C'est grâce aux actions du Dr Marc Arazi que l'ANFR a publié ces informations.
L'ANFR vient de publier les mesures du DAS de 49 nouveaux smartphones, en prenant en compte la nouvelle législation européenne. Ils viennent s'ajouter aux résultats de 379 autres téléphones. L'ensemble des données est disponible en open data, nous en avons donc profité pour les analyser en détail.
Cette nouvelle campagne s'est déroulée entre le 11 janvier et le 28 juin 2017. La nouveauté de cette année est la prise en compte de la nouvelle réglementation sur le « DAS tronc » correspondant à « un usage du téléphone porté près du tronc, par exemple dans la poche d’une veste ou dans un sac ».
Comme avec les ondes électromagnétiques, l'ANFR ne trouve rien à redire et affirme que les mesures sont conformes à la réglementation. Néanmoins, lorsque l'on plonge dans le détail des chiffres, de gros écarts apparaissent entre les différents modèles.
Mais au fait, à quoi correspond exactement le DAS ?
Commençons par une explication technique du débit d'absorption spécifique (DAS) donnée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé : il « représente le débit avec lequel l’énergie produite par un équipement, par exemple un téléphone mobile, est absorbée par unité de masse du tissu du corps ou plus concrètement la quantité d’énergie absorbée par l’organisme sous forme de chaleur par unité de temps. Le DAS est mesuré sur l’ensemble du corps ou sur une de ses parties et s’exprime en watts par kilogramme (W/kg) ».
N'importe quel appareil radio est donc concerné car « une partie de l’énergie électromagnétique qu’il dégage est absorbée par notre corps ». Le DAS tel qu'indiqué par les constructeurs correspond à la valeur maximale à laquelle un utilisateur peut être soumis. En moyenne, l'absorption par le corps est généralement moindre, le téléphone n'ayant pas toujours besoin d'utiliser sa pleine puissance pour les communications.
De plus, en éloignant le téléphone de son corps, avec un kit mains libres ou en utilisant le haut-parleur par exemple, la quantité d'énergie absorbée diminue rapidement. D'autres facteurs entrent en ligne de compte : si « le nombre de barrettes sur l’écran du téléphone est maximal indiquant une bonne qualité de réception, notre corps absorbe une quantité d’énergie beaucoup plus faible que celle correspondante au DAS de notre téléphone » explique l'ANFR.
De son côté, Orange affirme que l'utilisateur « d'un mobile 3G est moins exposé qu'un utilisateur 2G : l'exposition moyenne est d'environ 1 à 2 % du DAS (exposition maximale) quand le téléphone est en 3G ; elle est de 20 à 50 % du DAS en 2G ».
L'OMS émet des recommandations sur les valeurs limites
Maintenant que la question du DAS est cernée, passons à la limite maximale définie par Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le ministère de la Santé explique qu'elle « étudie les risques potentiels liés aux différents types de rayonnements non-ionisants et élabore des guides pour l’établissement de valeurs limites d’exposition ».
En 1999, l'ICNIRP a fixé les valeurs suivantes : 0,08 W/kg (corps entier) et 2 W/kg maximum mesuré localement pour la tête ou le tronc. En France, l'arrêté du 8 octobre 2003 précise les caractéristiques techniques pour les téléphones mobiles : « le DAS ne doit pas dépasser 2 W/kg pour la tête ». De son côté, Orange précise que cette limite « repose sur une évaluation approfondie des données scientifiques ».
Du changement l'année dernière : le « DAS tronc » passe à 5 mm maximum
Comme dans le cas des ondes électromagnétiques, cette évaluation est soumise à diverses interprétations et certains ne sont pas d'accord. Dans tous les cas, il s'agit de la réglementation en vigueur. Le but de l'analyse de l'ANFR n'est pas de lancer un débat sur le sujet, mais de vérifier si elle est correctement appliquée. Une mission simple en apparence, mais qui se complique rapidement quand on se penche sur le protocole de mesure.
En effet, depuis 1999, la directive européenne R&TTE 1999/5/CE prévoyait que les constructeurs puissent choisir une distance entre 0 et 25 mm pour mesurer le « DAS tronc ». De plus, elle n’était pas obligatoirement mentionnée dans la documentation destinée aux usagers, ce qui complexifiait les contrôles expliquait l'ANFR.
Depuis l'année dernière, la limite est passée de 25 mm maximum à 5 mm seulement, permettant ainsi de mettre tout le monde sur un pied d'égalité ou presque.
Tous les smartphones sous la limite de 2 W/kg
La campagne menée cette année par l'Agence nationale des fréquences a donc pour but de vérifier la conformité des smartphones à cette nouvelle exigence, plus restrictive. Elle s’applique en France depuis le 25 avril 2016 pour tous les appareils dont le dossier de mise sur le marché est postérieur à cette date. Sur les 49 terminaux passés entre les mains de l'ANFR, 40 sont concernés et ont été mesurés à une distance de 5 mm.
Pour résumer le bilan de l'ANFR, nous pouvons simplement dire que « tout va bien » : l'ensemble des mesures est en dessous du seuil réglementaire de 2 W/kg. Les différences sont par contre bien marquées avec un minimum de 0,293 W/kg et un maximum de 1,84 W/kg. L'Agence nationale des fréquences ne donne pas plus de détails, mais propose l'ensemble des données en open data, permettant ainsi d'identifier les téléphones.
Accéder aux données de l'ANFR sur le DAS
Le record revient donc au Logicom L-ITE 504 HD (1,84 W/kg), suivi par le Essentiel B Wooze i5.5 (1,81 W/kg), le Huawei P8 Lite 2017 (1,75 W/kg), l'Archos 55 Cobalt Plus (1,73 W/kg) et Timmy M12 (1,59 W/kg). Dans le bas du tableau, toujours à une distance de 5 mm, l'Echo Piano est premier de la classe avec 0,293 W/kg, suivi par les Billow Technology S51HD (0,533 W/kg), Echo Clap2 (0,548 W/kg), Lenovo Phab 2 Pro (0,67 W/kg) et BlackBerry KeyOne (0,777 W/kg) :
Pour 9 des 49 smartphones, le dossier de mise sur le marché est antérieur au 25 avril 2016. Ils ne sont donc pas soumis à la nouvelle réglementation et la distance de mesure varie entre 10 et 25 mm (voir tableau ci-dessus), ils ne peuvent donc pas directement être comparé aux autres.
Néanmoins, « ce type d’équipement disparaîtra progressivement des points de vente, car tout réassort sur le marché européen doit désormais respecter la nouvelle réglementation » précise l'ANFR.
Le DAS contact s'envole sur certains smartphones, avec plus de 7 W/kg
Quoi qu'il en soit, certains s'interrogent sur le choix de cette distance : pourquoi ne pas directement prendre 0 mm, comme lorsque le téléphone est collé à notre oreille ? Avec quelques millimètres de plus ou moins, les DAS peuvent rapidement s'envoler, comme en attestent d'ailleurs les mesures de l'ANFR.
Prenant le cas du Galaxy J7 de Samsung : son DAS est de 1,29 W/kg à 5 mm, mais de 3,56 W/kg « au contact ». Avec le Lumia 650 de Microsoft, on passe de 0,451 W/kg à 15 mm, à 1,3 W/kg à 5 mm et 4,03 W/kg au contact. Suivant les modèles, les DAS peuvent s'envoler et trois smartphones dépassent même les 7 W/kg : les Polaroid Pro 881A, Honor 4X et HTC One SV. Tous sont par contre conformes à la législation (au moment de leur mise sur le marché) selon les tests de l'ANFR puisque le DAS à 15 mm était inférieur à 2 W/kg, mais rien ne dit que ce serait encore le cas aujourd'hui.
Au total, plus de 200 smartphones sur les 428 testés ont un DAS au contact supérieur à 2 W/kg, mais cela n'empêche évidemment pas certains d'avoir un DAS tronc (5 mm) sous cette limite, et donc d'entrer dans les clous de la nouvelle législation européenne.
Dans le tableau ci-dessous, nous avons repris les 42 terminaux avec le DAS tronc au contact le plus élevé : [voir ci-dessus]
L'Agence nationale des fréquences profite de cette publication pour rappeler qu'elle dispose depuis le mois de juin d'un pouvoir de sanction et peut infliger des amendes en cas de manquement à cette réglementation.
https://www.nextinpact.com/news/105394-ondes-emises-par-smartphones-a-decouverte-mesures-das-par-anfr.htm
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