lematin.ch, msn.com/fr, 15 septembre 2020
Le refus par le Conseil national d’une motion demandant un monitoring dès à présent des effets sur la santé est symptomatique de l’impatience des opérateurs. Mais le malaise est plus profond.
(Photo): © KEYSTONE/Alessandro Della Valle/Peter Klaunzer Pour Simonetta Sommaruga, la Confédération fait du déploiement de la 5G une priorité face une population «qui résiste».
Par 102 voix à 75, le Conseil national a balayé lundi soir une motion de la Commission de la santé qui voulait mettre en place un monitoring sur le déploiement de la 5G. UDC, PLR, Verts libéraux et une bonne partie du PDC ont suivi l’opposition de Marcel Dobler (PLR/SG), qui considérait cette proposition comme une manœuvre dilatoire. Dans son programme de législature, voté peu avant, le Conseil national a rappelé la nécessité de couvrir le pays avec cette technologie.
Le PLR a déposé au mois de mai une motion pour que le déploiement de la 5G soit achevé d’ici 2024 en Suisse. Elle sera vraisemblablement combattue à la session de décembre, mais le résultat du vote de lundi montre assez clairement dans quel sens souffle le vent. Pour les milieux de l’économie, la Suisse a déjà perdu trop de temps en louvoyant. La Confédération a vendu trois licences à Swisscom, Sunrise et Salt, qui s’impatientent de les utiliser pleinement.
Cependant, à l’échelon cantonal ou communal, la résistance s’organise avec des moratoires, des oppositions aux autorisations de construire, car peu de gens ont envie de vivre à proximité d’une antenne. Pendant ce temps les opérateurs poursuivent la mise à jour de leurs installations dans une certaine confusion et une grande méfiance. «Ils ont droit à une antenne cellulaire s’ils remplissent les conditions, défend Simonetta Sommaruga. En tant que fournisseur, vous avez également le droit d’intenter une action en déni de droits.»
Le bonheur selon Swisscom
Il faudra du temps pour évaluer les effets sur la santé des ondes – comme la Confédération prévoit de le faire sur la durée - mais les opérateurs n’ont pas ce temps. Swisscom diffuse en ce moment sur les chaînes nationales un clip de promotion de sa technologie, où l’on voit évoluer des jeunes urbains, des vieux, des familles, des paysans ou un montagnard dans un décor de connexions lumineuses magiques. Tout le monde semble si heureux avec son téléphone portable à la main! Dans sa motion, le PLR précise que la 5G recèle «un énorme potentiel dans de nombreux domaines: cybersanté, agriculture intelligente, réalité virtuelle et augmentée, véhicules autonomes, production industrielle de pointe, drones, etc.»
Si le déploiement de la 5G se heurte à une résistance, ce n’est pas seulement pour des raisons de santé, mais pour l’impact qu’elle va avoir sur notre liberté. Plus on sera connecté, plus on sera dépendant des «connecteurs». Plus on utilisera de données, plus il faudra les protéger, plus vite on voudra aller, plus cela coûtera à l’abonnement, qui augmentera alors comme les primes d’assurance maladie. Aujourd’hui, l’addiction est déjà grande, avec la 5G, elle s’annonce «illimitée».
Dans l’histoire des évolutions technologiques, l’homme s’est souvent aliéné une part de liberté avec un progrès. Avec la téléphonie mobile et son objectif d’envahir nos vies d’une manière de plus en plus intrusive et permanente, c’est plus qu’une aliénation, mais une dépendance économique et sociale complète qui attend l’individu. «Il faut rétablir la confiance», plaide Simonetta Sommaruga. Mais tant que le discours politique n’apportera pas de réponses existentielles à cette évolution, convaincre sera difficile.
https://www.msn.com/fr-ch/news/other/5g-en-suisse-l-%C3%A9conomie-veut-un-passage-en-force/ar-BB1938NW?li=BBqiMbH
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