par Gabriel Sassoon, Tribune de Genève, 12 nov 2020
Sur la base d’un sondage mandaté par leurs soins, les opérateurs mettent la pression sur le gouvernement pour accélérer le déploiement de la technologie.
Un technicien câble des antennes 5G au Stade de Balexert le 12 février 2020, à Genève Keystone |
Les avantages l’emportent
C’est l’Institut GfS Berne qui a mené l’enquête auprès de 1006 personnes de toute la Suisse. Son étude révèle que, parmi les sondés ayant déjà entendu parler de la 5G – soit 84% des personnes interrogées –, ils sont 54% à voir plutôt ou exclusivement des avantages dans la technologie. À l’opposé, ils sont 24% à identifier un nombre plus important de désavantages. Entre ces deux extrêmes, 18% des sondés voient autant d’inconvénients que de bénéfices. L’étude n’observe pas de différence significative d’opinions entre les régions linguistiques.
Interrogés sur ce qu’évoque dans leur esprit la 5G, les sondés sont nombreux à indiquer spontanément des aspects techniques, comme la rapidité de la connexion. Les risques sanitaires n’arrivent qu’en cinquième position. De quoi conclure, selon GfS Bern, que la perception des risques potentiels pour la santé reste un «facteur important» aux yeux des personnes interrogées, mais que «l’utilité attendue de la technologie» l’emporte clairement.
Le sondage montre encore que deux tiers des Suisses estiment que les valeurs seuils actuelles sont suffisantes pour protéger la population des risques sanitaires. Mais ils sont tout aussi nombreux à croire que les rayonnements émis par la téléphonie mobile peuvent causer des problèmes. Les auteurs résolvent ce «paradoxe» en stipulant que les craintes exprimées se fondent principalement sur l’«ouï-dire».
Pour Isabelle Chevalley, coprésidente de Chance 5G, ces résultats confirment qu’une «minorité très bruyante» est parvenue à «déstabiliser une partie de la population» et à ralentir le déploiement de la technologie. Et que dit le lobby aux 7% des sondés affirmant avoir déjà expérimenté des problèmes de santé dus aux rayonnements émis par la téléphonie mobile? «Il existe des solutions pour ces personnes, répond Isabelle Chevalley. C’est à cette minorité de s’adapter et non pas à la société de s’adapter aux besoins de 7% de la population.»
Lancement d’une pétition
Fort de cette enquête, le lobby lance une pétition pour mettre un peu plus la pression sur la Confédération pour accélérer le déploiement de la technologie. Une revendication qui fait écho à une motion du groupe PLR que le Conseil fédéral propose de soutenir, mais qui n’a pas encore été traitée au parlement.
Au front sur ce dossier, le conseiller national Benjamin Roduit (PDC/VS) accueille le sondage avec circonspection. Il voit dans la 5G une «nécessité», mais ne peut pas se résoudre à ce qu’elle se développe tant qu’une étude n’aura pas exclu l’existence de risques sanitaires. «Je regrette que le sondage et ses mandataires opposent avantages technologiques et risques sanitaires. La population veut profiter de cette technologie, tout en étant protégée. On ne peut pas fermer les yeux sur les craintes qu’exprime clairement le sondage.»
Membre du Comité Stop 5G, Louisa Diaz goutte peu de voir les opposants traités de «minorité bruyante». «C’est condescendant de traiter ainsi les personnes qui interrogent ce nouveau standard ou demandent simplement qu’on applique le principe de précaution.» Parmi elles figurent des scientifiques et des élus, rappelle-t-elle. «Nous ne faisons pas de bruit, nous pallions un manque d’information sur les conséquences de la téléphonie mobile et du déploiement de la 5G.»
https://www.tdg.ch/le-conseil-federal-appele-a-ignorer-une-minorite-bruyante-891708103569
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.