Un sondage publié cette semaine indique que la part des opposants à la 5G serait en chute libre dans la population. Une affirmation que réfutent les militants contre cette technologie, de même que les opérateurs, souvent entravés dans leurs travaux
par Anouch Seydtaghia, letemps.ch, Publié le 26 avril 2025 / Modifié le 02 mai 2025
(Photo) : Image d'une antenne 5G. — © scharfsinn86/Adobe Stock
- Les sondages indiquent une forte baisse des opposants à la 5G en Suisse depuis 2020, mais les militants affirment que la résistance reste vive au niveau local.
- Selon les opérateurs, ils font face à de nombreuses oppositions à chaque nouvelle installation ou modification d'antenne.
- Les militants dénoncent une augmentation des problèmes de santé attribués à la 5G et accusent les opérateurs de chercher à augmenter les valeurs limites d'exposition.
C’était il y a 6 ans déjà. En avril 2019, Swisscom était le premier opérateur du pays à
lancer la 5G. Immédiatement après, un vent de contestation se levait dans le pays. Les
opposants à cette technologie lançaient des pétitions, organisaient des manifestations
et multipliaient les obstacles pour l’édification de nouvelles antennes. Rapidement, ce
mouvement influait sur le politique. Les cantons de Vaud et Genève, notamment,
décrétaient des moratoires, levés en 2021. Depuis, la contestation semblait s’être
évanouie.
Ce sentiment était confirmé par une étude publiée ce mercredi par le comparateur en
ligne Bonus.ch. Selon un sondage mené auprès de 3500 personnes, 56% de la
population se montre aujourd’hui favorable à la 5G, contre 34% en 2020. Quelque
18% de sondés s’y opposent encore, alors qu’ils étaient 44% il y a 5 ans. La proportion
de personnes qui se déclarent «totalement contre» est actuellement de 5%, contre
20% en 2020. Et 26% des sondés se déclarent aujourd’hui sans avis.
Bonus.ch note que la Suisse romande demeure la région la plus réticente face à la 5G,
avec 50% d’avis favorables à cette technologie, contre 64% en Suisse alémanique et en
Suisse italienne. Pourquoi les gens sont-ils sceptiques face à la 5G? Ceux-ci
mentionnent essentiellement la crainte pour la santé (53%, contre 60% en 2020),
puis l’inquiétude liée à l’impact environnemental (33% contre 28%).
Sur le terrain, la réalité semble diérente. «Au niveau local, il n’y a pas de baisse des
contestations. Nous constatons des oppositions pratiquement à chaque demande, que
ce soit pour une nouvelle construction ou une transformation d’antenne. Mais
souvent, ces oppositions ne font plus partie du débat public», constate Christian
Neuhaus, porte-parole de Swisscom.
«Personne ne veut d’antennes»
Un point de vue partagé par Sunrise, qui relève le chiffre total de 7 millions
d’appareils compatibles 5G actuellement en service dans le pays. «Les clients
apprécient les avantages de la 5G, en particulier les vitesses internet plus rapides et
les capacités plus élevées pour le trafic de données mobiles. Malgré la large utilisation
de la 5G et de la téléphonie mobile en général, les nouveaux projets d’antennes ou les
adaptations des installations existantes sont régulièrement retardés par des
oppositions et des procédures d’autorisation complexes et longues. Le paradoxe selon
lequel tout le monde veut utiliser la communication mobile mais personne ne veut
d’antennes est toujours d’actualité», affirme Rolf Ziebold, porte-parole de Sunrise.
Du côté des opposants à la 5G, on affirme poursuivre la lutte avec vigueur. «Depuis le
covid, les gens ont eu d’autres préoccupations qui peut-être ont diminué le focus sur
la 5G. Depuis cette période, il y a eu aussi beaucoup moins d’articles qui ont traité du
sujet», estime Ghislaine Jacquier, de l’association «5G moratoire pour la Suisse». Selon
elle, «il y a de plus en plus de personnes qui se plaignent de problèmes d’intolérance
aux ondes: maux de tête, insomnies, acouphènes, nervosité, douleurs diffuses, etc. Et
quand elles sont dans des zones moins impactées [par la 5G, ndlr], elles se sentent
mieux. D’autre part, s’il y a moins d’intérêt dans toute la Suisse, des personnes
s’investissent dans des recours contre des installations malgré le côté rébarbatif de
ces dossiers de plus en plus complexes. Complexes à tel point qu’on peut se demander
si tous les intervenants officiels les maîtrisent.»
«La sobriété devrait être la priorité»
Chantal Blanc, de l’association Stop 5G Glâne, estime quant à elle que «le puissant
lobby» des opérateurs «travaille d’arrache-pied à Berne pour veiller à parvenir à une
augmentation des valeurs limites d’émission par tous les moyens. Or il y a eu trois
échecs depuis 2012, dont un dernier en 2024. Cette fuite en avant est purement à
visée économique, à l’heure ou la sobriété devrait être la priorité.» La militante
regrette que, ces dernières années, les opérateurs télécoms aient tenté, par plusieurs
moyens techniques, de «contourner les valeurs limites et tout est fait pour dissuader
de s’opposer aux installations jusqu’au Tribunal édéral». «De mon côté, j’ai fait le
maximum pour protéger mes enfants, pour alerter la population et nos autorités du
scandale en cours», estime Chantal Blanc.
Cette bataille se déroule au niveau local, mais aussi sur le plan national. En 2024, le
Tribunal édéral estimait ainsi qu’il fallait déposer une demande de permis de
construire selon la procédure ordinaire pour activer le facteur de correction avec les
antennes adaptatives – c’est-à-dire leur permettre de rayonner diéremment. Selon le
lobby qui soutient cette technologie, Chance 5G, cette décision concerne des milliers
d’installations existantes et retarde fortement le déploiement des nouvelles
installations.
La 6G dès 2030
«Les opérateurs refusent obstinément de déclarer le rayonnement réel. La résistance
est donc plus forte que jamais. En l’espace de six mois, plus d’oppositions ont été
déposées contre les antennes 5G adaptatives qu’en trois ans réunis. De plus, le nombre
de personnes intolérantes aux champs électromagnétiques ne cesse d’augmenter»,
affirme Rebekka Meier, de l’association Schutz vor Strahlung.
On le devine ainsi, la bataille demeure intense. En parallèle, la 5G ne cesse d’évoluer,
avec davantage de bande passante, une nécessité non seulement à cause du streaming
qui explose, mais aussi des services autour de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui,
plus d’un tiers du trafic de données mobiles chez Sunrise passe par la 5G, affirme
Sunrise. Quant à Swisscom, il attend l’introduction de la 6G en Europe vers 2030. De
quoi, peut-être, annoncer de nouvelles batailles.
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