Suisse : Swisscom démonte une antenne 5G installée sans autorisation

Swisscom démonte une antenne 5G installée sans autorisation

par Sebastien Jubin, Tribune de Genève, 4 septembre 2022

À Bevaix (NE), Swisscom a dû démonter une antenne 5G installée avant la fin de la procédure légale. Témoignage et réactions.

(Photo) : C’était le dernier vendredi du mois d’août à Bevaix (NE). L’opérateur Swisscom était sommé de démonter une antenne, car un recours était encore pendant. DR

C’est l’histoire d’une antenne 5G appartenant à Swisscom. Dans le village neuchâtelois de Bevaix, fin août, des ouvriers, au moyen d’une grue, démontent et descendent les anciens émetteurs de cette antenne de téléphonie mobile et installent de nouveaux émetteurs 5G adaptatifs sur le mât. C’est là que le bât blesse et que Rosalie* entre en jeu.

Cette quinquagénaire, habitante de Bevaix depuis plus de dix ans, suspecte que quelque chose de louche est en train de se dérouler sous ses yeux. Elle vit près de l’antenne et ne peut qu’apercevoir les travaux. Est-ce de la maintenance? Autre chose? Elle prend plusieurs photos.

«Je suis vraiment montée au créneau. Il s’agit d’être attentif et réactif, car les nouvelles antennes 5G adaptatives sont d’aspect identique, allongées. Mais, de près, on peut voir qu’elles sont en deux parties.»

Recours en cours

Face à ce premier constat, Rosalie est persuadée qu’elle a pris l’opérateur en flagrant délit. Il faut savoir qu’en 2021, un recours contre cette modification d’antenne a été déposé au service juridique du Conseil d’État de Neuchâtel. À ce jour, aucune décision juridique n’a été rendue à la suite de cette opposition. «Cette procédure est toujours en cours et les droits de recours sont loin d’être épuisés», ajoute l’opposante.

Le lendemain matin, la citoyenne se rend directement au Service de l’aménagement du territoire de sa commune, La Grande Béroche. Les autorités sont informées des manœuvres en cours sur l’antenne. «Grâce aux photos prises avant, pendant et après, explique Rosalie, la Commune a pu valider l’information et agir rapidement. J’en suis ravie.»

La Grande Béroche prend immédiatement contact avec les installateurs et Swisscom, et exige que l’installation soit démontée le plus vite possible, soit le lendemain. L’ordre est respecté, et les anciens émetteurs sont réinstallés dans les vingt-quatre heures. La Commune, par le biais de son Service de l’urbanisme, réagit: «Nous trouvons dommage que cet incident ait eu lieu. Toutefois, l’entreprise a agi dans les délais impartis pour rectifier le problème.»

Swisscom reconnaît l’erreur

Parole à la défense. Comment Swisscom répond-il de ses agissements? Selon sa porte-parole Alicia Richon, «Swisscom a commis une erreur dans le cas présent, effectivement. Nous le reconnaissons. Heureusement, le nécessaire a depuis été fait.»

Pour Chantal Blanc, présidente du collectif Stop 5G Glâne, cela ne suffit pas. «Le plus souvent, ce n’est pas très clair pour les habitants, car une antenne est extrêmement complexe au niveau technique. C’est compliqué d’avoir quelqu’un de lucide qui observe, prend des photographies et empoigne le problème. Et, sans preuve, c’était la parole de l’opposante contre celle de Swisscom. Dans ce cas précis, l’opérateur a été pris la main dans le sac.»

La hargne est palpable: «C’est révoltant. Pourquoi font-ils ça en douce? Ce qui est incroyable, c’est la banalisation des oppositions. On agit comme si ce droit citoyen n’existait pas, souligne-t-elle. Et que dire d’une antenne au milieu de nulle part? Elle peut être modifiée à l’abri des regards.»

Tensions à Berne

Des licences pour la 5G ont été accordées par la Confédération à trois opérateurs en février 2019. Le déploiement de cette technologie se heurte à une importante résistance citoyenne. La pression monte et les sept associations anti-5G sont particulièrement remontées en ce début de mois de septembre. Elles ont même distribué une brochure aux parlementaires fédéraux.

Il faut préciser que, ce lundi, à Berne, une motion libérale-radicale sera traitée par la Commission des télécommunications et des transports du Conseil des États. Le texte veut permettre, en Suisse, d’augmenter les valeurs limites pour la téléphonie mobile, «l’objectif étant que les opérateurs déploient à l’échelle nationale un réseau 5G de grande qualité, à des coûts aussi bas que possible, d’ici à 2024». En juin dernier, cette motion a déjà été approuvée par le Conseil national, par 97 voix contre 76 et 18 abstentions.

*Identité connue de la rédaction

Sébastien Jubin est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2018. Il couvre l'actualité fédérale, réalise des reportages, en particulier dans la partie nord du pays. Auparavant, il a travaillé à la RTS dans plusieurs cantons romands ainsi qu'à Radio Fréquence Jura.

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