de certaines données révélées.
Des émissions 10 fois supérieures en conditions réelles d’utilisation
Pour évaluer les ondes émises par un téléphone portable, classé comme “cancérogène possible pour l’homme” par l’OMS, on mesure son DAS (débit d’absorption spécifique). La limite européenne est fixée à 2 W/kg pour le “DAS tête” et 4 W/kg pour le “DAS tronc”. Dans un souci d’information du consommateur, ces informations doivent figurer sur la fiche technique des appareils vendus.
Mais il y a un biais. Le DAS est mesuré par les constructeurs à 5 millimètres de la peau. Or, lorque qu’on utilise son téléphone, l’appareil se trouve au contact du corps. Et là les valeurs de DAS s’envolent. 89% des téléphones dépassent la norme lorsque la mesure des ondes émises est faite au contact. Une duperie qui a conduit Marc Arazi à faire le parallèle avec le fameux “dieselgate” de Volkswagen. D’autant que l’ANFR disposait des valeurs de DAS au contact, mais jusqu’à présent les taisait.
Les données publiées par l’ANFR montrent par exemple que pour le Samsung A5, annoncé avec un DAS de 0,35 W/kg, la valeur au contact est de 3,12 W/kg. “C’est près de dix fois la valeur affichée et 50% au-dessus de la norme”, s’exclame Marc Arazi. “Le Huawei est affiché à 1,22, il ressort à 7,39”, poursuit-il. On citera aussi le champion toute catégorie, le Polaroid Pro 881a et son DAS de 7,42 au contact, pourtant affiché sept fois moins dangereux (1,05). Cerise sur le gâteau, le modèle est estampillé “spécial sénior”, avec ses “grosses touches”.
Chez les constructeurs phares, on notera que l’iPhone 5 d’Apple (avec 5,3 W/kg en DAS au contact), le Z10 de BlackBerry (6,8), le HTC One SV (7,1) le Nokia Lumia (6,5) ou encore le Ridge de Wiko (6,5) dépassent allègrement la norme. Et ces exemples sont loin de constituer des valeurs aberrantes ou des écarts isolés. Pour le HTC One le DAS mesuré au contact est 19 fois supérieur à celui affiché sur la fiche produit.
Le rapport de l’Anses “Exposition aux radiofréquences et santé des enfants” publié en juillet 2016 notait que “parmi les 95 téléphones mobiles prélevés par l’ANFR, 89% d’entre eux mesurés au contact du corps présentaient un DAS supérieur à 2 W/kg et 25% un DAS supérieur à 4 W/kg”. On sait désormais lesquels. Pourtant, ces dépassements ne sont pas une fatalité. “Certaines marques moins connues sont en dessous des normes sur le DAS au contact, souligne Marc Arazi. Les industriels savent faire.”
Pour évaluer les ondes émises par un téléphone portable, classé comme “cancérogène possible pour l’homme” par l’OMS, on mesure son DAS (débit d’absorption spécifique). La limite européenne est fixée à 2 W/kg pour le “DAS tête” et 4 W/kg pour le “DAS tronc”. Dans un souci d’information du consommateur, ces informations doivent figurer sur la fiche technique des appareils vendus.
Mais il y a un biais. Le DAS est mesuré par les constructeurs à 5 millimètres de la peau. Or, lorque qu’on utilise son téléphone, l’appareil se trouve au contact du corps. Et là les valeurs de DAS s’envolent. 89% des téléphones dépassent la norme lorsque la mesure des ondes émises est faite au contact. Une duperie qui a conduit Marc Arazi à faire le parallèle avec le fameux “dieselgate” de Volkswagen. D’autant que l’ANFR disposait des valeurs de DAS au contact, mais jusqu’à présent les taisait.
Les données publiées par l’ANFR montrent par exemple que pour le Samsung A5, annoncé avec un DAS de 0,35 W/kg, la valeur au contact est de 3,12 W/kg. “C’est près de dix fois la valeur affichée et 50% au-dessus de la norme”, s’exclame Marc Arazi. “Le Huawei est affiché à 1,22, il ressort à 7,39”, poursuit-il. On citera aussi le champion toute catégorie, le Polaroid Pro 881a et son DAS de 7,42 au contact, pourtant affiché sept fois moins dangereux (1,05). Cerise sur le gâteau, le modèle est estampillé “spécial sénior”, avec ses “grosses touches”.
Chez les constructeurs phares, on notera que l’iPhone 5 d’Apple (avec 5,3 W/kg en DAS au contact), le Z10 de BlackBerry (6,8), le HTC One SV (7,1) le Nokia Lumia (6,5) ou encore le Ridge de Wiko (6,5) dépassent allègrement la norme. Et ces exemples sont loin de constituer des valeurs aberrantes ou des écarts isolés. Pour le HTC One le DAS mesuré au contact est 19 fois supérieur à celui affiché sur la fiche produit.
Le rapport de l’Anses “Exposition aux radiofréquences et santé des enfants” publié en juillet 2016 notait que “parmi les 95 téléphones mobiles prélevés par l’ANFR, 89% d’entre eux mesurés au contact du corps présentaient un DAS supérieur à 2 W/kg et 25% un DAS supérieur à 4 W/kg”. On sait désormais lesquels. Pourtant, ces dépassements ne sont pas une fatalité. “Certaines marques moins connues sont en dessous des normes sur le DAS au contact, souligne Marc Arazi. Les industriels savent faire.”
“Tromperie” et “normes fictives”
L’ANFR a validé ces mesures comme “conformes” dans sa publication. Certains titres de presse ont donc fait le raccourci en affirmant que nos portables ne sont pas dangereux. Inopportun. En réalité, leurs rayonnements sont seulement conformes aux normes en vigueur. Lesquelles ne correspondent pas aux conditions d’utilisation.
Médecin de formation, Marc Arazi dénonce un nouveau Tchernobyl. “C’est scandaleux, fulmine le lanceur d’alerte. On nous dit : Ce n’est pas grave, le nuage va s’arrêter au-dessus des Alpes…” “Il y a tromperie sur les informations, tranche-t-il. Les industriels ne pouvaient pas ne pas savoir qu’il y avait mise en danger.”
C’est en cela que ce “phonegate” s’apparente au “dieselgate”, selon lui. “N’importe quel ingénieur sait qu’en rapprochant le téléphone on augmente le risque”, ajoute l’ex-coordinateur de Priartem, déplorant la “mise en danger des utilisateurs”.
Après dix mois de combat administratif, Marc Arazi appelle désormais à une évolution de la législation. Cela afin que les normes correspondent aux conditions d’utilisation. “Le changement de norme est une question fondamentale, clame-t-il. D’autant qu’il va y avoir une nouvelle directive ; on est en plein dans le calendrier.”
Le lanceur d’alerte y a réfléchi et souhaiterait notamment la création de deux catégories – adultes et enfants – aussi bien pour le DAS corps que pour le DAS tête. Et pour cause, on sait que l’impact des ondes sur les plus jeunes est plus importante. Il évoque même “une troisième, pour les très jeunes, [car] on sait aujourd’hui qu’ils manipulent des téléphones, ceux de leurs parents notamment”.
Une réflexion et des changements normatifs paraissent en tout cas inéluctables, comme le souligne le lanceur d’alerte : “Les utilisateurs veulent aujourd’hui avoir un téléphone conforme à l’utilisation qu’ils en font, pas à des normes européennes fictives.”
Pour vous permettre de voir le débit d’ondes auquel vous expose réellement votre téléphone, Le Lanceur reproduit ci-dessous la liste complète des mesures publiées par l’ANFR.
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