J’aimerais signaler un livre très intéressant sur les
maladies mentales aux Etats-Unis, “Anatomy of an Epidemic” de Robert
Whitaker (2010), car c’est un problème qui touche de nombreux autres pays,
surtout en Occident. Ce livre est disponible en anglais.
Voici quelques statistiques pour la France (2010) : une
personne sur 5 est touchée par une maladie mentale, soit 18,8% de la
population. Ces maladies coûtent 107 milliards d’euros par an, soit un
tiers des dépenses de l’état : 20 milliards d’euros sont des
dépenses directes (santé et médico-social) et 87 milliards d’euros indirectes
(arrêts de travail, perte de qualité de vie). Un séjour hospitalier sur
quatre a une durée supérieure à un an. Près de 100 000
professionnels, dont 13 000 psychiatres, prennent en charge 12 millions de
patients par an. La maladie maniaco-dépressive (troubles bipolaires)
touche 650 000 français et les schizophrénies, 635 000. (Réf :
Fondation fondaMental – Dossier de Presse – janvier 2010.) Selon l’OMS
(Organisation mondiale de la santé – janvier 2011), la dépression touche 3
millions personnes en France.
L’auteur de ce livre explore de nombreuses études concernant
les résultats de traitements des maladies mentales avant et après le
développement de la psychopharmacologie dans les années 1950’s et 1960’s.
Ces résultats donnent la preuve d’une épidémie de maladies mentales créée par
l'utilisation des
psychotropes prescrits.
Whitaker analyse les études sur les principales maladies
mentales: schizophrénie, anxiété, dépression, trouble bipolaire. Ces
études démontrent que dans le cas du traitement par les psychotropes :
1) avant le développement de ces médicaments, la santé mentale d’une
large majorité des patients diagnostiqués avec ces maladies s’améliorait et ces patients restaient en bonne santé sans
médicaments; 2) à court terme, un traitement par les
psychotropes peut être efficace. Cependant, la prise de ces
médicaments à long terme aggrave une maladie mentale, ce qui amène une rechute
et souvent, une invalidité à vie.
Bien que l'industrie pharmaceutique veuille nous le faire
croire, Il n’y a aucune preuve convaincante que la maladie mentale soit le
résultat d’un déséquilibre chimique à l’intérieur du cerveau. Les
origines biologiques de ces maladies sont inconnues. Les psychotropes
agissent au niveau des connexions synaptiques qui se manifestent comme un
comportement anormal, et soit, aggravent la maladie, soit créent de
nouvelles maladies. La prise des psychotropes à long terme altère le
cerveau de telle façon que cela provoque un fonctionnement
anormal et parfois une détérioration à vie. Même à court terme, la
prise de ces médicaments peut être nocive. Les antidépresseurs peuvent
déclencher des épisodes maniaques qui caractérisent le trouble bipolaire.
Ceux qui prennent les psychotropes sur
une longue durée deviennent plus malades que ceux qui n'en n’ont
jamais reçu. Le sevrage d’un tel traitement peut créer une souffrance
terrible et aggrave l’état de santé.
Les interviews de l’auteur avec les patients souffrant de
maladies mentales sont particulièrement dérangeantes. A un enfant
d'une dizaine d'années, on a prescrit un psychotrope parce qu'il
faisait pipi au lit. L’enfant, devenu invalide, a eu un traitement de 11
médicaments différents en 13 jours à l’hôpital.
Tout un chapitre se rapporte à la prescription des
psychotropes aux enfants. La profession psychiatrique constate :
« Pendant les 30 dernières années, on a appris à diagnostiquer chez des enfants, des maladies du
cerveau qu’on n’avait pas
remarquées avant, et à les soigner avec les psychotropes qui en font des
adultes normaux. »
Voici ce que Whitaker dit concernant les « maladies
mentales » des enfants :
Trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité
(TDAH) : Dans les années 1960’s, on ne prescrivait les psychotropes
qu'aux enfants hospitalisés à cause des risques d’effets secondaires.
En 1980, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux a reconnu
le TDAH comme maladie mentale. Aujourd’hui, cette maladie est
« diagnostiquée » principalement par les enseignants qui se plaignent
de l’indiscipline des enfants. Aux Etats-Unis, 3,5 millions d’enfants entre
4 et 17 ans prennent les médicaments pour le TDAH, c'est-à-dire, un enfant
sur 23. On a dit que ces médicaments améliorent le comportement
des enfants d’un point de vue social, mais ces enfants disent qu’ils sont moins
heureux et souffrent d'une faible estime d'eux-mêmes. Ces
médicaments rendent un enfant solitaire et déprimé. Ils n’améliorent pas
ses performances scolaires mais le rendent seulement plus
gérable. Il n’y a pas d’amélioration à long terme. Le comportement se détériore
rapidement quand l’enfant cesse le traitement. Le ritaline et
d’autres médicaments qui traitent le TDAH peuvent induire de nombreux effets
secondaires physiques, émotionnels et psychologiques. On a observé que
les enfants qui les prennent sont moins grands et pèsent moins.
Dépression:
Quand on a introduit le Prozac et d’autres médicaments similaires (ISRSs -
inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine) sur le marché à la fin des
années 1980 aux Etats-Unis, , un enfant sur 250, âgé de moins
de 19 ans prenait déjà un antidépresseur. Au passé,
on considérait les changements d’humeur comme une caractéristique naturelle de
la jeunesse. Les antidépresseurs n’étaient pas plus efficaces que les placebos pour les
enfants. Aujourd’hui, un enfant sur 40 est traité pour
dépression. Ces médicaments peuvent augmenter le risque de suicide,
aggravent les symptômes émotionnels, cognitifs et comportementaux et, après des
années de consommation, peuvent aussi induire une dépression chronique.
Trouble bipolaire: De 1995 à 2003, les cas des
troubles bipolaires se sont multipliés par 40. Auparavant,
l’apparition initiale du trouble bipolaire chez l’enfant avait lieu entre 15 et
19 ans, et plus souvent, vers 20 ans, mais jamais chez l’enfant de
moins de 13 ans. Dans les rares cas où cette maladie apparaissait chez les
jeunes enfants, on trouvait qu’auparavant on
leur avait prescrit les médicaments pour traiter le TDAH et la dépression,
ce qui avait déclenché du mania.
Les médecins continuent de dire que ces médicaments "démasquent" le trouble
bipolaire. Suite à la prescription répandue des médicaments pour traiter
le TDAH et la dépression, une épidémie de trouble bipolaire a éclaté à
raison de 1 enfant sur 50. Souvent, le fait d’appartenir à une
famille dysfonctionnelle, la colère et d’autres problèmes comportementaux qui
en résultent, est diagnostiqué par erreur comme « trouble
bipolaire. »
On prescrit les psychotropes à de tout jeunes enfants
de 2 ans pour traiter un “trouble mental” et même pour prévenir
l’apparition de ces troubles. Les médicaments atypiques antipsychotiques
(risperidone/Risperdal, olanzapine/Zyprexa) sont prescrits pour les maladies
mentales. Ils sont particulièrement dangereux car ils peuvent provoquer
un dysfonctionnement métabolique, des anormalités hormonales, le diabète,
l’obésité, le déclin cognitif. Souvent, d’autres médicaments sont
prescrits pour mitiger les effets des psychotropes. Les enfants qui
continuent de consommer ces « cocktails de médicaments » jusqu’à
l’âge adulte risquent une mort prématurée.
En 2008, un jeune adulte sur
15 aux Etats-Unis, âgé de 18 à 26 ans, était atteint d' une
maladie mentale grave, dont 680 000 avec un trouble bipolaire et 850
000 avec une dépression majeure.
Le public doit comprendre que, à la longue, les
psychotropes causent plus de mal que de bien, et que les approches
non-médicamenteuses pour traiter les maladies mentales sont plus
efficaces. Malheureusement, les médias et la profession psychiatrique
complotent avec l’industrie pharmaceutique pour nous cacher la vérité sur l’efficacité
de ces médicaments. Dans une société où tout s'accélère, il n’y a ni
le temps ni les ressources pour se consacrer à un traitement sans
médicament. Il est plus facile d’avaler un comprimé comme solution
rapide. L’assurance maladie rembourse le coût d’une courte visite
médicale pour prescrire un médicament. Seule une partie des coûts d’une
psychothérapie, parfois plus efficace, est remboursée. Les psychiatres
peuvent voir plus de patients et ainsi, gagnent plus d’argent.
Ils contribuent également à une culture de consommation de
médicaments en offrant leurs services comme consultants auprès
des compagnies pharmaceutiques, qui les en récompensent généreusement.
Voir CCDH – Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme
– CCDH France - www.ccdh.fr et CCDH Suisse romande – www.ccdh.ch pour plus d’informations.
par Meris Michaels
En voyant le statistique, je pense que le nombre des personnes atteint de maladie mentale est troublant.
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