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12 mai 2025

Suisse : L’électrohypersensibilité - un mal ignoré

L’électrohypersensibilité - un mal ignoré - Traduction DeepL
par Pascal Sigg, Die Wochenzeitung, 11 mai 2025

Kathrin Luginbühl est l'une des nombreuses personnes en Suisse qui souffrent depuis des années de symptômes qu'elles attribuent aux rayonnements électromagnétiques - notamment à la téléphonie mobile et au WLAN. Bien que ses troubles soient graves - tachycardie, maux de tête lancinants, manque de sommeil massif - sa souffrance n'est pas reconnue comme une maladie par les instances officielles. La recherche scientifique refuse jusqu'à présent de les classer clairement, bien qu'il existe depuis des décennies des indices d'effets biologiques bien inférieurs aux valeurs limites en vigueur.

Hadlikon était pour Luginbühl un lieu de retraite, un « réduit de rayonnement », comme l'appelle l'article de l'hebdomadaire - un lieu rare avec une exposition relativement faible à la téléphonie mobile. Mais avec la construction d'une nouvelle antenne de téléphonie mobile, elle a également perdu ce dernier refuge. Quatre fois auparavant, elle avait déjà dû abandonner son lieu de résidence à cause de nouvelles antennes. Les tribunaux ont rejeté ses recours - au motif que l'exposition aux rayonnements était inférieure aux valeurs limites fixées à titre préventif. Le fait que Luginbühl tombe gravement malade en dessous de ces valeurs est ignoré.

Malgré cela, la science officielle fait preuve de retenue - en Suisse également. L'Office fédéral de l'environnement (OFEV), responsable de la radioprotection, s'appuie sur des valeurs limites qui s'orientent presque exclusivement sur l'effet thermique du rayonnement. Les effets non thermiques - tels qu'ils sont observés chez les électrohypersensibles - ne sont pas pris en compte. Du point de vue des personnes concernées, la soi-disant précaution exigée par la loi sur la protection de l'environnement n'est respectée que sur le papier.

Kathrin Luginbühl se bat depuis des décennies - pas seulement pour elle, mais pour de nombreuses autres personnes qui souffrent de symptômes similaires, mais qui ne sont pas entendues. Elle a formulé d'innombrables oppositions, s'est défendue juridiquement, a consulté des médecins, a rassemblé des études et a documenté minutieusement son histoire de santé. Malgré cela, la voie juridique lui a été refusée - jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme, qui a rejeté sa plainte en raison d'une prétendue absence de preuve scientifique de la nocivité des rayonnements.

Entre-temps, d'autres - comme le physicien médical allemand Lebrecht von Klitzing - mènent avec succès des recherches sur des méthodes permettant de mesurer l'exposition physiologique aux champs électromagnétiques. Mais ni l'Allemagne ni la Suisse n'examinent sérieusement ses approches ou ne les poursuivent. Même le nouveau service médical spécialisé MedNIS en Suisse, censé aider les personnes concernées comme Luginbühl, est plutôt vécu par ces dernières comme une mesure d'apaisement que comme une véritable aide.

Ce que nous pensons de ce cas

L'histoire de Kathrin Luginbühl est exemplaire de la souffrance de nombreuses personnes électrohypersensibles en Suisse. Bien que ses symptômes soient documentés depuis des décennies et qu'elle réagisse massivement en dessous des valeurs limites en vigueur, son sort est largement ignoré par la politique, la justice et les autorités. L'association « Protection contre les rayonnements » critique depuis des années ce refus systématique d'un débat scientifique et politique sérieux sur le thème de l'électrohypersensibilité.

Il est incompréhensible que dans un pays où le principe de précaution est ancré dans la loi, les personnes concernées n'aient droit à une protection que lorsque la nocivité a été prouvée sans aucun doute. C'est précisément dans le cas d'une technologie comme la téléphonie mobile, dont les effets à long terme ne sont toujours pas définitivement élucidés, que la protection de la population particulièrement sensible devrait avoir la plus haute priorité.

L'association demande donc :
- La reconnaissance officielle de l'électrohypersensibilité comme un problème de santé lié à l'environnement, à l'instar d'autres maladies environnementales.
- Une recherche indépendante et interdisciplinaire qui étudie individuellement les effets physiologiques des rayonnements.
- Des zones exemptes de rayonnement pour les personnes particulièrement sensibles.
- Un examen du rôle de l'OFEV et des éventuels conflits d'intérêts dans la pratique réglementaire.

Tant que les autorités et les tribunaux s'appuieront unilatéralement sur des définitions de valeurs limites douteuses et ignoreront la recherche indépendante, les personnes comme Kathrin Luginbühl n'auront d'autre choix que de se retirer - de la société, de leur pays, et finalement d'un isolement toujours plus profond. Cela ne doit pas être le cas dans une société démocratique et soucieuse des autres.

Source : Die Wochenzeitung / Pascal Sigg

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