Hommage à Maher Choura, décédé le 19 février 2015
caova.ch, 19 mars 2015
[Regarder aussi ce reportage du 25 janvier 2015: L'amiante , une épée de Damoclès - En Suisse, l'amiante a déjà provoqué plus de 1700 décès. Les personnes exposées à ce matériau interdit en 1989 vivent avec une véritable épée de Damoclès sur la tête: il faut souvent attendre des décennies pour que la maladie se déclare.]
Maher Choura, gravement atteint dans sa santé par
une maladie spécifique de l'amiante dès octobre 2013, a pris
contact avec CAOVA en novembre 2014.
Il avait appris l'existence de notre Comité d'aide aux
victimes de l'amiante suite à une émission de la TSR sur le jugement
à Rome du responsable de milliers de travailleurs
italiens exposés à l'amiante, Stephan Schmidheiny.
Maher ne travaillait pas dans une usine d'amiante, sur
des chantiers où il est mise en œuvre, ni dans une entreprise
de désamiantage. C'est dans l'une des imprimeries où plusieurs
imprimeries "pourries", comme il disait, où il travaillait
depuis 20 ans qu'il a été empoisonné, comme plusieurs
membres de CAOVA décédés comme lui de mésothéliome,
le "cancer de l'amiante".
Voici le témoignage de Maher Choura :
«Je souffre d’un mésothéliome épithélial pleural malin. Et une fois que ça se
déclare, c’est trop tard.
Quand on m'a annoncé que j'avais un mésothéliome, j'ai cru que ça devait
être une grippe. Je ne savais même pas ce qu'était ce mésothéliome, un joli nom
comme ça ! Eh bien, je me suis dit: c'est une bronchite, alors que c'est la plus grave
des maladies. Voilà ce qu'est le mésothéliome, un cancer malin. Ici les gens ne s'en
rendent pas compte. Le mésothéliome, ils ne savent pas ce que c'est. Il n'y a aucune
sensibilisation des gens sur l'amiante. C'est comme à l'époque de l'anthrax,
c'est la même chose. Il fallait dire aux gens: méfiez-vous avec ces trucs-là, n'y touchez
pas, faites attention là où vous habitez, en cas de doute, appelez des spécialistes!
Mes premiers symptômes étaient des lancées dans le dos, sous l’omoplate et
des difficultés à respirer pendant deux heures. J’étais aux urgences, ils ont tout regardé,
mais n’ont rien vu! Et depuis, j’ai vécu quelque temps avec ces douleurs.
Mon généraliste me faisait des massages, mais quand on a de la peine à respirer ,
on panique. J’ai souffert longtemps parce que ce médecin n’a même pas osé me
faire une radio ou m’envoyer faire un scanner à la clinique Cécile.
Il m’a laissé traîner pendant une année dans une souffrance pire que celles
que je supporte maintenant. Alors après coup, quand on a pu en parler, je me suis
fâché avec lui et il était désolé. Il n'a pas fait son boulot.
En Suisse, il n'y a rien, aucune recherche. Le CHUV, a du personnel très gentil,
très très gentil, très doux, c’est humain. Mais il n’y a pas de recherche. Le CHUV, a du personnel très gentil,
très très gentil, très doux, c’est humain. Mais il n’y a pas de recherche sur cette
maladie. Quand vous parlez de mésothéliome, on vous dit que cela n’existe pas,
on sourit et on vous dit que cela n’existe pas! Au CHUV, c’est comme ça, on vous
fait le protocole, la chimio, on suit la démarche et pour chaque cancer c’est comme
ça. Chaque genre de cancer a sa cellule et chaque cellule a son médicament!
Guérir de cette maladie, c’est impossible, paraît-il. C’est la maladie la pire,
mais cette maladie ne fait pas peur de la mort. C'est parce qu'on la voit chaque jour,
la mort. T'as le souffle coupé, t'as ci, t'as ça, la nuit tu transpires. Des fois tout va
bien, puis tu sens que ça revient, la douleur.
La mort, c’est comme pour les motards, ils voient la mort chaque jour, moi
aussi, mais et je n'ai pas peur de la mort!»
http://caova.ch/wp-content/uploads/2015/03/interv-m-choura.pdf
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