par Jocelyn Rochat, Tribune de Genève, ABO+, 10 juin 2020
Une étude montre que ces acariens, surtout ceux qui sont infectés, réagissent aux champs électromagnétiques émis par les smartphones
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| Une tique passe 99% de sa vie à attendre une éventuelle proie. DR |
Si vous aimez vous promener, mieux vaudrait prendre l’habitude d’éteindre votre portable avant de partir en forêt. Car les tiques sont attirées par le rayonnement des smartphones. C’est, du moins, la conclusion d’une étude récente qui révèle que les champs électromagnétiques de 900 MHz affectent le comportement des Ixodes ricinus.
Cette espèce de tique est la plus répandue en Suisse, et elle est principalement connue pour transmettre la maladie de Lyme (causée par des bactéries du genre Borrelia) ainsi que de la rickettsiose (via des bactéries du genre Rickettsia), ou encore l’encéphalite à tiques.
«Cette expérience a été menée par des chercheurs de l’Est en Pologne et en Slovaquie qui travaillent encore sur ces problématiques, alors que chez nous, les tiques ne sont plus vraiment étudiées, quand bien même la maladie de Lyme est en progression dans nos régions», observe Daniel Cherix.
Le prof honoraire de l’UNIL a repéré ces travaux dans la revue très spécialisée «Ticks and Tick-borne Diseases», où ils viennent de paraître, pour les évoquer dans sa chronique de «Monsieur Jardinier».
Première auteure de l’article, Martyna Fratczak, de l’Université de Poznan, explique que l’équipe a récolté des tiques adultes sur des cadavres de lézards et d’oiseaux, pour constituer un échantillon de 160 mâles et 140 femelles de l’espèce Ixodes ricinus. Les tiques ont ensuite été placées non nourries dans l’équivalent «d’une capsule spatiale», un tube en forme de Y, dont une seule des extrémités était irradiée électromagnétiquement.
Afin d’éviter toute autre influence, le tube a été placé dans l’obscurité totale, où les tiques ont été privées de tous leurs repères olfactifs et gustatifs, à l’exception des ondes à une fréquence de 900 MHz, soit celles qu’émet la majorité des téléphones portables. Et les chercheurs ont regardé dans quelle direction se dirigeaient les petits parasites.
«L’article est bien fait, avec un bon échantillonnage, et l’expérience donne des résultats hyperclairs et étonnants», relève Daniel Cherix. Comme les tiques n’avaient que deux itinéraires à choix et qu’elles ont été 80% à s’installer dans la zone irradiée, l’expérience a montré que les acariens sont sensibles aux champs électromagnétiques, et surtout ceux qui sont porteurs de bactéries (comme Rickettsiae et Borrelia, l’agent de la maladie de Lyme ou borréliose), qui ont été bien plus attirés que les autres.
De son côté, le biologiste et spécialiste valaisan des tiques Olivier Péter n’est pas étonné:
«Les acariens sont stimulés et se révèlent sensibles aux rayonnements électroniques. Cela constituerait un facteur de plus pour mettre la tique en éveil. Nous savons que de nombreux facteurs potentiels peuvent stimuler une tique, qui passe 99% de sa vie à attendre une proie potentielle. Il y avait déjà la température, les vibrations, des odeurs comme les phéromones, le gaz carbonique exhalé par les mammifères en respirant. Cela dit, je ne suis pas sûr que ce facteur additionnel soit déterminant par rapport aux piqûres de tiques sur l’homme. Cela reste une possibilité, mais qui n’est pas démontrée par cette étude.»
Antennes répulsives
Davantage convaincu par l’expérience, Daniel Cherix recommande désormais d’éteindre son portable avant d’aller se promener dans la nature, «car les tiques semblent également sensibles aux téléphones en mode avion. Autrement, il y a l’option de se promener sous une antenne de téléphonie, puisque l’étude montre aussi que leur rayonnement, bien plus puissant que celui des téléphones, fait fuir les tiques.»
Et pour Martyna Fratczak, «c’est certainement de mauvaises nouvelles pour les personnes qui ne se séparent pas de leur téléphone, même dans la nature. Mais de bonnes nouvelles pour celles qui veulent profiter des arbres et des oiseaux dans la forêt au lieu du bruit des messages entrants.»
https://www.tdg.ch/les-tiques-sont-attirees-par-les-telephones-portables-508292219295?fbclid=IwAR1AkLVI-ZkKQyOEr3ieIj0p6rJWzbt3-W9OVxTCLi-SQ72VvdI5Iu9kBCg
Cette espèce de tique est la plus répandue en Suisse, et elle est principalement connue pour transmettre la maladie de Lyme (causée par des bactéries du genre Borrelia) ainsi que de la rickettsiose (via des bactéries du genre Rickettsia), ou encore l’encéphalite à tiques.
«Cette expérience a été menée par des chercheurs de l’Est en Pologne et en Slovaquie qui travaillent encore sur ces problématiques, alors que chez nous, les tiques ne sont plus vraiment étudiées, quand bien même la maladie de Lyme est en progression dans nos régions», observe Daniel Cherix.
Le prof honoraire de l’UNIL a repéré ces travaux dans la revue très spécialisée «Ticks and Tick-borne Diseases», où ils viennent de paraître, pour les évoquer dans sa chronique de «Monsieur Jardinier».
Première auteure de l’article, Martyna Fratczak, de l’Université de Poznan, explique que l’équipe a récolté des tiques adultes sur des cadavres de lézards et d’oiseaux, pour constituer un échantillon de 160 mâles et 140 femelles de l’espèce Ixodes ricinus. Les tiques ont ensuite été placées non nourries dans l’équivalent «d’une capsule spatiale», un tube en forme de Y, dont une seule des extrémités était irradiée électromagnétiquement.
Afin d’éviter toute autre influence, le tube a été placé dans l’obscurité totale, où les tiques ont été privées de tous leurs repères olfactifs et gustatifs, à l’exception des ondes à une fréquence de 900 MHz, soit celles qu’émet la majorité des téléphones portables. Et les chercheurs ont regardé dans quelle direction se dirigeaient les petits parasites.
«L’article est bien fait, avec un bon échantillonnage, et l’expérience donne des résultats hyperclairs et étonnants», relève Daniel Cherix. Comme les tiques n’avaient que deux itinéraires à choix et qu’elles ont été 80% à s’installer dans la zone irradiée, l’expérience a montré que les acariens sont sensibles aux champs électromagnétiques, et surtout ceux qui sont porteurs de bactéries (comme Rickettsiae et Borrelia, l’agent de la maladie de Lyme ou borréliose), qui ont été bien plus attirés que les autres.
De son côté, le biologiste et spécialiste valaisan des tiques Olivier Péter n’est pas étonné:
«Les acariens sont stimulés et se révèlent sensibles aux rayonnements électroniques. Cela constituerait un facteur de plus pour mettre la tique en éveil. Nous savons que de nombreux facteurs potentiels peuvent stimuler une tique, qui passe 99% de sa vie à attendre une proie potentielle. Il y avait déjà la température, les vibrations, des odeurs comme les phéromones, le gaz carbonique exhalé par les mammifères en respirant. Cela dit, je ne suis pas sûr que ce facteur additionnel soit déterminant par rapport aux piqûres de tiques sur l’homme. Cela reste une possibilité, mais qui n’est pas démontrée par cette étude.»
Antennes répulsives
Davantage convaincu par l’expérience, Daniel Cherix recommande désormais d’éteindre son portable avant d’aller se promener dans la nature, «car les tiques semblent également sensibles aux téléphones en mode avion. Autrement, il y a l’option de se promener sous une antenne de téléphonie, puisque l’étude montre aussi que leur rayonnement, bien plus puissant que celui des téléphones, fait fuir les tiques.»
Et pour Martyna Fratczak, «c’est certainement de mauvaises nouvelles pour les personnes qui ne se séparent pas de leur téléphone, même dans la nature. Mais de bonnes nouvelles pour celles qui veulent profiter des arbres et des oiseaux dans la forêt au lieu du bruit des messages entrants.»
https://www.tdg.ch/les-tiques-sont-attirees-par-les-telephones-portables-508292219295?fbclid=IwAR1AkLVI-ZkKQyOEr3ieIj0p6rJWzbt3-W9OVxTCLi-SQ72VvdI5Iu9kBCg
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