par Malaurie KRALL/NG, ouest-france.fr, 29 oct 2021
(Photo) : A cause de son électrosensibilité, Hervé Hadmar ne peut pas vivre à proximité d'un compteur Linky. Photo d'illustration - Archives Ouest France
Hervé Hadmar est un homme en colère. Réalisateur et scénariste français, cet habitant de Luzarches (Val-d’Oise) souffre d’électrosensibilité depuis deux ans. Il lui est impossible de vivre à proximité d’un compteur Linky. Le 27 septembre dernier, il a déposé plainte contre Enedis pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « non assistance à personne en danger ». Dans l’attente de trouver un accord avec le fournisseur, il se remémore l’origine de son « calvaire ».
L’homme de 58 ans et son épouse Nathalie étaient alors installés à Douains, un petit village de l’Eure. « J’ai commencé à avoir plusieurs symptômes : nausées, vertiges, maux de tête. J’avais aussi de terribles acouphènes et des sensations de brûlures sur le corps et le visage. » Rapidement, il associe ces troubles aux deux compteurs Linky posés à son domicile deux semaines auparavant.
« Je ne pouvais plus vivre chez moi »
« Je n’arrivais plus à dormir ni à rien faire. Je ne pouvais plus vivre chez moi », poursuit-il. Hervé Hadmar se renseigne et consulte plusieurs médecins. Le verdict est unanime : il est électrosensible et allergique au CPL, le courant porteur en ligne que diffuse le compteur « dans l’ensemble de la maison et même s’il est installé à l’extérieur ». Certificats médicaux à l’appui, le couple alerte aussitôt Enedis.
« Ils ont refusé catégoriquement ma demande de changement de compteur et m’ont dit que le Linky était aux normes. C’était vrai mais ça ne changeait en rien ma situation. » Impossible pour lui d’attendre car les troubles s’amplifient avec notamment des pertes de connaissance. Lui et son épouse décident de changer eux-mêmes leur Linky et d’installer un compteur mécanique. Hervé Hadmar assure avoir prévenu Enedis de cette opération.
Il déménage dans une maison isolée
Afin de se « préserver » du CPL, le réalisateur entreprend un « tas de travaux ». Il investit plus de 20 000 €. Sa santé ne s’améliore pas et il prend la décision de vendre sa maison et de s’installer dans un gîte isolé pendant six mois. « Au même moment, Enedis a porté plainte contre nous pour suspicion de fraude à la suite du changement de compteur. Mais nous avons toujours payé nos factures, notre seul objectif était que je puisse vivre chez moi. » La gendarmerie enquête et classe l’affaire sans suite, selon Hervé Hadmar.
En novembre 2020, le couple s’installe dans une nouvelle maison à Luzarches. « Elle est très isolée, au milieu de la forêt. Notre premier voisin se trouve à 400 mètres. » Seul bémol : un compteur Linky y est installé. Le réalisateur contacte Enedis Île-de-France Ouest et leur demande de retirer le compteur. « Nous n’avons pas eu de réponse à nos courriers. Donc à nouveau, nous avons pris la décision de changer le compteur. »
« Le dialogue reste ouvert »
Le couple entreprend également d'« importants travaux » toujours dans le but d’empêcher les résidus de CPL d’atteindre le quinquagénaire. « Il n’y a eu aucune réaction de la part d’Enedis pendant dix mois. » Le 22 septembre dernier, deux agents de la société et un huissier viennent constater le changement de compteur à son domicile. Mais aujourd’hui, la situation est toujours au point mort. Hervé Madmar a donc déposé plainte contre Enedis.
« Nous n’avons connaissance d’aucune plainte portée […] par ce client », affirme de son côté l’entreprise. Si le fournisseur assure que « le dialogue reste ouvert », il regrette toutefois que le quinquagénaire « ait changé le compteur de son propre chef ce qui représente un risque électrique ». Une opération qui doit être réalisée par des techniciens « qualifiés et habilités ».
Une situation « inadmissible », selon son avocat
L’avocat du couple, Maître Thomas Louette, nous a indiqué avoir récemment envoyé un « courrier d’apaisement à Enedis ». Il met en demeure la société de « poser un compteur ancienne génération », d’empêcher tous résidus de CPL dans l’installation par « tout moyen technique » et d'« éloigner le concentrateur qui se trouve à environ 100 mètres du domicile » d’Hervé Hadmar.
« La situation est inadmissible. Cela dure depuis des mois alors que c’est la santé de mon client qui est en jeu, ajoute l’avocat du barreau d’Amiens. Nous pouvons prouver, qu’en l’absence de compteur Linky, mon client va mieux. Il faut donc agir. »
Une maladie très peu connue en France
Aujourd’hui, le quinquagénaire est suivi par une spécialiste de l’électrosensibilité et prend « un lourd traitement ».S’il raconte son combat dans la presse, notamment dans les colonnes du Parisien, c’est avant tout pour alerter sur cette maladie très peu connue en France. « Elle a été reconnue officiellement par l’Organisation mondiale de la santé en 2016. L’OMS estime qu’entre 8 et 13 % de la population en est victime à des degrés divers. » Un état de fait encore controversé dans la communauté scientifique.
Le réalisateur regrette d’ailleurs le manque d’études françaises sur le sujet. « On a beaucoup de questions mais aucune réponse. Il faut que cela devienne un sujet majeur. » Hervé Hadmar espère une prise de conscience. « Les compteurs Linky ne peuvent pas être obligatoires chez les personnes qui souffrent d’électrosensibilité et c’est pour ça que je me bats aujourd’hui. Je ne suis pas conspirationniste. »
https://www.ouest-france.fr/ile-de-france/luzarches-95270/compteur-linky-electrosensible-il-vit-un-calvaire-depuis-deux-ans-et-porte-plainte-contre-enedis-7490265
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