Electrosensibles, ils se protègent
par Sylvia Freda, L'Impartial,
27 juillet 2015
par Sylvia Freda, L'Impartial,
27 juillet 2015
Godeliève et Léonard Richard en ont bavé.
Même si les appareils sans fil sont éminemment pratiques et liés à la notion de liberté, le wifi et les téléphones portables, dès lors qu'ils sont à leur proximité, Léonard et Godeliève Richard, frère et soeur domiciliés aux Ponts-de-Martel, en souffrent. Et pas qu'un peu. Ils ne pâtissent pas que de petits vertiges anodins et de légers bobos de rien du tout. "C'était bien pire à un moment! A un certain stade, j'ai carrément cru devenir folle, car je n'arrivais même plus à réfléchir" , raconte Godeliève. "J'étais constamment étourdie comme dans un bateau, j'avais des picotements dans les doigts et les orteils, de la difficulté à bouger les membres, des maux de tête, des problèmes de concentration. Toujours fatiguée, agitée, je ne dormais pas."
Longtemps, après un moment passé sur son ordinateur, Léonard Richard, bardé de formations professionnelles et, entre autres, ingénieur civil, "a saigné régulièrement du nez. Les ondes électromagnétiques me déprimaient gravement, baissaient mes énergies, au point que je n'avais plus envie de rien, mon énergie mesurée à l'aide d'un appareil était proche de l'état de la mort". Aussi bien Godeliève que Léonard possèdent un appareil pour mesurer les fréquences autour d'eux, et fuir celles qui leur nuisent.
Longtemps, Godeliève a cherché l'origine de ses symptômes. Pendant deux ans et demi. Jusqu'à ce qu'enfin, elle puisse poser un diagnostic sur ce mal. "J'ai compris que j'étais électrosensible, il y a trois ans, grâce à une kinésiologue, elle-même électrosensible. J'avais remarqué que j'allais mieux dehors, dans la nature, loin de tout électrosmog, mais sans faire le lien avec cette absence de smog électromagnétique."
Elle raconte comment, chez la mère de son mari, à Boston, elle a été victime d'étours. "J'ai même vomi. A l'hôpital, on a pensé que j'avais contracté un virus. Je suis passée de médecin en spécialiste. En remarquant sur moi le regard suspicieux de ceux qui me soupesaient des yeux comme un cas psychiatrique..."
La plus grande libération, elle l'a éprouvée en Argovie, à la clinique Paracelsus, spécialisée dans la médecine bio-intégrative. Elle en a appris l'existence en lisant un ouvrage que lui avait conseillé la kinésiologue qui l'avait mise sur la piste d'une très probable électrosensibilité. "Un contrôle médical a confirmé ma sensibilité à l'électrosmog, ce qui a été un réel soulagement pour moi. Finalement, un professionnel reconnaissait mon mal. Le médecin m'a recommandé une entreprise suisse fabriquant des biotuners, sortes de boîtiers à placer sur un courant électrique, afin de désactiver les informations nocives de l'électrosmog présentes dans la maison."
Une fois celui-ci installé chez elle, les changements ont été immédiats. "Fini les étourdissements, j'ai enfin pu à nouveau dormir tranquillement et profondément!"
"Encore un tabou!"
Avec son mari et son enfant, elle vit loin du village, sans wifi. Sur la porte, une pancarte invite les visiteurs à mettre leur portable sur le mode avion. "J'utilise le téléphone filaire sur réseau fixe avec le haut-parleur. Sinon le combiné sur les oreilles me donne rapidement mal à la tête."
Avec son époux, elle s'occupe d'une petite compagnie de théâtre, le Piti Théâtre Company. Ensemble, ils ont monté la pièce "Innocenzo", qui sera présentée en septembre, à l'ABC, à La Chaux-de-Fonds. "Elle montre les répercussions que la pollution électromagnétique peut avoir sur la santé."
Depuis que Godeliève a réalisé que les ondes la rendent malade, ce qui, au quotidien, rend sa vie hors de chez elle difficile, voire presque impossible, elle a rencontré pas mal de personnes dites EHS (électrohypersensibles). "Elles ne savent souvent pas où et comment vivre. Je pense que la société a le devoir de les aider. Elles ont le droit à la vie, la santé et le respect, comme tout le monde."
Godeliève ne parle pas à tout le monde facilement de cette hypersensibilité, tellement le sujet est encore tabou. "Briser le silence aidera à une prise de conscience générale sur cette problématique, que je ne suis pas la seule à subir!"
Chez lui, Léonard a aussi tout changé pour vivre bien. Et recourt également à un biotuner. En repensant à son enfance, et aux bancs d'école, il se rappelle que, chaque jeudi, après le cours d'informatique, il entrait à la maison avec de la fièvre. "Systématiquement! Un truc de fou! Et c'est en pratiquant quelques autres flash-back sur mon existence, que j'ai compris mon électrohypersensibilité et pris des mesures, dont l'une a été de changer de métier!"
A PRENDRE PLUS AU SERIEUX
La doctoresse Nathalie Calame, qui consulte notamment au Centre prévention santé de Colombier, est l'une des rares médecins romandes à faire partie de l'association suisse des Médecins en faveur de l'environnement, basée à Bâle. "En tant que médecin FMH et homéopathe depuis longtemps, je prends acte des effets de l'environnement sur mes patients. Que j'écoute très attentivement quand ils me parlent de leurs symptômes, et c'est ainsi que j'ai compris que nombreux sont les problèmes liés à l'électrohypersensibilité."
Dans les milieux médicaux, selon elle, prend-on au sérieux cette affection? "Pas encore assez. La raison est qu'on n'a pas appris aux médecins à en reconnaître les signes et on ne l'enseigne pas aux jeunes qui arrivent dans le métier. Ce syndrome est récent. Du coup, on pense que les gens qui se disent électrohypersensibles fabulent, somatisent, etc. Ce sont plutôt des chercheurs indépendants, comme le professeur Belpomme, à Paris, qui peut, grâce à un scanner spécial, objectiver les problèmes de ces patients et les soigner. Des grandes universités, des associations et des groupements de patients s'y sont mis aussi. Donc ça bouge, mais pas suffisamment, du côté de la médecine officielle."
"JE SORS, CAGOULE"
L'ingénieur Sosthène Berger (photo SP) a vécu à La Chaux-de-Fonds avant de s'installer à La Neuveville. "J'ai commencé à souffrir d'électrosensibilité en 2011. Avec des insomnies et des maux de tête chroniques, des palpitations cardiaques, ainsi que des évanouissements sporadiques. Mes plaquettes sanguines étaient en chute libre. Tous ces symptômes ont été reconnus par la médecine traditionnelle. Formée dans la médecine environnementale, la doctoresse Nathalie Calame (réd: lire encadré ci-dessus) m'a rédigé plusieurs certificats médicaux."
Ses proches et lui vivent en mode survie, en se protégeant tant que possible. "Nous avons traversé plusieurs crises. A la place d'aller au ciné, on a un projecteur à la maison. Au lieu d'aller au resto, on organise des pique-niques dans des endroits variés. Mais on préférerait que les autorités fassent leur boulot et que la population soit protégée de cette nocivité."Quand il sort, Sosthène Berger porte une cagoule, "en un tissu qui fait cage de Faraday. A l'intérieur, de l'autre côté de la cagoule, je suis passablement protégé."
Il connaît une quarantaine de personnes électrohypersensibles avec lesquelles il organise des rencontres chez lui, "car, pour moi, c'est vraiment difficile de supporter de me rendre à l'extérieur et d'aller n'importe où. Tout est électromagnétiquement si pollué! Faire venir les gens à la maison, c'est l'occasion de leur montrer comment, chez soi, on procède pour se prémunir des champs électromagnétiques de basse fréquence du réseau d'alimentation électrique, par exemple".
Par SYLVIA FREDA
http://www.arcinfo.ch/fr/regions/montagnes-neuchateloises/electrosensibles-ils-se-protegent-558-1492078
Même si les appareils sans fil sont éminemment pratiques et liés à la notion de liberté, le wifi et les téléphones portables, dès lors qu'ils sont à leur proximité, Léonard et Godeliève Richard, frère et soeur domiciliés aux Ponts-de-Martel, en souffrent. Et pas qu'un peu. Ils ne pâtissent pas que de petits vertiges anodins et de légers bobos de rien du tout. "C'était bien pire à un moment! A un certain stade, j'ai carrément cru devenir folle, car je n'arrivais même plus à réfléchir" , raconte Godeliève. "J'étais constamment étourdie comme dans un bateau, j'avais des picotements dans les doigts et les orteils, de la difficulté à bouger les membres, des maux de tête, des problèmes de concentration. Toujours fatiguée, agitée, je ne dormais pas."
Longtemps, après un moment passé sur son ordinateur, Léonard Richard, bardé de formations professionnelles et, entre autres, ingénieur civil, "a saigné régulièrement du nez. Les ondes électromagnétiques me déprimaient gravement, baissaient mes énergies, au point que je n'avais plus envie de rien, mon énergie mesurée à l'aide d'un appareil était proche de l'état de la mort". Aussi bien Godeliève que Léonard possèdent un appareil pour mesurer les fréquences autour d'eux, et fuir celles qui leur nuisent.
Longtemps, Godeliève a cherché l'origine de ses symptômes. Pendant deux ans et demi. Jusqu'à ce qu'enfin, elle puisse poser un diagnostic sur ce mal. "J'ai compris que j'étais électrosensible, il y a trois ans, grâce à une kinésiologue, elle-même électrosensible. J'avais remarqué que j'allais mieux dehors, dans la nature, loin de tout électrosmog, mais sans faire le lien avec cette absence de smog électromagnétique."
Elle raconte comment, chez la mère de son mari, à Boston, elle a été victime d'étours. "J'ai même vomi. A l'hôpital, on a pensé que j'avais contracté un virus. Je suis passée de médecin en spécialiste. En remarquant sur moi le regard suspicieux de ceux qui me soupesaient des yeux comme un cas psychiatrique..."
La plus grande libération, elle l'a éprouvée en Argovie, à la clinique Paracelsus, spécialisée dans la médecine bio-intégrative. Elle en a appris l'existence en lisant un ouvrage que lui avait conseillé la kinésiologue qui l'avait mise sur la piste d'une très probable électrosensibilité. "Un contrôle médical a confirmé ma sensibilité à l'électrosmog, ce qui a été un réel soulagement pour moi. Finalement, un professionnel reconnaissait mon mal. Le médecin m'a recommandé une entreprise suisse fabriquant des biotuners, sortes de boîtiers à placer sur un courant électrique, afin de désactiver les informations nocives de l'électrosmog présentes dans la maison."
Une fois celui-ci installé chez elle, les changements ont été immédiats. "Fini les étourdissements, j'ai enfin pu à nouveau dormir tranquillement et profondément!"
"Encore un tabou!"
Avec son mari et son enfant, elle vit loin du village, sans wifi. Sur la porte, une pancarte invite les visiteurs à mettre leur portable sur le mode avion. "J'utilise le téléphone filaire sur réseau fixe avec le haut-parleur. Sinon le combiné sur les oreilles me donne rapidement mal à la tête."
Avec son époux, elle s'occupe d'une petite compagnie de théâtre, le Piti Théâtre Company. Ensemble, ils ont monté la pièce "Innocenzo", qui sera présentée en septembre, à l'ABC, à La Chaux-de-Fonds. "Elle montre les répercussions que la pollution électromagnétique peut avoir sur la santé."
Depuis que Godeliève a réalisé que les ondes la rendent malade, ce qui, au quotidien, rend sa vie hors de chez elle difficile, voire presque impossible, elle a rencontré pas mal de personnes dites EHS (électrohypersensibles). "Elles ne savent souvent pas où et comment vivre. Je pense que la société a le devoir de les aider. Elles ont le droit à la vie, la santé et le respect, comme tout le monde."
Godeliève ne parle pas à tout le monde facilement de cette hypersensibilité, tellement le sujet est encore tabou. "Briser le silence aidera à une prise de conscience générale sur cette problématique, que je ne suis pas la seule à subir!"
Chez lui, Léonard a aussi tout changé pour vivre bien. Et recourt également à un biotuner. En repensant à son enfance, et aux bancs d'école, il se rappelle que, chaque jeudi, après le cours d'informatique, il entrait à la maison avec de la fièvre. "Systématiquement! Un truc de fou! Et c'est en pratiquant quelques autres flash-back sur mon existence, que j'ai compris mon électrohypersensibilité et pris des mesures, dont l'une a été de changer de métier!"
A PRENDRE PLUS AU SERIEUX
La doctoresse Nathalie Calame, qui consulte notamment au Centre prévention santé de Colombier, est l'une des rares médecins romandes à faire partie de l'association suisse des Médecins en faveur de l'environnement, basée à Bâle. "En tant que médecin FMH et homéopathe depuis longtemps, je prends acte des effets de l'environnement sur mes patients. Que j'écoute très attentivement quand ils me parlent de leurs symptômes, et c'est ainsi que j'ai compris que nombreux sont les problèmes liés à l'électrohypersensibilité."
Dans les milieux médicaux, selon elle, prend-on au sérieux cette affection? "Pas encore assez. La raison est qu'on n'a pas appris aux médecins à en reconnaître les signes et on ne l'enseigne pas aux jeunes qui arrivent dans le métier. Ce syndrome est récent. Du coup, on pense que les gens qui se disent électrohypersensibles fabulent, somatisent, etc. Ce sont plutôt des chercheurs indépendants, comme le professeur Belpomme, à Paris, qui peut, grâce à un scanner spécial, objectiver les problèmes de ces patients et les soigner. Des grandes universités, des associations et des groupements de patients s'y sont mis aussi. Donc ça bouge, mais pas suffisamment, du côté de la médecine officielle."
"JE SORS, CAGOULE"
L'ingénieur Sosthène Berger (photo SP) a vécu à La Chaux-de-Fonds avant de s'installer à La Neuveville. "J'ai commencé à souffrir d'électrosensibilité en 2011. Avec des insomnies et des maux de tête chroniques, des palpitations cardiaques, ainsi que des évanouissements sporadiques. Mes plaquettes sanguines étaient en chute libre. Tous ces symptômes ont été reconnus par la médecine traditionnelle. Formée dans la médecine environnementale, la doctoresse Nathalie Calame (réd: lire encadré ci-dessus) m'a rédigé plusieurs certificats médicaux."
Ses proches et lui vivent en mode survie, en se protégeant tant que possible. "Nous avons traversé plusieurs crises. A la place d'aller au ciné, on a un projecteur à la maison. Au lieu d'aller au resto, on organise des pique-niques dans des endroits variés. Mais on préférerait que les autorités fassent leur boulot et que la population soit protégée de cette nocivité."Quand il sort, Sosthène Berger porte une cagoule, "en un tissu qui fait cage de Faraday. A l'intérieur, de l'autre côté de la cagoule, je suis passablement protégé."
Il connaît une quarantaine de personnes électrohypersensibles avec lesquelles il organise des rencontres chez lui, "car, pour moi, c'est vraiment difficile de supporter de me rendre à l'extérieur et d'aller n'importe où. Tout est électromagnétiquement si pollué! Faire venir les gens à la maison, c'est l'occasion de leur montrer comment, chez soi, on procède pour se prémunir des champs électromagnétiques de basse fréquence du réseau d'alimentation électrique, par exemple".
Par SYLVIA FREDA
http://www.arcinfo.ch/fr/regions/montagnes-neuchateloises/electrosensibles-ils-se-protegent-558-1492078
Bonjour, peut on en savoir un peu plus sur le "biotuner" ?
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerLes biotuners sont fabriqués par une compagnie qui s'appelle Swiss Harmony: http://ch-fr.swissharmony.ch/