"Ce petit village de 2300 habitants sera touché de plein fouet par le tracé de la nouvelle installation. L’école sera surplombée de quelques dizaines de mètres par un des futurs pylônes... 'On a l’impression d’être des rats de laboratoire. Imaginez la catastrophe si deux ou trois cas de leucémie se déclaraient dans notre école!'... En 2008, l’Office fédéral de l’environnement a présenté une évaluation dont les conclusions sont alarmantes. Troubles du comportement, de la capacité d’apprentissage et du système hormonal. Risque accru de leucémie chez l’enfant. La liste est longue et elle est encore complétée par une autre étude de la Fondation suisse de recherche sur l’électricité et la communication mobile. Selon celle-ci, les champs électromagnétiques pourraient également être cancérigènes et constituer un facteur accélérant la maladie d’Alzheimer. 'Nous allons organiser une conférence en septembre avec deux médecins pour permettre à la population d’être informée sur l’impact de ces lignes, précise Nadine Arlettaz. Les gens doivent savoir.' "
Voir cet excellent reportage de la RTS - CLIQUEZ SUR "HAUTE TENSION" - du 13 septembre 2015: "De la friture sous la ligne : Ils se battent contre la nouvelle autoroute électrique qui traversera leur village sur d’immenses pylônes. Les habitants de Grône en Valais s'opposent au géant Swissgrid, pour qui le temps presse."
Malgré les sourires, la colère gronde. Ils ont tous tenu à être sur la photo, samedi 8 août, pour afficher leur détermination. Les enfants, les parents, de Grône de de Chalais, l'autre village concerné
par le problème d'une ligne à très haute tension qui devrait passer à l'endroit même où ils posent.
En arrière-plan, les deux commune mobilisées contre le projet de Swissgrid. Didier Martinet
Grône, un village sous très haute tension
par Maxime Fayet, illustre.ch, 12 août 2015
Les habitants de Grône (VS) ne décolèrent pas. Inquiets pour leur santé, ils se révoltent contre la ligne à très haute tension Chamoson-Chippis qui doit passer au-dessus de leur village. Le projet est bloqué. Swissgrid tente d’apaiser les esprits. Pas gagné.
La grogne monte et elle n’est pas près de s’arrêter. A Grône (VS), dans la cour de l’école, ils étaient plus de cinquante à vouloir manifester leur mé-contentement. Parents, enfants, autorités communales, retraités, membres d’une association ou simples sympathisants. C’est tout un village qui s’oppose à la construction de la ligne à très haute tension Chamoson-Chippis. Ils se sont donné rendez-vous pour figurer sur la photo de L’illustré car, pour eux, l’heure est grave: 77 pylônes pour une trentaine de câbles, voilà ce qui attend toute une région si l’enfouissement de la ligne n’est pas privilégié. Des tours en acier, les plus grandes du pays, s’élèveront à 70 mètres ou même 100 mètres de hauteur et pourraient défigurer toute la rive gauche du Valais central. «C’est une honte, s’exclame Gérard Gillioz, président de l’association Sauvegardons le coteau valaisan (ASCV). Cette ligne pourrait bien tuer l’économie touristique de toute la région.»
Des «rats de laboratoire»
par Maxime Fayet, illustre.ch, 12 août 2015
Les habitants de Grône (VS) ne décolèrent pas. Inquiets pour leur santé, ils se révoltent contre la ligne à très haute tension Chamoson-Chippis qui doit passer au-dessus de leur village. Le projet est bloqué. Swissgrid tente d’apaiser les esprits. Pas gagné.
La grogne monte et elle n’est pas près de s’arrêter. A Grône (VS), dans la cour de l’école, ils étaient plus de cinquante à vouloir manifester leur mé-contentement. Parents, enfants, autorités communales, retraités, membres d’une association ou simples sympathisants. C’est tout un village qui s’oppose à la construction de la ligne à très haute tension Chamoson-Chippis. Ils se sont donné rendez-vous pour figurer sur la photo de L’illustré car, pour eux, l’heure est grave: 77 pylônes pour une trentaine de câbles, voilà ce qui attend toute une région si l’enfouissement de la ligne n’est pas privilégié. Des tours en acier, les plus grandes du pays, s’élèveront à 70 mètres ou même 100 mètres de hauteur et pourraient défigurer toute la rive gauche du Valais central. «C’est une honte, s’exclame Gérard Gillioz, président de l’association Sauvegardons le coteau valaisan (ASCV). Cette ligne pourrait bien tuer l’économie touristique de toute la région.»
Des «rats de laboratoire»
En janvier 2015, lorsque l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) donne son feu vert à la création de la ligne aérienne à très haute tension Chamoson-Chippis, c’est la soupe à la grimace dans le camp des opposants. A Grône, l’incompréhension règne. Ce petit village de 2300 habitants sera touché de plein fouet par le tracé de la nouvelle installation. L’école, surplombée de quelques dizaines de mètres par un des futurs pylônes, est au centre de toutes les inquiétudes. «Nous avons peur pour nos enfants, s’émeut Nadine Arlettaz, membre et fondatrice du groupement Protégeons nos enfants des lignes THT. Nous avons toujours cru que la ligne allait être enterrée avec le nouveau projet. Et l’école ne figure même pas sur les plans validés. C’est incompréhensible.»
Depuis le début de l’année, Nadine Arlettaz tente de faire bouger les choses. Dissimulée derrière ses petites lunettes, cette jeune mère de famille à la voix douce cache bien son jeu. Elle ne compte pas se laisser faire et a créé son groupe, conjointement avec quatre autres mères du village. Ensemble, elles lancent des pétitions et multiplient les courriers à l’Office fédéral de l’énergie. «En mettant le nez dans différentes études détaillant le risque de ces lignes à haute tension, j’ai passé plusieurs nuits blanches», avoue cette infirmière dont la fillette de 5 ans s’apprête à intégrer le centre scolaire de Grône. «Nous ne sommes pas contre la ligne mais pour son enfouissement, milite Marcel Bayard, président de la commune. On a l’impression d’être des rats de laboratoire. Imaginez la catastrophe si deux ou trois cas de leucémie se déclaraient dans notre école!»
Un risque de leucémie
Depuis le début de l’année, Nadine Arlettaz tente de faire bouger les choses. Dissimulée derrière ses petites lunettes, cette jeune mère de famille à la voix douce cache bien son jeu. Elle ne compte pas se laisser faire et a créé son groupe, conjointement avec quatre autres mères du village. Ensemble, elles lancent des pétitions et multiplient les courriers à l’Office fédéral de l’énergie. «En mettant le nez dans différentes études détaillant le risque de ces lignes à haute tension, j’ai passé plusieurs nuits blanches», avoue cette infirmière dont la fillette de 5 ans s’apprête à intégrer le centre scolaire de Grône. «Nous ne sommes pas contre la ligne mais pour son enfouissement, milite Marcel Bayard, président de la commune. On a l’impression d’être des rats de laboratoire. Imaginez la catastrophe si deux ou trois cas de leucémie se déclaraient dans notre école!»
Un risque de leucémie
Et les habitants de Grône ont peut-être raison de se faire quelques cheveux blancs. De nombreuses études ont démontré les effets néfastes des champs magnétiques à basse fréquence provoqués par ces lignes à haute tension. En 2008, l’Office fédéral de l’environnement a présenté une évaluation dont les conclusions sont alarmantes. Troubles du comportement, de la capacité d’apprentissage et du système hormonal. Risque accru de leucémie chez l’enfant. La liste est longue et elle est encore complétée par une autre étude de la Fondation suisse de recherche sur l’électricité et la communication mobile. Selon celle-ci, les champs électromagnétiques pourraient également être cancérigènes et constituer un facteur accélérant la maladie d’Alzheimer. «Nous allons organiser une conférence en septembre avec deux médecins pour permettre à la population d’être informée sur l’impact de ces lignes, précise Nadine Arlettaz. Les gens doivent savoir.»
De son côté, Swissgrid se défend. Les risques existent, mais la société électrique affirme que les normes seront respectées et les contrôles fréquents, tout en précisant que le bâtiment scolaire et les habitations se situent à une distance réglementaire du tracé des lignes à haute tension. Pas suffisant pour apaiser la grogne. «Rien n’a été clairement défini du tout, s’insurge Sylvie Nanchen, membre du groupement Protégeons nos enfants des lignes THT. Avec le nouveau projet, le poids des câbles a augmenté. La distance entre leur courbe et le sol va donc diminuer, mais sans nouvelle mise à l’enquête.»
C’est que Swissgrid n’en est pas à sa première version du projet. En 2010, l’OFEN délivre au propriétaire du réseau une première approbation des plans. Débouté par le Tribunal administratif fédéral, le géant de l’électricité est obligé de revoir sa copie. Le diamètre du câblage sera augmenté afin de réduire les nuisances sonores. De la poudre aux yeux pour le président de la commune de Grône: «Ce n’est pas que pour le bruit! Ces conducteurs permettront également de doubler le courant maximal défini par l’OFEN.» Conscient des inquiétudes formulées par les habitants, Swissgrid tente de rassurer la population. Il serait techniquement impossible d’augmenter l’ampérage à 4500 ou 5700 au lieu des 2230 ampères prévus, comme le craint l’opposition. «Les réponses de l’OFEN et de Swissgrid ne nous ont pas satisfaits, poursuit Marcel Bayard. Ce qui n’est pas possible aujourd’hui le sera demain.»
Une autoroute électrique
De son côté, Swissgrid se défend. Les risques existent, mais la société électrique affirme que les normes seront respectées et les contrôles fréquents, tout en précisant que le bâtiment scolaire et les habitations se situent à une distance réglementaire du tracé des lignes à haute tension. Pas suffisant pour apaiser la grogne. «Rien n’a été clairement défini du tout, s’insurge Sylvie Nanchen, membre du groupement Protégeons nos enfants des lignes THT. Avec le nouveau projet, le poids des câbles a augmenté. La distance entre leur courbe et le sol va donc diminuer, mais sans nouvelle mise à l’enquête.»
C’est que Swissgrid n’en est pas à sa première version du projet. En 2010, l’OFEN délivre au propriétaire du réseau une première approbation des plans. Débouté par le Tribunal administratif fédéral, le géant de l’électricité est obligé de revoir sa copie. Le diamètre du câblage sera augmenté afin de réduire les nuisances sonores. De la poudre aux yeux pour le président de la commune de Grône: «Ce n’est pas que pour le bruit! Ces conducteurs permettront également de doubler le courant maximal défini par l’OFEN.» Conscient des inquiétudes formulées par les habitants, Swissgrid tente de rassurer la population. Il serait techniquement impossible d’augmenter l’ampérage à 4500 ou 5700 au lieu des 2230 ampères prévus, comme le craint l’opposition. «Les réponses de l’OFEN et de Swissgrid ne nous ont pas satisfaits, poursuit Marcel Bayard. Ce qui n’est pas possible aujourd’hui le sera demain.»
Une autoroute électrique
Avant l’approbation des nouveaux plans en début d’année, le Tribunal fédéral avait rejeté en mai 2013, les derniers recours existants tout en rappelant l’urgence de construire cette ligne. C’était compter sans la ténacité de l’opposition, sous la houlette de son fer de lance, Jacques Philippoz. Depuis 1986, l’avocat valaisan fait de la lutte contre les pylônes une obsession. «Avec Philippoz, nous sommes tous des passionnés et nous gagnerons grâce à ça», s’exclame Gérard Gillioz. En mai 2015, le camp de l’opposition obtenait ainsi un nouvel effet suspensif qui a bloqué l’avancée du projet. «Depuis le temps, la situation d’urgence n’existe plus, s’impatiente le président de l’ASCV. Il faut qu’ils arrêtent leur cirque!»
Même son de cloche dans le village voisin de Chalais. Alain Zappellaz, propriétaire de la ferme agrotouristique L’Arche des Crétillons, a rejoint le camp des opposants en 2008. «Des câbles passeront à 30 mètres de notre ferme et un pylône sera construit à 50 mètres.» Un paradoxe absolu pour cet amoureux de la nature qui promeut le calme et l’authenticité des lieux aux familles de toute une région. En 2006, quand il décide avec sa femme de construire sa ferme, cet ingénieur agronome ne se rend pas compte de l’ampleur du futur ouvrage électrique: «Nous avons été naïfs.» Pensant qu’il s’agissait d’une petite ligne, Alain Zappellaz avait bon espoir de la faire déplacer. Plus tard, il s’est rendu compte que ce projet était pharaonique. «J’ai eu peur. Je ne pensais pas que c’était une autoroute électrique.» Depuis sept ans, il milite au sein de l’ASCV pour faire enfouir cette ligne. «On n’imagine pas nos touristes reçus par ces lignes.» Comme tant d’autres, il ne comprend pas pourquoi la solution souterraine n’est pas envisagée. «On a l’impression que ce dossier date de tellement longtemps que l’objectif de Swissgrid est de nous avoir à l’usure. Mais il est tout à fait possible d’enfouir la ligne à des coûts raisonnables.»
L’exemple de Riniken
Même son de cloche dans le village voisin de Chalais. Alain Zappellaz, propriétaire de la ferme agrotouristique L’Arche des Crétillons, a rejoint le camp des opposants en 2008. «Des câbles passeront à 30 mètres de notre ferme et un pylône sera construit à 50 mètres.» Un paradoxe absolu pour cet amoureux de la nature qui promeut le calme et l’authenticité des lieux aux familles de toute une région. En 2006, quand il décide avec sa femme de construire sa ferme, cet ingénieur agronome ne se rend pas compte de l’ampleur du futur ouvrage électrique: «Nous avons été naïfs.» Pensant qu’il s’agissait d’une petite ligne, Alain Zappellaz avait bon espoir de la faire déplacer. Plus tard, il s’est rendu compte que ce projet était pharaonique. «J’ai eu peur. Je ne pensais pas que c’était une autoroute électrique.» Depuis sept ans, il milite au sein de l’ASCV pour faire enfouir cette ligne. «On n’imagine pas nos touristes reçus par ces lignes.» Comme tant d’autres, il ne comprend pas pourquoi la solution souterraine n’est pas envisagée. «On a l’impression que ce dossier date de tellement longtemps que l’objectif de Swissgrid est de nous avoir à l’usure. Mais il est tout à fait possible d’enfouir la ligne à des coûts raisonnables.»
L’exemple de Riniken
En 2011, le Tribunal fédéral avait provoqué un petit électrochoc en donnant raison aux habitants de Riniken. Dans cette commune argovienne, un kilomètre de ligne à haute tension sera enterré. Un exemple pour les opposants. Pourquoi ne pas l’appliquer à la ligne Chamoson-Chippis? Trop cher et trop de contraintes techniques pour un aussi long tracé, argumente Swissgrid. «Ce n’est même pas une question de budget, déplore Marcel Bayard. On a juste l’impression qu’ils n’ont pas envie de refaire toute la procédure.»
La ligne, qui doit passer à flanc de coteau à travers notamment les villages de Grône et de Chalais, permettra de transporter toute la future production électrique de la centrale de Nant de Drance. Swissgrid invoque l’argument de l’intérêt national pour justifier l’urgence du projet. Mais il faudra encore attendre la décision du Tribunal administratif fédéral pour connaître la suite de cette lutte. A Grône, Marcel Bayard se montre confiant. «Une urgence ne peut pas primer sur la santé des citoyens. Il faut trouver d’autres solutions. Avec ce nouveau recours, j’espère que Swissgrid va commencer à comprendre l’impact qu’aurait cette ligne sur les enfants, sur le paysage et sur l’ensemble du Valais central.»
«Nous effectuerons des mesures en toute transparence»
Yves Zumwald, directeur opérations réseau chez Swissgrid
Que répondez-vous aux craintes des habitants?
Nous comprenons les craintes des habitants du village de Grône et tenons à les rassurer: nous effectuerons des mesures sur la future ligne de manière régulière et en toute transparence dans le but de les rassurer.
Les bâtiments scolaires sont-ils en sécurité?
Les bâtiments du cycle d’orientation de Grône se trouvent à 101 mètres de l’axe de la future ligne, bien en deçà de la limite légale du 1 microtesla (ndlr: unité de mesure des champs magnétiques générés où du courant électrique circule. En Suisse, 1 microtesla correspond à la valeur admissible dans une zone habitable, ou dite sensible, comme une école). Et la mesure de 0,3 microtesla se situe à plus de 30 mètres du bâtiment le plus proche.
L’ampérage des lignes va-t-il augmenter?
La ligne Chamoson-Chippis n’est qu’un élément dans la continuité de Romanel-sur-Lausanne à Chippis. Les différents appareillages dans les postes de Chamoson et de Chippis limiteront l’ampérage et une surcharge engendrerait automatiquement un déclenchement. C’est comme brancher un robinet à un petit tuyau d’arrosage suivi d’un grand tuyau, lui-même suivi d’un autre petit tuyau: on ne fera pas passer davantage d’eau parce qu’on a mis un grand tuyau au milieu du système d’arrosage.
http://www.illustre.ch/illustre/article/grone-un-village-sous-tres-haute-tension
«Nous effectuerons des mesures en toute transparence»
Yves Zumwald, directeur opérations réseau chez Swissgrid
Que répondez-vous aux craintes des habitants?
Nous comprenons les craintes des habitants du village de Grône et tenons à les rassurer: nous effectuerons des mesures sur la future ligne de manière régulière et en toute transparence dans le but de les rassurer.
Les bâtiments scolaires sont-ils en sécurité?
Les bâtiments du cycle d’orientation de Grône se trouvent à 101 mètres de l’axe de la future ligne, bien en deçà de la limite légale du 1 microtesla (ndlr: unité de mesure des champs magnétiques générés où du courant électrique circule. En Suisse, 1 microtesla correspond à la valeur admissible dans une zone habitable, ou dite sensible, comme une école). Et la mesure de 0,3 microtesla se situe à plus de 30 mètres du bâtiment le plus proche.
L’ampérage des lignes va-t-il augmenter?
La ligne Chamoson-Chippis n’est qu’un élément dans la continuité de Romanel-sur-Lausanne à Chippis. Les différents appareillages dans les postes de Chamoson et de Chippis limiteront l’ampérage et une surcharge engendrerait automatiquement un déclenchement. C’est comme brancher un robinet à un petit tuyau d’arrosage suivi d’un grand tuyau, lui-même suivi d’un autre petit tuyau: on ne fera pas passer davantage d’eau parce qu’on a mis un grand tuyau au milieu du système d’arrosage.
http://www.illustre.ch/illustre/article/grone-un-village-sous-tres-haute-tension
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