Le Président de la France, François Hollande, "n'a rien promis d'autre que la fermeture de la centrale de Fessenheim". |
Divergence sur le luxe du nucléaire
Editorial par Olivier Bot, Responsable rubrique Monde, Tribune de Genève, 28 août 2012
Quand Arnaud Montebourg, le ministre français du Redressement productif, dit que «le nucléaire est une filière d’avenir», il dit la vérité. L’Agence internationale de l’énergie atomique a évalué à plus de 100% la progression de son usage sur la planète d’ici à 2030, essentiellement en Inde et en Chine. Quand il justifie le choix du nucléaire en parlant d’une «énergie pas trop chère», le ministre français ment.
L’électricité n’est certes pas chère en France. Mais parce qu’elle n’intègre pas tous les coûts de cette filière. Le coût de production du kilowatt atomique devrait logiquement intégrer le prix grandissant de la sécurité, celui du retraitement des déchets, ou encore du démantèlement des centrales nucléaires devenues obsolètes voire dangereuses. Il devrait aussi prendre en compte les surcoûts de construction des dernières innovations très controversées que sont le réacteur nouvelle génération de Flamanville ou le centre de recherche Iter à Cadarache.
Mais en France, le lobby constitué autour d’EDF et d’Areva est un Etat dans l’Etat, comme on a pu le dire du complexe militaro-industriel aux Etats-Unis ou dans l’ex-URSS. Bref, le nucléaire est un luxe, même si cela rapporte à la France qui exporte son savoir-faire un peu partout.
Dans le débat qui agite toute l’Europe sur cette énergie depuis les accidents de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima l’an dernier, plusieurs pays dont la Belgique, l’Allemagne et la Suisse, se sont engagés dans la courageuse voie de la sortie, après l’Autriche, l’Italie et le Danemark. Pour beaucoup, c’est un luxe que seuls des pays riches peuvent se payer.
Le nouveau président français a promis de réduire «la part de l’électricité nucléaire en France de 75% à 50% à l’horizon 2025». Les antinucléaires d’Europe-Ecologie-Les Verts qui participent au gouvernement Ayrault commencent à douter de la sincérité de cet objectif. Ils ont raison. Le ministre de la réindustrialisation a complété ses propos hier: le nucléaire, c’est 500 000 emplois en France.
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