Deux actionnaires d'Apple s'inquiètent de l'addiction des jeunes aux iPhone
Par Pauline Verge, Le Figaro, 8 janvier 2018
Deux fonds activistes demandent à Apple d'intégrer aux iPhone des outils pour faciliter le contrôle parental et empêcher les adolescents de nouer une relation toxique avec leur smartphone.
Dans une lettre adressée à Apple, deux actionnaires activistes de la société américaine lui demandent de se préoccuper davantage de l'addiction des jeunes aux smartphones. Ils réclament le développement d'outils de contrôle parental adaptés aux iPhone. Les parents pourraient, par exemple, limiter plus facilement le temps d'utilisation des iPhone par le biais d'un logiciel. Ils demandent également à Apple de mener en parallèle une étude sur les conséquences de l'utilisation à haute dose des smartphones sur la santé mentale des enfants et adolescents.
Les actionnaires à l'origine de cette démarche, Jana Partners LCC, et le fonds de pension des fonctionnaires de l'enseignement en Californie (CalSTRS). Selon le Wall Street Journal, ils détiennent environ deux milliards de dollars de titres d'Apple, soit 0,2% de la capitalisation boursière de la marque à la pomme.
Envoyer une image positive aux consommateurs
Faire pression sur une question d'intérêt général telle que la dépendance des enfants aux smartphones est une première pour Jana Partners. Le fonds d'investissement créé par Barry Rosenstein est davantage habitué à impulser des changements d'ordre financier ou stratégique dans les entreprises dont il détient des titres, comme ce fut le cas pour Whole Foods en 2017.
Dans leur lettre, les deux actionnaires expliquent que se préoccuper de la santé de la génération suivante pourrait envoyer des signaux positifs aux consommateurs et les inciter à rester loyaux aux iPhone. Autrement dit, si Apple ne fait rien pour apporter une réponse à ce problème, Jana et CaISTRS en redoutent les conséquences sur la réputation du groupe et, donc, sur son cours de Bourse.
Le problème des conséquences de l'addiction au smartphone sur la santé mentale, notamment des adolescents est devenu très important aux États-Unis. Il est de plus en plus en plus étudié et questionné. Selon les chiffres de Common Sense Media, 50% des adolescents entre 13 et 18 ans disent avoir une relation addictive à leur smartphone. L'importance de ce dernier dans la vie quotidienne des jeunes est telle que, pour une majorité de parents (65%, selon le centre de recherche américain Pew), la confiscation du téléphone est une façon de sanctionner un mauvais comportement.
Une utilisation abusive favoriserait la dépression
Les chiffres de Pew montrent que 85% des professeurs estiment que les nouvelles technologies ont donné naissance à une génération d'adolescents de plus en plus distraits, et dont la capacité de concentration est plus courte qu'auparavant. Scroller sur son téléphone plusieurs heures par jour laisse également moins de temps aux interactions sociales directes, importantes pour les adolescents.
Une étude menée en 2017 par le professeur en neuroradiologie Hyung Suk Seo à l'université de Séoul va plus loin en montrant que l'addiction aux smartphones entraîne des modifications cérébrales.
Les adolescents dépendants de leur téléphone présentent des taux plus élevés du neurotransmetteur GABA (gamma aminobutyric acid), impliqué dans plusieurs fonctions cérébrales dont la vision et le contrôle moteur. Selon Hyung Suk Seo, des taux trop élevés de GABA pourraient être à l'origine de symptômes tels que l'insomnie, l'anxiété, l'impulsivité, la dépression ou la somnolence.
http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/01/08/32001-20180108ARTFIG00250-deux-actionnaires-d-apple-s-inquietent-de-l-addiction-des-jeunes-aux-iphone.php
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