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17 oct. 2015

Électrosensibilité et effet nocebo : Le paradoxe de l’œuf et de la poule

Électrosensibilité et effet nocebo : Le paradoxe de l’œuf et de la poule
jay, electrosensible.info, 16 octobre 2015

Traduction de l’article : « Electromagnetic Hyper-Sensitivity and Nocebo: What was first – “the chicken or the egg” ?
Auteur : Professeur Dariusz Leszczynski
Source : betweenrockandhardplace.wordpress.com

Dans l’hypothèse de l’effet nocebo, il est avancé que les gens prennent conscience en premier, grâce aux journaux ou aux médias sociaux, des possibles risques sanitaires des objets émetteurs de champs électromagnétiques et par la suite les craintes sur ces risques conduisent à développer des symptômes qui sont attribués à l’exposition aux ondes électromagnétiques. Induisant que c’est la connaissance des risques sanitaires qui précède le développement des symptômes de l’électrosensibilité. Cet ordre des choses conduit à l’argumentation que l’électrosensibilité est une maladie psychologique voire même psychiatrique, n’ayant aucun lien avec l’exposition aux ondes. Ces gens souffrent mais ils associent à tort leurs souffrances avec les ondes. C’est le point de vue dominant de l’ICNIRP et de ses « apôtres » comme avec le projet EMF de l’Organisation Mondial de la Santé.

Dans un récent article sur le meeting BioEM2025 à Asilomar aux USA, j’ai avancé que l’effet nocebo ne réfute aucunement l’existence de électrosensibilité et que les études disponibles à l’heure actuelle sont inutiles pour prendre quelque décision que ce soit sur l’existence ou non du lien de causalité entre l’électrosensibilité et l’exposition aux champs électromagnétiques.

Une étude française publiée récemment (Bioelectromagnetics, DOI: 10.1002/bem.21937) semble conforter ma position, elle conforte l’hypothèse que l’effet nocebo est fausse. Cette étude intéressante a été réalisée par le docteur Maël Dieudonné de l’institut des sciences de l’homme, du centre Max Weber à Lyon et pose la question suivante : « Est-ce que l’électro-hypersensibilité a pour origine une réponse de type nocebo ?« .


La réponse de la Doctorante est… non. Il apparaît que les gens tombent malade en premier et recherche les causes avant de se rendre compte que ce sont les ondes qui sont les déclencheurs probable des symptômes. Étant donné que c’est un auto-diagnostique, c’est donc juste une preuve empirique de la causalité. Cependant, cette étude écarte la notion que l’électrosensibilité serait purement une maladie psychologique ou psychiatrique, causée juste par les craintes des expositions aux champs électromagnétiques.

Le docteur Maël Dieudonné présente 7 étapes dans le développement de l’électrosensibilité :

1° Survenue des symptômes
2° échec des solutions médicales
3° Découverte de l’électrosensibilité
4° Récolte d’information sur le sujet
5° apparition d’une conviction implicite
6° expérimentation
7° acceptation consciente de la conviction

… Il y a donc quelques étapes entre la survenue des symptômes et l’apparition de la conviction que les champs électromagnétiques sont peut-être la cause.

Quelques extraits de l’article scientifique :

"[…] la plus intéressante caractéristique dans le processus d’attribution par ces sujets, c’est que la maladie survient avant que l’environnement soit suspecté, et que l’exposition aux champs électromagnétiques soit interprétée comme toxique et responsable à leurs yeux. Combien de temps prend ce processus, c’est compliqué à définir car les sujets ne peuvent pas toujours se remémorer exactement quand les symptômes sont apparus (c’est inévitable quant cela date depuis un certain nombre d’années). Il n’y a pas de doute qu’ils se sentaient déjà malade (stage 1) car ils cherchent, et échouent, à obtenir une réponse médicale (stage 2) quand ils commencent à se questionner sur les effets des ondes sur leurs santés (stage 4) […]

"[…] Par conséquent, il semble très improbable que la maladie trouve son origine dans des attentes défavorables liées aux champs électromagnétiques. Le cercle vicieux de l’électrosensibilité, en supposant que le modèle correspondant soit correct, est peu probablement déclenché par l’environnement médiatique, même avec une personnalité qui pourrait favoriser une réponse psychologique. Cela se rajoute plutôt avec une condition de santé déjà préexistante, c’est donc la résultante d’une motivation à appréhender un état de santé. En revanche, cela ne veut pas dire non plus que l’effet nocebo n’est pas impliqué dans la genèse de l’électro-hypersensibilité.[…]

"[…] La responsabilité des médias sur la question de la nocivité des ondes dans le développement de cette condition ne devrait pas être surestimée. Cela a un effet, et certainement concrétise la perception du risque des ondes. Mais pour ceux qui souffrent, l’électrosensibilité n’est pas considérée comme un risque, mais comme une explication à leur situation médicale précaire.[…]

"[…] Différentes causes devraient donc être considérées en ce qui concerne les symptômes originaux expérimentés par les électrosensibles. Stress technologique et conditionnement de l’inconscient, comme mentionné plus haut, maladie chronique idiopathique ou état psychiatrique; dérégulation du système nerveux autonome qui pourrait amplifier des réponses à des stimulus sensoriels, véritable sensibilité aux champs électromagnétiques, etc… […]

Clairement, l’étude du docteur Maël Dieudonné contredit l’hypothèse de l’effet nocebo propagée par l’ICNIRP et l’OMS. Personnellement, cela indique un besoin urgent de faire des études fiables sur cette pathologie afin de récolter des données objectives, au lieu de subjectives du type « qu’est-ce que vous ressentez ».

Nous vivons dans un monde médiatique où, que l’on veuille ou non, que l’on soit intéressé ou pas, nous avons connaissance que quelque chose comme l’électrosensibilité est débattue et cela doit, consciemment ou non, affecter notre perception.

En contrepartie, cela rend quasiment impossible d’avoir la preuve de la provenance de ce phénomène, est-ce les craintes au sujet des ondes ou les symptômes des électrosensibles qui sont venus en premier. C’est le paradoxe de l’œuf et de la poule.

Je dois réitérer le fait encore une fois que les études effectuées jusqu’à maintenant sur l’électrosensibilité, où l’on demande le ressenti des sujets, (James Rubin, Rodney Croft, Gunhild Oftedal, Martin Röösli ou Maël Dieudonné), ne vont jamais résoudre la problématique de l’électrosensibilité et la causalité des ondes car elle repose pour le moment sur des données subjectives. Dans aucune de ces études, il n’y a de données objectives obtenues et utilisées pour prouver ou non le lien de causalité entre l’intolérance aux ondes et les champs électromagnétiques. L’approche de ce type de recherche est peut-être bonne pour des études sociologiques mais ce n’est pas suffisant pour déterminer les causes de maladies ayant des manifestations physiologiques.

Comme je le mentionne depuis un certain nombre d’années, sans étude expérimentale qui examinerait les réactions physiologique et biochimique des tissus humains ou des organes à la suite d’une exposition aux champs électromagnétiques de basse intensité, nous continuerons à collecter des informations subjectives qui sont fondées sur des témoignages et non sur des preuves scientifiques. C’est comme si on diagnostiquait un problème cardiaque basé seulement sur ce que dirait le patient, sans faire aucun examen médical ou de tests… Sans études biochimiques, nous allons continuer à débattre comme des enfants, « oui, non, peut bien que oui » et la même chose ainsi de suite… Ad nauseam.

@+ Jay

PS : Pour ceux qui seraient intéressés par l’article complet peuvent contacter l’auteur, Maël Dieudonné, directement via son mail : mael.dieudonne@univ-lyon2.fr

http://electrosensible.info/2015/10/16/electrosensibilite-et-effet-nocebo-le-paradoxe-de-loeuf-et-de-la-poule/

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