Vieillir? Jamais sans mon robot
36.9, rts.ch, émission du 1er février 2017
Aujourd'hui déjà, quelques EMS en Suisse romande utilisent des robots comme outils thérapeutiques. Certains robots de compagnie apaisent des angoisses et permettent de réduire certaines médications. C’est même une scientifique genevoise, Nadia Magnenat Thalmann, qui met au point, à Singapour, un robot androïde parmi les plus évolué pour rompre la solitude des personnes âgées. Ce robot qui lui ressemble et qu'elle a appelé Nadia, est capable d’exprimer 22 émotions différentes.
Comment peut-on s’attacher à une machine? Comment un robot réussit-il à calmer une angoisse? Parmi les explications d’experts, celles du psychiatre français, Serge Tisseron, auteur réputé de plusieurs livres qui traitent des effets des nouvelles technologies. Ce dernier affirme: "Ce qui est mobilisé chez l'humain avec les robots c'est d'abord la fibre parentale. On s'occupe d'un objet qui va ensuite s'occuper de nous. Il y a donc cette réciprocité qui fait que la relation avec le robot n'a rien de comparable avec la relation avec une peluche traditionnelle ou avec un jouet…".
Un reportage de François Jeannet et Jacqueline Dubuis
http://pages.rts.ch/emissions/36-9/8240529-vieillir-jamais-sans-mon-robot.html#8357461
Non au robot infantilisant!
Courrier des lecteurs, Tribune de Genève,
14 juin 2016
Certains EMS du canton ont acquis, ou comptent le faire, un bébé phoque robotisé du nom de Paro... au prix de 5'000 fr. Ce bébé phoque, qui répond aux caresses et peut ainsi manifester son mécontentement, stimulerait les interactions des personnes présentant une démence, réveillerait leurs émotions et apaiserait leur anxiété...
Mais non, les personnes avec une démence ne retombent pas en enfance! Même avec des troubles cognitifs importants, elles gardent une identité, une conscience de leur environnement et une dignité. Par contre, leur vie en EMS se caractérise le plus souvent par la déprivation sensorielle, l'ennui, l'inactivité et la solitude.
La réponse à ce mal-être ne se trouve pas dans un robot infantilisant. Il s'agit de changer de culture dans les EMS, et de s'affranchir de pratiques qui se focalisent sur les questions médicales, la sécurité, la surveillance permanente, l'uniformité et les directives bureaucratiques. Cela passe par la création de lieux de vie plus proches des environnements familiaux, ouverts vers la cité, et qui permettent des contacts proches avec la nature et les animaux (des vrais!) et des relations intergénérationnelles.
Dans ce contexte, oui aux technologies si elles permettent de créer du lien interpersonnel, si elles respectent la dignité des personnes, si elles contribuent à leur bien-être et à leur qualité de vie, et ce en prenant en compte leurs besoins et souhaits individuels.
par Martial Van der Linden, professeur UNIGE (psychpathologie et neuropsychologie) et Anne-Claude Juillerat Van der Linden, chargée de cours UNIGE, psychologue
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