par Charles Cuvelliez, Ecole Polytechnique de Bruxelles, ULB, Le Temps, 7 mars 201
Le mobile, c’est 28 millions d’emplois. Il y a un paradoxe à voir tout le monde s’émerveiller sur l’introduction en bourse de Snapchat et personne ne voit un autre record, un secteur auquel Snapchat doit tout représenter 5% de la richesse mondiale
En 2016, on comptait 4,8 milliards d’utilisateurs de mobiles, a annoncé GSMA, la faîtière des opérateurs de téléphonie mobile, dans un coup de gueule, au congrès mobile de Barcelone qui s’est tenu la semaine dernière, et d’ici à 2020, on en attend 860 millions de plus dont les deux tiers viendront d’Asie-Pacifique.
L’Inde va apporter 310 millions d’usagers en plus contre 158 millions «seulement» pour la Chine. Avec les cartes SIM, ce n’est plus 4,8 milliards mais 7,5 milliards. Avoir une carte SIM reste d’actualité dans les pays où les opérateurs mobiles ne couvrent pas tout le territoire. La pénétration du mobile continuera à connaître des inégalités: seulement 50% en Afrique subsaharienne mais 90% en Europe en 2020.Pas moins de 55% des nouvelles connexions l’ont été pour une connexion «données» mobile large bande. 23% l’ont été pour la 4G (la GSMA prévoit 41% en 2020). Ceci dit, il n’y a pour l’instant que 3,8 milliards de smartphones dans le monde: il reste donc du potentiel.
Entre 2015 et 2016, 30 nouveaux pays se sont dotés de réseaux 4G, passant de 158 pays à 188 pays. On doit désormais chercher les contrées qui n’ont pas encore la 4G: en 2015, on comptait 484 réseaux 4G et 580, une sérieuse augmentation, en 2016. L’Inde a même dépassé les Etats-Unis en nombre de smartphones. Ce sont les Chinois qui sont à l’origine de la démocratisation des smartphones à moins de 100 dollars grâce aux constructeurs Xiomai, Oppo, Huwaei ou encore OnePlus. Avec les dégâts d’un Huawei à l’exportation, on frémit.
Déjà 28 millions d’emplois
Les revenus générés par le mobile étaient de 1050 milliards de dollars en 2016, 2,2% de plus par rapport à 2015 qui était aussi une année de hausse. Depuis 2010, en six ans, les opérateurs ont investi 1200 milliards de dollars, à comparer aux 1050 milliards de revenus annuels. Ceci dit, GSMA constate une baisse de 6% des investissements par rapport à 2015.
Les technologies et services mobiles au sens large ne représentent pas moins de 4,4% du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit 3300 milliards de dollars. Cette proportion montera à 4,9% en 2020 du fait des effets bénéfiques sur la productivité générée par les technologies mobiles. Le secteur mobile, c’est encore 28 millions d’emplois en 2016 (11 directs, 17 indirect). C’est 450 milliards de taxes diverses pour les Etats. En 2016, on y ajoutera 19 milliards de dollars engrangés par les enchères de fréquence à travers le monde.
Les revenus générés par le mobile étaient de 1050 milliards de dollars en 2016, 2,2% de plus par rapport à 2015 qui était aussi une année de hausse. Depuis 2010, en six ans, les opérateurs ont investi 1200 milliards de dollars, à comparer aux 1050 milliards de revenus annuels. Ceci dit, GSMA constate une baisse de 6% des investissements par rapport à 2015.
Les technologies et services mobiles au sens large ne représentent pas moins de 4,4% du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit 3300 milliards de dollars. Cette proportion montera à 4,9% en 2020 du fait des effets bénéfiques sur la productivité générée par les technologies mobiles. Le secteur mobile, c’est encore 28 millions d’emplois en 2016 (11 directs, 17 indirect). C’est 450 milliards de taxes diverses pour les Etats. En 2016, on y ajoutera 19 milliards de dollars engrangés par les enchères de fréquence à travers le monde.
Un autre avenir que simple tuyau pour Internet
Si l’internet fixe a été préempté par les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) au détriment des opérateurs télécoms, GSMA est optimiste pour le mobile où tout est à faire. Les plateformes pour mobile n’ont pas trouvé leur modèle: tout se passe encore sur mobile soit via des apps, soit via un moteur de recherche. GSMA prend l’exemple du chinois Wechat qui réussit à garder captif des centaines de millions de Chinois sur sa plateforme mobile (qui offre tout, e-commerce, paiement, social…) et cela grâce à la messagerie instantanée qui la sous-tend. De là l’engouement pour tout ce qui est messagerie. C’est le futur, dit GSMA. De fait, il suffit de voir l’effervescence autour des assistants mobile comme Siri, Google Now, Cortana, les chatbots et de l’intelligence artificielle qui se concentre dans le smartphone sans devoir faire appel au réseau.
Les opérateurs ne veulent plus rater le coche et investissent ou coopèrent en masse avec les start-up. Ils ont investi dans les «tech companies» pour un montant de 3,2 milliards de dollars dans les pays en développement et 5,8 milliards dans les pays développés. Ce relatif équilibre fait chaud au cœur.
Surplus sociétal
Grâce au mobile, en 5 ans, le nombre de personnes qui ont pu accéder à Internet a doublé et en 2020, ce seront 60% de la population mondiale en 2020 soit 4,7 milliards d’humains qui y accéderont de la sorte (contre 3,6 milliards en 2016).
Le top 10 des pays qui augmenteront le plus leur base d’abonnés mobiles sont, outre l’Inde et la Chine: le Nigeria, avec 27 millions, l’Indonésie avec 23, puis le Mexique et curieusement les Etats-Unis à égalité avec 21, ensuite le Brésil et le Pakistan avec 18 et 17 et enfin Myanmar et Bangladesh avec 11 millions chacun. En 2020, la 2G ne sera plus la technologie dominante en termes de nouvelles connexions (il était temps diront d’aucuns).
La 5G éclipse les smartphones
La 5G était partout à Barcelone et a presque éclipsé les smartphones, les stars habituelles. Il n’y en avait que pour les démos chez les équipementiers, les opérateurs télécoms y allaient de leur couplet et les fabricants de puce étalaient leurs nouveautés, dans la perspective de l’internet des objets. Reste le problème de l’investissement: peu d’acteurs ont des réserves de cash, seuls Huawei et Nokia en ont du côté des équipementiers.
Quant aux opérateurs, en Europe, avec 100 acteurs contre 4 aux USA, aucun n’a, selon leurs dires, la taille critique pour se lancer. La 5G a cependant tout pour être une prophétie auto réalisatrice tant il y a une vraie demande de nouveau cycle technologique qu’on ressent et qui répondra à la question lancinante «what’s next» après le 4G qui n’a pas pu être monétisée.
Pour en savoir plus: «The Mobile Economy 2017», GSMA, Kenechi Okeleke, Michael Rogers, Xavier Pedros, GSMA, 27 février 2017
https://www.letemps.ch/economie/2017/03/07/telephonie-mobile-representera-5-richesse-mondiale-2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.