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9 juin 2019

Suisse : «Vade retro» antenne 5G, les églises ne veulent pas de toi dans leur clocher

«Vade retro» antenne 5G, les églises ne veulent pas de toi dans leur clocher
par Gabriel Sassoon, Tribune de Genève, ABO+, 8 juin 2019

Des paroissiens s’opposent à l’installation d’antennes dans les édifices religieux. Une représentante du comité Stop-5G est invitée à éclairer le diocèse de Fribourg, Lausanne et Genève.


La paroisse de Belfaux (FR) a refusé les avances de
Swisscom.
Image: Yvain Genevay
«Le diable est entré dans la maison.» À Kriegstetten, dans le canton de Soleure, un fidèle laisse éclater sa colère. Le Mal, dans sa bouche, s’appelle 5G. C’était en février dernier, lors d’une réunion avec les autorités paroissiales, copieusement critiquées pour avoir accepté l’installation d’une antenne de téléphonie mobile dans le clocher de l’église. Face aux remontrances, et sous la pression d’une pétition, le conseil de paroisse a fini par résilier son contrat avec Swisscom.

Cet épisode, relaté par la «Solothurner Zeitung», est un exemple parmi d’autres des résistances farouches que suscite le déploiement de la nouvelle technologie. Les lieux de culte ne sont pas épargnés par cette âpre bataille entre anti et pro-5G. Aux yeux des opérateurs, le clocher constitue un emplacement de choix pour leurs antennes: situé au milieu du village, s’élevant haut dans les airs, le beffroi permet aussi de dissimuler l’installation et de préserver le paysage. Swisscom, Sunrise et Salt affirment louer à ces fins plus de 80 bâtiments religieux. Leurs tentatives d’étendre leur réseau ont été stoppées net par des paroisses du canton de Berne ou d’Obwald.



«Ce n’est pas le rôle de l’Église»

Salt s’est aussi cassé les dents sur le clocher de Font, dans le canton de Fribourg. Tout comme Swisscom à Belfaux (FR). «Ce n’est pas le rôle de l’Église de diffuser de la 5G, de servir de relais à un monde d’objets connectés grâce à une technologie dont on ne connaît pas l’impact sur la santé», justifie Jean-Luc Mooser, président du conseil de paroisse de Belfaux. L’argument financier – quelque 6000 francs par an – n’a pas pesé lourd face à ces considérations éthiques ou la crainte de voir le clocher défiguré.

Les paroissiens ne ferment pas tous la porte à un avenir connecté. Ceux de Poliez-Pittet (VD) ont par exemple dit, en mars, leur souhait d’accepter l’offre de Swisscom – un contrat n’a pas encore été signé. Selon Cédric Pillonel, secrétaire général de la Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton de Vaud, c’est toutefois la prudence qui domine au sein de la plupart des paroisses, dans l’attente d’un rapport sur la 5G de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), prévu pour cet été. Les Cantons de Genève et du Jura, notamment, ont déclaré qu’ils gelaient les demandes de permis de construction de nouvelles antennes jusque-là.

Dans un domaine aussi technique, les prêtres neuchâtelois sont empruntés. Réunis cette semaine, ils ont décidé de demander l’aide du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, dont ils dépendent, au cas où ils seraient contactés par des opérateurs. «Plutôt que chaque paroisse prenne position dans un sens ou dans l’autre, nous aimerions adopter une attitude uniforme, sur la base de références communes à toutes les paroisses du pays», explique Jean-Marie Oberson, de La Chaux-de-Fonds. Les hommes d’Église neuchâtelois espèrent de leur évêque, Mgr Morerod, qu’il relaie cette demande à la Conférence épiscopale suisse.

Les prêtres vont s’informer

Jusqu’à présent, le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg s’est refusé à intervenir dans les affaires 5G de paroisses: les clochers leur appartiennent et c’est à elles de décider ce qu’elles veulent en faire. Mais les interrogations de curés qui ont suivi certaines vives oppositions l’ont poussé à organiser une séance informative sur la 5G à l’attention du conseil des prêtres. Cet organe de près de 25 membres «aide l’évêque dans sa mission de gouvernement». La semaine prochaine, une représentante du comité Stop-5G est invitée à leur faire une «présentation aussi objective que possible», précise Mgr Morerod. Personne ne sera présent du côté des opérateurs. «Les installateurs d’antenne ont déjà pris contact eux-mêmes avec les paroisses concernées», explique l’évêque.

Les prêtres pourraient décider sur la base de ces informations de formuler une recommandation sur l’aménagement d’antennes dans les clochers. Mgr Morerod, lui, défend le principe de précaution. «Je trouve justifiée l’attitude des gouvernements cantonaux qui demandent que l’on attende au moins l’avis de l’OFEV. On ne saura probablement pas avant des années les effets des ondes combinées sur notre santé. Ma crainte – tant mieux si elle est injustifiée – est qu’on se dise dans vingt ans qu’on avait manqué de prudence.»

Les opérateurs, de leur côté, relativisent l’ampleur de ces résistances. «Les objections quant aux antennes mobiles ne constituent pas un phénomène nouveau», rappelle Christian Neuhaus, porte-parole de Swisscom. Selon le géant bleu et son concurrent Sunrise, près d’un tiers des demandes de permis de construire une antenne – peu importe l’emplacement – fait l’objet d’oppositions. (Le Matin Dimanche)

https://www.tdg.ch/lematindimanche/vade-retro-antenne-5g-eglises-veulent-clocher/story/26894768

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