Par Sylvain Muller, 24heures.ch, 13 octobre 2019
Vaud : Les fournisseurs d’électricité doivent installer du matériel plus performant. Les clients pourront mieux adapter leur consommation.
Le temps du monsieur ou de la dame qui passe relever les compteurs d’électricité est bientôt révolu. Suite à l’acceptation par le peuple en 2017 de la Stratégie énergétique 2050, les 640 fournisseurs d’électricité suisses doivent installer des smart meters, autrement dit des compteurs «intelligents». Pour Romande Énergie, le plus grand fournisseur du canton, ce n’est pas moins de 225'000 appareils qu’il convient de remplacer. Une tâche titanesque qui devrait s’étaler sur sept ans et demi à partir de l’été prochain, au rythme de 500 à 600 compteurs par semaine. «C’est un triple défi: humain, technique et organisationnel», constate Thierry Chollet, responsable du domaine Smart à Romande Énergie SA.
Pour le citoyen lambda, les nuisances seront moindres. Après avoir été averti par écrit, il recevra la visite d’un ou deux techniciens qui remplaceront le compteur en une demi-heure. Ce nouveau matériel lui apportera le gros avantage de pouvoir connaître en tout temps sa consommation instantanée, ainsi que sa production si sa maison est, par exemple, équipée de panneaux photovoltaïques. «L’ordonnance fédérale impose que les compteurs soient équipés d’une sortie pour cela, mais nous ne fournirons pas les appareils permettant de lire ces informations», précise toutefois le spécialiste. Autre changement, le système de facturation par acomptes sera remplacé par un système de décompte, soit tenant compte de la consommation réelle.
Du côté du fournisseur d’électricité, le grand changement sera de recevoir les données de consommation de ses clients une fois par jour, avec des mesures effectuées toutes les quinze minutes. «Cela nous permettra de nous passer de personnel sur le terrain, nous offrira une souplesse beaucoup plus grande dans la gestion du réseau et nous facilitera la tâche, notamment pour la gestion des regroupements de consommateurs», explique Thierry Chollet. Et de rappeler au passage que le cadre légal permettra d’utiliser ces données de consommation électrique uniquement pour la facturation.
En France, Enedis – filiale d’EDF (Électricité de France) – a commencé le déploiement de tels compteurs en décembre 2015. Et l’accès à ces données fait partie de diverses critiques émises par une minorité de citoyens. Si polémique il y a autour du compteur Linky, c’est qu’ils s’inquiètent aussi des conséquences sur la santé de ses ondes électromagnétiques, tout en relevant l’impact environnemental du remplacement de millions de compteurs encore fonctionnels.
Dans le canton, la procédure en est concrètement au stade de l’appel d’offres pour les appareils. Le volume à commander étant relativement restreint par rapport à l’étranger, les fournisseurs se sont parfois regroupés. Les 225'000 compteurs de Romande Énergie devraient faire partie d’un lot d’un demi-million de pièces, qui pourraient aussi être installées chez les clients d’autres distributeurs.
Transmission sans fil
Deux technologies sont disponibles. La première, transmettant les données par les fils électriques, sera privilégiée par Romande Énergie en raison de son moindre coût et de sa fiabilité. «C’est la technique que nous utilisons déjà depuis de nombreuses années, par exemple, pour la gestion à distance des chauffe-eau électriques.» La seconde, pour les cas particuliers, utilisera le réseau GPRS des natels, avec la technologie 3G ou 4G. À noter enfin que dans les lieux très isolés, comme certains refuges ou chalets d’alpage, le bon vieux compteur actuel restera en place.
Avec de tels volumes d’appareils à remplacer, la question du recyclage a aussi été étudiée. «Une partie sera gardée en réserve chez nous pour des remplacements futurs et une autre pourrait partir à l’étranger», explique le spécialiste. Le reste sera démonté et recyclé, soit par des ateliers protégés, soit par des techniques de broyage puis de tri. Le coût total de l’opération est estimé, pour Romande Énergie, à 100 millions de francs. Deux tiers de cette somme seront pris sur le budget «investissements» de la société, le tiers restant étant reporté sur les consommateurs. «Mais vu le nombre de ces derniers et la durée de l’opération, le montant ne devrait pas être trop important», rassure Thierry Chollet.
Perspectives
Vers un changement des comportements
À moyen terme et pour autant que le cadre légal évolue dans ce sens, les nouveaux compteurs dits «intelligents» ouvriront la porte à de véritables changements de comportement des consommateurs. «Nous sommes en effet en train de réfléchir à la mise en place de tarifs incitatifs, beaucoup plus différenciés», révèle Thierry Chollet, responsable du domaine Smart à Romande Énergie SA.
Le développement des énergies renouvelables, éolien et photovoltaïque en tête, va introduire des pics de production sur les réseaux. Pour les fournisseurs, il pourrait donc devenir nécessaire de pouvoir momentanément freiner la consommation ou, au contraire, «casser les prix» pour l’encourager à d’autres instants. «On peut même imaginer des systèmes qui avertiraient les clients des futures promotions», annonce le spécialiste.
Au passage, en se développant, la production renouvelable peut parfois poser des problèmes de surcharge du réseau. «Si les producteurs indépendants se multiplient, par fort vent ou journée très ensoleillée, nous pourrions voir certaines de nos installations (câbles ou transformateurs) arriver aux limites de leurs capacités physiques. Il devient donc important pour nous de pouvoir mesurer en temps réel toutes les productions et, si besoin, de pouvoir réguler la production en limitant ou en déclenchant certaines installations à distance.»
C’est aussi pour cela que plus de 2000 compteurs intelligents sont déjà en service sur le réseau Romande Énergie.
Les distributeurs d'électricité ont dix ans pour implanter les "smart meters" auprès de leurs clients. Image: Keystone/Valentin Flauraud |
Pour le citoyen lambda, les nuisances seront moindres. Après avoir été averti par écrit, il recevra la visite d’un ou deux techniciens qui remplaceront le compteur en une demi-heure. Ce nouveau matériel lui apportera le gros avantage de pouvoir connaître en tout temps sa consommation instantanée, ainsi que sa production si sa maison est, par exemple, équipée de panneaux photovoltaïques. «L’ordonnance fédérale impose que les compteurs soient équipés d’une sortie pour cela, mais nous ne fournirons pas les appareils permettant de lire ces informations», précise toutefois le spécialiste. Autre changement, le système de facturation par acomptes sera remplacé par un système de décompte, soit tenant compte de la consommation réelle.
Du côté du fournisseur d’électricité, le grand changement sera de recevoir les données de consommation de ses clients une fois par jour, avec des mesures effectuées toutes les quinze minutes. «Cela nous permettra de nous passer de personnel sur le terrain, nous offrira une souplesse beaucoup plus grande dans la gestion du réseau et nous facilitera la tâche, notamment pour la gestion des regroupements de consommateurs», explique Thierry Chollet. Et de rappeler au passage que le cadre légal permettra d’utiliser ces données de consommation électrique uniquement pour la facturation.
En France, Enedis – filiale d’EDF (Électricité de France) – a commencé le déploiement de tels compteurs en décembre 2015. Et l’accès à ces données fait partie de diverses critiques émises par une minorité de citoyens. Si polémique il y a autour du compteur Linky, c’est qu’ils s’inquiètent aussi des conséquences sur la santé de ses ondes électromagnétiques, tout en relevant l’impact environnemental du remplacement de millions de compteurs encore fonctionnels.
Dans le canton, la procédure en est concrètement au stade de l’appel d’offres pour les appareils. Le volume à commander étant relativement restreint par rapport à l’étranger, les fournisseurs se sont parfois regroupés. Les 225'000 compteurs de Romande Énergie devraient faire partie d’un lot d’un demi-million de pièces, qui pourraient aussi être installées chez les clients d’autres distributeurs.
Transmission sans fil
Deux technologies sont disponibles. La première, transmettant les données par les fils électriques, sera privilégiée par Romande Énergie en raison de son moindre coût et de sa fiabilité. «C’est la technique que nous utilisons déjà depuis de nombreuses années, par exemple, pour la gestion à distance des chauffe-eau électriques.» La seconde, pour les cas particuliers, utilisera le réseau GPRS des natels, avec la technologie 3G ou 4G. À noter enfin que dans les lieux très isolés, comme certains refuges ou chalets d’alpage, le bon vieux compteur actuel restera en place.
Avec de tels volumes d’appareils à remplacer, la question du recyclage a aussi été étudiée. «Une partie sera gardée en réserve chez nous pour des remplacements futurs et une autre pourrait partir à l’étranger», explique le spécialiste. Le reste sera démonté et recyclé, soit par des ateliers protégés, soit par des techniques de broyage puis de tri. Le coût total de l’opération est estimé, pour Romande Énergie, à 100 millions de francs. Deux tiers de cette somme seront pris sur le budget «investissements» de la société, le tiers restant étant reporté sur les consommateurs. «Mais vu le nombre de ces derniers et la durée de l’opération, le montant ne devrait pas être trop important», rassure Thierry Chollet.
Perspectives
Vers un changement des comportements
À moyen terme et pour autant que le cadre légal évolue dans ce sens, les nouveaux compteurs dits «intelligents» ouvriront la porte à de véritables changements de comportement des consommateurs. «Nous sommes en effet en train de réfléchir à la mise en place de tarifs incitatifs, beaucoup plus différenciés», révèle Thierry Chollet, responsable du domaine Smart à Romande Énergie SA.
Le développement des énergies renouvelables, éolien et photovoltaïque en tête, va introduire des pics de production sur les réseaux. Pour les fournisseurs, il pourrait donc devenir nécessaire de pouvoir momentanément freiner la consommation ou, au contraire, «casser les prix» pour l’encourager à d’autres instants. «On peut même imaginer des systèmes qui avertiraient les clients des futures promotions», annonce le spécialiste.
Au passage, en se développant, la production renouvelable peut parfois poser des problèmes de surcharge du réseau. «Si les producteurs indépendants se multiplient, par fort vent ou journée très ensoleillée, nous pourrions voir certaines de nos installations (câbles ou transformateurs) arriver aux limites de leurs capacités physiques. Il devient donc important pour nous de pouvoir mesurer en temps réel toutes les productions et, si besoin, de pouvoir réguler la production en limitant ou en déclenchant certaines installations à distance.»
C’est aussi pour cela que plus de 2000 compteurs intelligents sont déjà en service sur le réseau Romande Énergie.
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