by Florent Quiquerez, tdg.ch, 28 novembre 2024
Pour 78% de la population, TikTok, Facebook ou Instagram ne devraient pas être accessibles avant 16 ans. Le dossier s’invite dans la Berne fédérale.
Pour protéger les enfants, faut-il un âge limite pour les réseaux sociaux?
KEYSTONE
En bref:
- Un sondage montre que 78% des Suisses veulent un âge minimum pour les réseaux.
- Le Conseil fédéral privilégie, lui, la prévention plutôt qu’une réglementation stricte.
- Le débat ne fait toutefois que commencer. À Berne, certains veulent un rapport sur cette question.
TikTok, Facebook ou Instagram, les réseaux sociaux sont devenus indispensables dans notre société. Mais pour l’écrasante majorité des Suisses, les enfants devraient en être préservés. Selon un sondage Tamedia (éditeur de ce contenu), 78% des personnes interrogées aimeraient un âge minimum légal pour leur utilisation: 16 ans.
Instaurer un âge minimum séduit tant les jeunes que les ainés
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L’idée n’est pas nouvelle. L’Australie réfléchit actuellement à instaurer une telle limite. Ce qui surprend toutefois, c’est le niveau d’approbation qu’elle recueille en Suisse. Que l’on compare les sexes, les âges, les catégories socioprofessionnelles ou les régions du pays, partout l’instauration d’un âge minimum recueille plus de trois quarts d’opinions favorables. À deux exceptions près: au PLR, le soutien n’est «que» de 72%; chez les 18-34 ans, c’est 74%.
Au Palais fédéral, instaurer un âge limite fait aussi l’objet de discussions. Il faut dire qu’en mars de cette année, Addiction Suisse publiait une étude qui montrait que huit garçons sur dix et neuf filles sur dix âgés de 15 ans allaient tous les jours sur les réseaux sociaux. Et qu’une minorité non négligeable en faisait un «usage problématique». En Suisse, cela concernait, en 2022, 10% des filles et 4% des garçons. Des chiffres en hausse par rapport aux derniers relevés de 2018.
Lors de la dernière session du parlement en septembre, Alex Farinelli (PLR/TI) interpellait d’ailleurs le Conseil fédéral à ce sujet lors de l’heure des questions, rappelant que les médias sociaux sont un sujet controversé. «S’ils ont permis d’explorer de nouvelles possibilités de communication et d’interaction, ils posent également un certain nombre de questions, notamment en ce qui concerne leurs effets sur les plus jeunes. Les médias sociaux sont aussi analysés, contrôlés et réglementés sous l’angle des addictions.» Et le Tessinois de demander au Conseil fédéral s’il estime envisageable d’instaurer un âge minimal.
Agir sur la prévention
Dans sa réponse, le Département fédéral de l’intérieur (DFI) ne semble pas très chaud à l’idée d’intervenir. Les services d’Elisabeth Baume-Schneider rappellent que «de nombreux médias sociaux définissent un âge minimum d’utilisation dans leurs conditions d’utilisation. Par exemple, pour s’inscrire sur Facebook, TikTok ou Instagram, il faut avoir au moins 13 ans. Dans le cas contraire, les comptes peuvent être supprimés.»
Et d’ajouter que «la plateforme nationale Jeunes et médias de l’Office fédéral des assurances sociales met à disposition des informations et des conseils à l’attention des parents et des professionnels pour les aider à accompagner les enfants et les jeunes dans une utilisation des médias sociaux adaptée à leur âge, sûre et responsable».
Le DFI ajoute que la loi fédérale sur la protection des mineurs dans les secteurs du film et du jeu vidéo, qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2025, introduit un système de contrôle de l’âge pour les films et les jeux vidéo. «Le Conseil fédéral estime en l’état que le travail de prévention et de sensibilisation est plus efficace qu’une réglementation étendue concernant un âge minimum d’accès aux réseaux sociaux.» Mais il assure continuer à suivre avec intérêt l’évolution des réglementations dans d’autres pays.
Les résultats sans appel de ce sondage doivent-ils pousser les autorités à agir? Pour Alex Farinelli, il faut bien peser le pour et le contre. «Ce qui est sûr, c’est que la thématique est bien présente. Car aux problèmes d’addiction s’ajoutent aussi ceux liés au harcèlement. Ce qui est sûr aussi, c’est que c’est à la Confédération d’agir et non aux cantons. Cela étant dit, l’instauration d’un âge légal est-elle la meilleure solution ou est-ce qu’elle se heurtera à des problèmes pratiques? Je ne le sais pas.» Le Tessinois envisage un postulat, afin de faire un rapport sur ces interrogations.
https://www.tdg.ch/les-suisses-exigent-un-age-minimum-pour-les-reseaux-sociaux-849441231403
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