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8 mai 2019

La multiplication des écrans doit être freinée

La multiplication des écrans doit être freinée
par Marie-Michelle Poisson, Montréal, ledevoir.com, 8 mai 2019

À tous ceux et celles qui croient à tort que les écrans sont inoffensifs, je recommande vivement la lecture du livre de Michel Desmurget, docteur en neurosciences cognitives et directeur de recherche à l’INSERM (France), intitulé TV lobotomie. Pour ce chercheur, dont l’opinion est fondée sur toute une carrière consacrée à l’étude de ces questions, l’affaire est entendue depuis longtemps ; la télévision est un problème de santé publique.

Photo: Getty Images «Aux États-Unis, deux psychiatres ont publié des livres-chocs aux conclusions sans équivoque: les écrans ont des effets extrêmement nocifs sur le développement du cerveau des enfants et des adolescents», nous explique l'auteure.

Et ce qui était vrai dans les années 1970 ou 1980 l’est d’autant plus aujourd’hui puisque, toujours selon M. Desmurget, ce qu’on appelle communément un « téléphone intelligent » n’est en réalité qu’une « télévision miniature portative ». En effet, la plupart des gens se servent de leur téléphone ou de leur tablette pour regarder de manière passive (et souvent compulsive) toujours et encore plus de contenus vidéo.



Les principaux arguments de Michel Desmurget sont :

1. La télé (entendons les écrans) interfère sur les apprentissages essentiels dès la petite enfance en nuisant de manière sensible à l’acquisition du langage et au développement de l’attention soutenue, deux acquis majeurs garants de tous les autres apprentissages ultérieurs.

2 .La télé (entendons les écrans) nuit à la bonne condition physique en induisant un comportement passif, gage d’obésité et de dysfonctions multiples.

3. Enfin, Desmurget ne cesse de rappeler la grande influence de la télé (entendons les écrans) sur l’ensemble des comportements à risque chez les adolescents, notamment, et pour ne mentionner que les plus évidents, l’expression de la violence chez les garçons principalement et la distorsion de l’image corporelle amenant des troubles alimentaires principalement chez les filles.

Aux États-Unis, deux psychiatres ont publié des livres-chocs aux conclusions sans équivoque ; les écrans ont des effets extrêmement nocifs sur le développement du cerveau des enfants et des adolescents.

Dans Reset Your Child’s Brain, la docteure Victoria Dunckley constate que les effets de la surstimulation neurologique induite par les écrans (ici on parle bel et bien de la technologie lumineuse en tant que telle) « imitent » souvent des troubles psychiatriques. Par prudence, elle propose un jeûne d’écran de trois semaines avant d’établir un diagnostic afin d’éviter de médicamenter inutilement ses jeunes patients présentant des comportements associés au TDAH ou à l’autisme. Sa pratique lui fait conclure que le retrait des écrans est toujours bénéfique, qu’il y ait ou non un trouble psychiatrique chez l’enfant.

Dans Glow Kids, le docteur Nicholas Kardara traite de la cyberdépendance des jeunes enfants et des adolescents. Pour lui, toutes les applications électroniques, même celles qui se veulent éducatives, sont, comme le « crack », intentionnellement programmées pour induire dès le premier usage une forte décharge d’adrénaline et de dopamine, créant ainsi une dépendance instantanée. Contrairement aux adultes, les enfants n’ont pas le cortex préfrontal, siège de la volonté et du contrôle des impulsions, assez développé pour résister à ces nouvelles « drogues dures ».

Conséquemment, ces deux pédopsychiatres remettent sérieusement en cause la pertinence de la pédagogie par écran. Pour leurs jeunes patients TDAH, autistes ou cyberdépendants, ils préconisent l’exemption des écrans à l’école.

Les démonstrations du chercheur Michel Desmurget sont fondées sur les études scientifiques validées par des pairs et publiées dans des revues scientifiques comme il se doit. Il en va de même des recommandations des docteurs Victoria Dunckley et Nicholas Kardara, qui en plus sont des praticiens d’expérience.

En conclusion, si la télé est déjà considérée depuis des décennies par les experts comme un problème de santé publique, la multiplication des écrans laisse entrevoir une catastrophe sanitaire d’une ampleur encore insoupçonnée ; les parents doivent écouter les pédiatres qui ont sonné l’alerte ; fini les écrans à l’école !

https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/553836/la-multiplication-des-ecrans-doit-etre-freinee

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