Mieux Prévenir

Comprendre le rapport entre la santé et l'environnement pour mieux protéger nos enfants et les générations futures.

30 mai 2012

Forum scientifique et citoyen sur la radioprotection, Genève, 12 mai 2012: réflexions personnelles

A Genève, 200 personnes ont participé au Forum scientifique et citoyen sur la radioprotection, organisé par IndependentWHO, un collectif d'individus et d'associations, soutenu par une large représentation d'ONG. L’IndependentWHO s’adresse exclusivement à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, par son alliance avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ne peut pas remplir sa mission constitutionnelle : « Agir en tant qu’autorité directrice et coordinatrice dans le domaine de la santé » et « aider à former, parmi les peuples, une opinion éclairée en ce qui concerne la santé », y compris dans le domaine de la radioprotection.  L’OMS ignore les nombreuses et importantes recherches sur les souffrances des victimes des retombées d'essais nucléaires, d'explosions de réacteurs à Tchernobyl et Fukushima et d’autres accidents nucléaires, l’utilisation d'armes à uranium appauvri ou encore de rejets radioactifs liquides et gazeux dits « normaux » dans  la filière nucléaire.

Le Forum réunissait des médecins, des chercheurs indépendants, deux membres du Parlement Européen (Paul Lannoye, membre de la Commission santé-environnement et protection des consommateurs, et Michèle Rivasi, fondatrice de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité, la CRIIRAD, qui aide les gens de Fukushima), des membres d'associations et des citoyens, donnant à chacun l’occasion de partager des connaissances et des expériences  autour des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima.  Les raisons d'organiser un tel forum n'auraient jamais dû exister.  Les catastrophes de Fukushima, Tchernobyl, Hiroshima, Nagasaki n’auraient jamais dû exister non plus.

Ce sont les enfants vivant près des centrales nucléaires qui souffrent le plus de leurs désastres. L'essentiel de la discussion était centré sur les problèmes de santé affectant les enfants et ce que les médecins, chercheurs indépendants et  citoyens essaient de faire pour alléger leurs souffrances.  Les autorités, – OMS, AIEA, gouvernements, industrie nucléaire – niant la gravité de cette réalité, c’est aux citoyens courageux et aux experts d' aider les populations, en oeuvrant pour que la vérité sur les conséquences de la contamination radioactive soit reconnue, et en plaidant pour une interdiction des réacteurs nucléaires.  C’est une technologie qui s’oppose à la santé et à la vie.

Minsk, Bélarus:  Michael et Vladimir Iariga, jumeaux de 16 ans.  Michael, atteint d'une
hydrocéphalie, a 5 minutes plus de Vladimir, qui est sourd (photo par Robert Knoth)

L’impact des catastrophes nucléaires sur la santé des enfants est en augmentation.  On est frappé par les similitudes entre les effets du rayonnement ionisant et ceux du rayonnement non ionisant émis par la technologie sans fil.  De plus en plus, les enfants des régions contaminées par Tchernobyl développent des cataractes.  Une étude suisse montre le même phénomène chez des veaux nés près d'antennes de téléphonie mobile. Les enfants et les animaux ne mentent pas sur leur santé.  Des êtres jeunes, vivant dans les régions contaminées de Tchernobyl  meurent subitement d’une crise cardiaque.  En raison de la prévalence des effets cardio-vasculaires, y compris les malformations cardiaques congénitales (30% de malformations congénitales) et l’arythmie, beaucoup d’enfants enBélarus portent des moniteurs cardiaques.  Des scénarios similaires existent dans d’autres pays :  on surveille le cœur d’enfants dans les écoles où est installé le Wi-Fi, un accès Internet sans fil. De jeunes athlètes professionnels meurent subitement d’une crise cardiaque sur les terrains de sport.  La Commission internationale de protection radiologique (CIPR) a déterminé les valeurs de rayonnement dits « sûres », basées sur le corps d’un homme de 20 ans en bonne santé.  La Commission internationale sur la radioprotection non ionisante (ICNIRP) a également déterminé les valeurs limites des émissions de la technologie sans fil  sur un modèle similaire.  On ne prend pas en compte la plus grande fragilité des fœtus et les corps plus petits des enfants.
  
La Dre Galina Bandazhevskaya, pédiatre et cardiologue, a parlé des effets sanitaires sur les 250'000 enfants qui vivent aujourd’hui dans les régions contaminées de la Russie, l'Ukraine et le Bélarus. L’irradiation interne est extrêmement dangereuse :  70% de la dose d’irradiation totale de la population est due à la consommation d’aliments contaminés.  L’impact réel de la catastrophe de Tchernobyl, il y 26 ans, sur la santé des personnes vivant dans les territoires contaminés est encore  peu connu.  Au Bélarus, le nombre d'enfants âgés de moins de 18 ans a diminué  de 35,8%  depuis l'an 2000, (2'705'860 en 2000 - 1'737'400 en 2011).  L’incidence des malformations congénitales et des maladies infantiles augmente depuis 1986 :  maladies primaires du système endocrinien et circulatoire et tumeurs.  Forte incidence des maladies cardiovasculaires chez les enfants,  presque le double entre 2004 et 2011.  En 1993, le cancer de la glande thyroïde fut la seule et unique pathologie officiellement reconnue par l'OMS comme conséquence de la radioactivité.  Les maladies et les cancers liés à la glande thyroïde continuent d’augmenter, même en Corse, malgré les  2'000 kilomètres de distance de Tchernobyl,  comme en a témoigné un médecin de cette île.

Enfant d'une école spéciale en Bélarus
Michel Fernex, probablement la seule personne représentant l’OMS (ancien consultant), professeur émérite de la Faculté de Médecine de Bâle, a parlé des dommages génétiques des populations affectées par Tchernobyl.  « Les dommages péri-génétiques, responsables de l’instabilité génomique des descendants, sont énormément plus graves que ceux des géniteurs, et ce risque s’aggrave de génération en génération. »  Il a cité des cas d'animaux, qui, 22 générations plus tard, présentent toujours de graves anomalies génétiques. Dr Fernex a également mentionné les moyens de réduire l’irradiation interne par les radionucléides incorporés, en fournissant des aliments radiologiquement propres et des chélateurs comme la pectine des algues, fruits et légumes, pour accélérer l’élimination de ces substances nocives.  

Les autorités japonaises aussi, – le gouvernement et TEPCO -  propriétaire des réacteurs de Fukushima,  minimisent  les effets sanitaires.  Elles ont accusé la population d’avoir réagi de façon excessive face à l’explosion des réacteurs. On a dit aux personnes vivant dans la région de Fukushima qu’elles pouvaient consommer et cultiver les aliments localement.  Dans un village, on a encouragé les enfants à jouer  dehors, alors que plus tard, on en a évacué tous les habitants.  Les mères ont dû insister pour qu' un bilan thyroïdien de leurs enfants soit réalisé.  Cela concernait 360'000 enfants âgés de moins de 18 ans dans la région de Fukushima. Les citoyens ont dû mettre en place eux-mêmes  des centres pour mesurer les niveaux de  contamination radioactive, informer les personnes des dangers de cette contamination, y compris comment cultiver des produits moins contaminables.  Est-ce que les habitants pourront continuer à vivre dans les régions contaminées ou devront-ils déménager ?

Un scientifique, le Dr Christopher Busby,  chimiste et physicien spécialisé dans les effets négatifs de très faibles doses de rayonnements ionisants sur la santé, a suggéré une action pour mettre fin au déni scandaleux de l’industrie nucléaire, en faisant recours devant les tribunaux de justice.   Il a aussi rappelé qu’il faut du financement pour la recherche indépendante.  La vie future de la planète dépend des personnes qui participeront à  de tellesrecherches.  Un autre présentateur, le Dr Youri Bandazhevsky, Président du Centre d’Analyse et de Coordination « Ecologie et Santé »,  a souligné que nous devrons présenter des arguments cohérents aux Parlements.  Il semble que les citoyens, les chercheurs indépendants et les médecins doivent agir eux-mêmes pour limiter la contamination radioactive et protéger les populations.

Ce qui dérange particulièrement,  c’est la poursuite de promotions pour l'énergie nucléaire et la construction de centrales dans  des pays comme les Etats-Unis et la France.  Les autorités japonaises envisagent de remettre leurs réacteurs en marche.  En Europe où se trouvent 186 réacteurs, les gouvernements nient les niveaux croissants de cancers chez les enfants vivant près des centrales  (les registres du cancer ne notent pas ce "détail"). 

Partout dans le monde on impose des technologies dangereuses, comme le nucléaire et la téléphonie sans fil.  La plupart des personnes ignorent leurs effets sanitaires, car le rayonnement est invisible.  La population n'est pas avertie de ces dangers.  Les études scientifiques et sanitaires indépendantes sont discréditées ou supprimées.  Nous commençons seulement maintenant à comprendre la synergie créée par l’exposition à toutes sortes de substances toxiques, ce qui amplifie les problèmes de santé et les dommages à l’ADN,  affectant les générations futures.  Dans un récent article, j’ai mentionné comment de jeunes personnes diabétiques auront besoin d’une dialyse et d’une transplantation à un âge toujours plus précoce.  L’espérance de vie de ces personnes sera moindre  que celle de leurs parents.  Le taux décroissant de natalité et celui croissant de mortalité, dans des pays comme le Bélarus, qui est contaminé par la radioactivité de Tchernobyl et le restera encore longtemps, est une réalité effrayante.Quel sera le sort des personnes vivant près de Fukushima dans 15-20 ans ?  Est-ce que de plus en plus de personnes mourront très jeunes d’un cancer cérébral dans 15-20 ans, suite à une utilisation excessive des téléphones mobiles ?      

La plupart de nos politiciens sont irresponsables et nos industriels avides de réaliser davantage de profits.  En fait, ces personnes sont en train de tuer leurs propres populations.  Nous aussi, nous sommes irresponsables en restant mal-informés et passifs.  Nous aussi sommes avides, en gaspillant de l’énergie et en désirant des modèles de gadgets sans fil toujours plus sophistiqués et plus récents.

Le lendemain, 13 mai, les membres du Forum, en présence de Monsieur Christian van Singer, Conseiller National au Parlement suisse,  se sont réunis  pour envisager ce qu’ils peuvent faire ensemble afin que la vérité sur les conséquences sanitaires des contaminations radioactives, engendrées par l’industrie nucléaire civile et militaire, soit établie et reconnue, et de déterminer les actions à prendre.  Voir leurs conclusions.

Le crime de la non reconnaissance et la poursuite de la contamination radioactive de l’industrie doit être reconnu et stoppé !

Meris Michaels

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