Ce que votre Smartphone ne vous dit pas
Jacques Lintermans, Docteur en sciences et André Vander Vorst,* Professeur ém. UCLouvain
*Membre fondateur de la European Microwave Association
Introduction
L’usage du Smartphone est devenu à ce point répandu, surtout dans la population jeune, qu’il est presque insolite de voir quelqu’un dans les lieux publics, les transports en commun, les café-restaurants ou les salles d’attente qui ne soit pas en communication avec un appareil.
Il ne fait plus de doute qu’une exposition intense ou prolongée à des sources émettrices d’ondes radiofréquences peut provoquer des dérèglements organiques (1).
Qu’en est-il des Smartphones ? Leurs effets sur la santé font-ils débat ?
L’usage du Smartphone est devenu à ce point répandu, surtout dans la population jeune, qu’il est presque insolite de voir quelqu’un dans les lieux publics, les transports en commun, les café-restaurants ou les salles d’attente qui ne soit pas en communication avec un appareil.
Il ne fait plus de doute qu’une exposition intense ou prolongée à des sources émettrices d’ondes radiofréquences peut provoquer des dérèglements organiques (1).
Qu’en est-il des Smartphones ? Leurs effets sur la santé font-ils débat ?
Système Immunitaire
On s’intéresse ici principalement au Thymus, cette glande située dans la partie supérieure du thorax, derrière le sternum et entre les poumons. Elle fait partie du système endocrinien et du système lymphatique. Il s’agit d’un réseau complexe de cellules et d'organes qui ont pour fonction de protéger le corps contre les infections, les maladies et les substances étrangères.
L’emplacement anatomique
du Thymus (Figure 1) le rend particulièrement exposé aux micro-ondes émises par
un Smartphone dans la position d’utilisation habituelle de celui-ci au niveau
du cou.
Il a été observé que les champs électromagnétiques (CEM) provoquent une déplétion des lymphocytes, principalement des T8 lesquels comprennent les lymphocytes cytotoxiques reconnaissant les cellules infectées par un virus, et des NK (natural killer) lymphocytes capables de tuer les cellules tumorales et les cellules infectées (2). Ces lymphocytes sont produits par le thymus et la moelle osseuse.
Système endocrinien
Chez un sujet exposé à des CEM tels qu’émis par un Smartphone, l’absorption de ceux-ci par les différentes parties du corps ne se fait ni de manière égale ni de manière uniforme.
On en déduit qu’une absorption préférentielle des CEM se fait par les yeux auquel cas ils pourraient suivre le même trajet que la lumière arrivant de la rétine jusqu’à la glande pinéale.
Ce trajet part du tractus rétino-hypothalamique (RHT) contenant des ganglions photosensibles pour aller vers le noyau suprachiasmatique (SCN) modulateur du rythme circadien, puis vers le ganglion cervical supérieur (SCG) dont l’innervation sympathique contrôle l’activité journalière, pour aboutir à la glande pinéale où a lieu la sécrétion de mélatonine (Figure 2).
Chaque étape de ce mécanisme peut éventuellement être altérée par les CEM avec pour conséquence un effet sur le métabolisme de la mélatonine. La mélatonine étant l’hormone du sommeil, le premier effet de son éventuelle dérégulation par un Smartphone serait l’insomnie.
La molécule d’eau comporte deux charges négatives portées par l’atome d’oxygène et une charge positive liée à chacun des deux atomes d’hydrogène. La différence de charge entre l’atome d’oxygène et les atomes d’hydrogène forme un dipôle (Figure 3).
Placées dans un champ électrique, les molécules d’eau vont s’orienter de façon à ce que leur moment dipolaire s’oriente dans le même sens que le champ électrique.
Si ce champ est alternatif, la molécule s’oriente alternativement dans un sens puis dans l’autre (Figure 4).
Cette oscillation des charges engendre un champ dont l’amplitude décroît à l’intérieur du milieu.
On appelle profondeur de peau la distance à laquelle ce champ se réduit à environ un tiers de sa valeur à la surface d’incidence.
Lorsqu’augmente la fréquence du champ électromagnétique appliqué, comme la polarisation par orientation des molécules d’eau a du mal à se réaliser à cause de l’inertie mécanique, le champ dû à leur oscillation diminue.
La profondeur de peau sera alors d’autant plus petite que la fréquence du champ électromagnétique appliqué est élevée.
Pour un certain niveau de fréquence les CEM ne sont plus absorbés mais leur énergie se communique sous forme de frottement entre les molécules d’eau, comme dans le cas des fours à micro-ondes, et sera dissipée sous forme de chaleur observable par une augmentation de la température cutanée.
Cette situation peut exister lorsque le Smartphone est appliqué à l’oreille où il peut engendrer des lésions externes et internes éventuelles.
DAS
La valeur de rayonnement d’un Smartphone, appelée SAR (Specific Absortion Rate) ou DAS (débit d'absorption spécifique) ou encore TAS (Taux d’Absorption Spécifique), est l'unité de mesure de la quantité d'énergie électromagnétique (ém) absorbée par le corps lors de son utilisation. Elle s’exprime en watt par kg (W/kg).
Il y a lieu de remarquer que la masse absorbante du corps humain n’est pas la totalité de la masse corporelle : elle n’en est que la partie la plus proche de la peau en raison de l’"effet de peau" qui caractérise notamment la profondeur de peau décrite supra. Contrairement aux indications habituellement fournies par les opérateurs qui établissent le DAS à partir de l’ensemble du corps humain, celui-ci devrait être déterminé seulement à partir de la masse absorbante. Ainsi, on peut calculer qu’en raison de l’effet de peau, pour un être humain pesant 65 kg avec une taille d’environ 1,70 m soumis à un rayonnement de 900 MHz (qui est approximativement la fréquence d’un Smartphone) la masse absorbante du corps est d’environ 17 kg, au lieu des 65 kg de masse corporelle : ne pas tenir compte de l’effet de peau sous-estime donc le DAS moyen d’un facteur 4 dans l’exemple choisi, ce qui n’est vraiment pas négligeable.
On ne traite que rarement du DAS du corps humain dans son entièreté par suite de la non-uniformité du corps du point de vue de l’absorption ém. Il est plus utile de traiter du DAS par 10 cm3 voire par cm3, ce qui permet de mieux prendre en considération les ennuis éventuels que l’absorption ém peut causer en des zones limitées du corps humain, telles que les environs de l’oreille par exemple.
Il faut rappeler que le DAS est proportionnel au carré du champ électrique induit dans un tissu et est inversement proportionnel au carré de la distance de la source à l’élément de tissu.
Conclusion
La nocivité ou l’innocuité éventuelle d’un Smartphone sur l’organisme de son utilisateur dépendra donc de la puissance de l’appareil et de son positionnement par rapport à son corps.
Un usage sûr des Smartphones implique que ces deux paramètres soient dûment pris en considération.
Références
(1) Belpomme D., Vander Vorst A. et al. Le Livre Noir des Ondes. Ed. Marco Pietteur(2021)
(2) Lintermans J., Electromagnetic Fields Effects on the Immune System of the Human Beings. Towards Better Health, 7 February 2020
(3) Lintermans J., Vander Vorst A. Effects of Electromagnetic Fields on Viral Infections. Towards Better Health, 20 May 2020
(4) J. Lintermans, A. Vander Vorst. Effets des champs électromagnétiques sur les infections virales. Medicatrix 22 octobre 2020
(5) Glara Fuad Hasan, Specific absorption rate for frequency range used in GSM 900 and GSM 1800 MHz, CHERNE 2018-14th Workshop on European Collaboration in Higher Education on Radiological and Nuclear Engineering and Radiation Protection
(6) Vander Vorst A. Electromagnétisme: champs et circuits. 1995 De Boeck Supérieur
Il a été montré
que cet affaiblissement du système
immunitaire sous l’effet des CEM pouvait être mis en corrélation
avec des infections virales (3) (4)
L’exposition quasi permanente chez certains sujets de leur Thymus aux micro-ondes de leur Smartphone pourrait favoriser l’apparition d’états infectieux consécutifs à un affaiblissement de leur système immunitaire.
Système endocrinien
Chez un sujet exposé à des CEM tels qu’émis par un Smartphone, l’absorption de ceux-ci par les différentes parties du corps ne se fait ni de manière égale ni de manière uniforme.
On a calculé par le logiciel MATLAB le taux d’absorption spécifique (Specific Absorption Rate, SAR) dans les yeux, le cerveau et divers tissus biologiques pour des bandes variées de fréquences de communications sans fil, en particulier à 900 et 1800 MHz (5). On trouve une absorption spécifique maximum de l’ordre de 9x106 Watt par kilog de matière dans l’œil et de 5,5x106 Watt par kilog de matière dans le cerveau. (Des valeurs aussi élevées proviennent de ce qu’il s’agit d’un calcul, ne tenant pas compte de limitations non-linéaires et portant sur des quantités de matière extrêmement petites.)
Figure 2 |
Ce trajet part du tractus rétino-hypothalamique (RHT) contenant des ganglions photosensibles pour aller vers le noyau suprachiasmatique (SCN) modulateur du rythme circadien, puis vers le ganglion cervical supérieur (SCG) dont l’innervation sympathique contrôle l’activité journalière, pour aboutir à la glande pinéale où a lieu la sécrétion de mélatonine (Figure 2).
Système Cutané (6)
Les cellules de la peau étant constituées à 70% d’eau, on peut considérer que les effets des ondes à ce niveau sont avant tout ceux qu’elles produisent sur la composante aqueuse du cytoplasme.La molécule d’eau comporte deux charges négatives portées par l’atome d’oxygène et une charge positive liée à chacun des deux atomes d’hydrogène. La différence de charge entre l’atome d’oxygène et les atomes d’hydrogène forme un dipôle (Figure 3).
Placées dans un champ électrique, les molécules d’eau vont s’orienter de façon à ce que leur moment dipolaire s’oriente dans le même sens que le champ électrique.
Si ce champ est alternatif, la molécule s’oriente alternativement dans un sens puis dans l’autre (Figure 4).
Figure 3 Figure 4
On appelle profondeur de peau la distance à laquelle ce champ se réduit à environ un tiers de sa valeur à la surface d’incidence.
Lorsqu’augmente la fréquence du champ électromagnétique appliqué, comme la polarisation par orientation des molécules d’eau a du mal à se réaliser à cause de l’inertie mécanique, le champ dû à leur oscillation diminue.
La profondeur de peau sera alors d’autant plus petite que la fréquence du champ électromagnétique appliqué est élevée.
Pour un certain niveau de fréquence les CEM ne sont plus absorbés mais leur énergie se communique sous forme de frottement entre les molécules d’eau, comme dans le cas des fours à micro-ondes, et sera dissipée sous forme de chaleur observable par une augmentation de la température cutanée.
Cette situation peut exister lorsque le Smartphone est appliqué à l’oreille où il peut engendrer des lésions externes et internes éventuelles.
La valeur de rayonnement d’un Smartphone, appelée SAR (Specific Absortion Rate) ou DAS (débit d'absorption spécifique) ou encore TAS (Taux d’Absorption Spécifique), est l'unité de mesure de la quantité d'énergie électromagnétique (ém) absorbée par le corps lors de son utilisation. Elle s’exprime en watt par kg (W/kg).
Il y a lieu de remarquer que la masse absorbante du corps humain n’est pas la totalité de la masse corporelle : elle n’en est que la partie la plus proche de la peau en raison de l’"effet de peau" qui caractérise notamment la profondeur de peau décrite supra. Contrairement aux indications habituellement fournies par les opérateurs qui établissent le DAS à partir de l’ensemble du corps humain, celui-ci devrait être déterminé seulement à partir de la masse absorbante. Ainsi, on peut calculer qu’en raison de l’effet de peau, pour un être humain pesant 65 kg avec une taille d’environ 1,70 m soumis à un rayonnement de 900 MHz (qui est approximativement la fréquence d’un Smartphone) la masse absorbante du corps est d’environ 17 kg, au lieu des 65 kg de masse corporelle : ne pas tenir compte de l’effet de peau sous-estime donc le DAS moyen d’un facteur 4 dans l’exemple choisi, ce qui n’est vraiment pas négligeable.
On ne traite que rarement du DAS du corps humain dans son entièreté par suite de la non-uniformité du corps du point de vue de l’absorption ém. Il est plus utile de traiter du DAS par 10 cm3 voire par cm3, ce qui permet de mieux prendre en considération les ennuis éventuels que l’absorption ém peut causer en des zones limitées du corps humain, telles que les environs de l’oreille par exemple.
Il faut rappeler que le DAS est proportionnel au carré du champ électrique induit dans un tissu et est inversement proportionnel au carré de la distance de la source à l’élément de tissu.
Conclusion
La nocivité ou l’innocuité éventuelle d’un Smartphone sur l’organisme de son utilisateur dépendra donc de la puissance de l’appareil et de son positionnement par rapport à son corps.
Un usage sûr des Smartphones implique que ces deux paramètres soient dûment pris en considération.
(1) Belpomme D., Vander Vorst A. et al. Le Livre Noir des Ondes. Ed. Marco Pietteur(2021)
(2) Lintermans J., Electromagnetic Fields Effects on the Immune System of the Human Beings. Towards Better Health, 7 February 2020
(3) Lintermans J., Vander Vorst A. Effects of Electromagnetic Fields on Viral Infections. Towards Better Health, 20 May 2020
(4) J. Lintermans, A. Vander Vorst. Effets des champs électromagnétiques sur les infections virales. Medicatrix 22 octobre 2020
(5) Glara Fuad Hasan, Specific absorption rate for frequency range used in GSM 900 and GSM 1800 MHz, CHERNE 2018-14th Workshop on European Collaboration in Higher Education on Radiological and Nuclear Engineering and Radiation Protection
(6) Vander Vorst A. Electromagnétisme: champs et circuits. 1995 De Boeck Supérieur
Figure 1 : Emplacement anatomique du Thymus ; Figure 2 : Trajet des CEM de la rétine jusqu’à la glande pinéale ; Figure 3 : Modèle dipolaire de la molécule d’eau ; Figure 4 : Molécules d’eau oscillant au passage des micro-ondes
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