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10 févr. 2018

France : 4G, antennes-relais, la question des ondes fait des vagues

4G, antennes-relais, la question des ondes fait des vagues
par Thomas Deszpot, limprevu.fr
15 janvier 201

En fin de semaine dernière, le gouvernement a renouvelé pour dix ans les licences d’exploitation d’Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom. Cet accord, signé « sans enchères et sans augmentation des redevances payées à l’État », comme le précise Le Parisien, prévoit néanmoins une contrepartie majeure. Les opérateurs s’engagent en effet à déployer un vaste plan d’investissement : 3 milliards d’euros.

« La France se classe 24e sur 28 en Europe en termes de couverture 4G », glissait ce matin dans une interview le président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Au programme des opérateurs, donc, une modernisation des équipements existants et une réduction massive des « zones blanches », ces territoires le plus souvent très ruraux peu, pas, ou mal pourvus en matière de connexion.

Quid des ondes ?

La généralisation de la 4G sur tout le territoire signifie immanquablement la construction de nouvelles infrastructures. « Nous avons demandé à chaque opérateur de fournir 5 000 installations supplémentaires », a assuré Julien Denormandie, secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires. Par « installation », il désigne la floraison des pylônes et autres antennes-relais, indispensables pour assurer la couverture aux alentours.

Problème, ces infrastructures, bien que pratiques pour bénéficier d’une meilleure couverture, s’avèrent tout aussi polémiques. Il y a plusieurs années, leur déploiement à grande échelle a en effet posé sur la table la question des ondes et de leurs conséquences pour notre santé. Nocives ? Cancérigènes ? Indolores ? Évaluer leur impact reste délicat, la faute à un manque d’études fiables et à l’absence de consensus scientifique.

Impossible pourtant de nier une série de mises en garde : en 2008, un groupe de scientifiques lançait par exemple un appel dans Le Journal du dimanche, cosigné par le célèbre médecin David Servan-Schreiber. « Nous sommes aujourd’hui dans la même situation qu’il y a cinquante ans pour l’amiante et le tabac. Soit on ne fait rien, et on accepte un risque, soit on admet qu’il y a un faisceau d’arguments scientifiques inquiétants. » Les jeunes, « plus sensibles à la pénétration des ondes », sont en première ligne, alertaient-ils.

Quand près de 3 Français sur 4 possèdent un smartphone, développer le réseau peut être perçu comme un confort supplémentaire. Utiliser un GPS sur son téléphone, regarder une vidéo en streaming, télécharger un podcast sur le chemin du travail… Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’accord signé entre le gouvernement et les opérateurs prévoit une couverture des « principaux axes de transport, et notamment les 30 000 km de lignes ferroviaires, lignes de TER comprises ».

En revanche, rares sont les particuliers heureux à l’idée de voir s’implanter une antenne-relais à proximité de chez eux. Au cours des dernières années, la justice a été saisie à plusieurs reprises afin de faire retirer ces équipements. En 2009, une plainte d’un collectif de riverains avait été déposée contre SFR au tribunal de grande instance de Perpignan : l’antenne de la discorde se trouvait à moins de 100 mètres des premières habitations. Face aux juges, les plaignants faisaient valoir « un risque grave pour leur santé et celle de leurs enfants ». Deux ans plus tard, la cour d’appel de Montpellier condamnait l’opérateur au nom du principe de précaution.

Ces délibérations judiciaires suffisent-elles à incriminer les antennes-relais et les ondes qu’elles propagent ? Sans doute pas, d’autant que des institutions renommées se montrent très prudentes quant à leur nocivité. L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), malgré un rapport de 460 pages paru en 2009, n’est pas parvenue à statuer sur la dangerosité des radiofréquences. De très fortes présomptions existent, certes, mais aucune affirmation. La même année, l’Académie de médecine a elle aussi donné son avis : dans un communiqué, elle insiste sur l’absence de risque démontré.

En réaction, L’Express a interrogé à l’époque la médecin épidémiologiste Martine Hours. Dans les colonnes de l’hebdomadaire, elle regrette un « battage médiatique » et souhaite que des études poussées soient menées. Le climat de tension autour de ces questions la laisse pour le moins perplexe : « Les gens deviennent schizophrènes : ils ne veulent plus de zones blanches et avoir accès au Wi-Fi et aux opérateurs de téléphonie mobile partout et parallèlement ils souhaitent démonter les antennes-relais. » Il faudrait à ses yeux se montrer prudent, ne pas crier au loup trop vite. « Rien n’a encore été démontré, poursuivons les études avant de prendre des mesures radicales », recommande la praticienne.

Une telle patience est-elle possible ? Alors que la 4G poursuit son développement et que la 5G pointe déjà le bout de son nez, il semble urgent de connaître l’impact réel des ondes pour celles et ceux qui y sont exposés. Une question à laquelle les pouvoirs publics ont timidement tenté de répondre il y a un peu moins d’une dizaine d’années, à travers le « Grenelle des antennes ». Lancé par le ministère de la Santé en 2009, il n’a pas permis d’avancée significative. Censée « répondre aux inquiétudes sur les dangers éventuels de la téléphonie mobile », cette table ronde avait réuni une quarantaine d’acteurs industriels et associatifs… Mais aucun médecin ! Une absence remarquée, que les Verts n’avaient pas manqué de condamner. Le gouvernement « se fait l’avocat des intérêts financiers des industriels contre la santé des citoyens et le principe de précaution », s’emportaient alors les écologistes.

Dans l’attente d’études scientifiques digne de ce nom, la nocivité des ondes électromagnétiques reste à trancher. Un spectre qui pourrait bien continuer à tous nous hanter.

Thomas Deszpot

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