Photo d'illustration. Image: Olivier Vogelsang |
par Olivier Wurlod, Tribune de Genève,
5 avril 2017
Réseaux mobiles : La révision avortée à la fin de décembre d’une ordonnance sur la puissance limitée des antennes met les opérateurs en colère.
Au moment où l’émergence d’un réseau 5G se concrétise de jour en jour, les opérateurs suisses font face à un défi majeur: la puissance et la capacité des antennes. Actuellement, une ordonnance en limite drastiquement les possibilités. Etablie en 2000, cette dernière a pour objectif de protéger l’être humain contre le rayonnement non ionisant des antennes des réseaux de téléphonie mobile.
Par prudence et ignorance des effets de ces rayonnements sur la santé, Berne avait alors établi des valeurs limites d’exposition très restrictives, soit dix fois plus basses en comparaison internationale. Depuis le rejet, en décembre dernier par le Conseil des Etats, d’une motion visant à adapter cette ordonnance, les tensions se propagent au sein des pourvoyeurs de réseau tels que Swisscom, Sunrise ou encore Salt.
Impact sur les coûts
Face à l’explosion des volumes de données utilisées par les Suisses, des menaces planent en effet sur la qualité des réseaux et le risque croissant de saturation des lignes. «Environ 40% des antennes existantes sont déjà à la limite de leur capacité, selon un rapport du Conseil fédéral. De plus, dans les zones urbaines l’épuisement de la puissance autorisée monte à 90% dans le réseau de Swisscom», explique Hugo Lehmann, responsable Accès mobile chez Swisscom Innovation. «De nombreux sites, densément peuplés, ne peuvent pas ou peu se développer en raison des valeurs limites en vigueur», confirme Roger Schaller, porte-parole chez Sunrise.
Jusqu’ici, cette situation a pu être contournée grâce à la densification du nombre d’antennes. Mais, insistent les opérateurs, ceux-ci ont de plus en plus de difficultés à trouver des sites pour installer de nouvelles antennes. A cela s’ajoute une question non négligeable de coûts. D’après une étude de PricewaterhouseCoopers (PwC), la régulation actuelle nécessite 21% d’antennes en plus sur le territoire helvétique (en comparaison européenne) et cela pour une qualité de captation similaire. Du coup, toujours selon PwC, «la construction et l’exploitation d’un réseau de téléphonie mobile en Suisse coûtent entre 40 et 110% plus cher que dans les pays voisins». A la fin, sans omettre d’autres facteurs, c’est bel et bien le consommateur qui passe à la caisse.
Menace sur la 5G
Le problème pourrait encore s’amplifier avec la 5G. Ce réseau, qui devrait être entre 40 à 100 fois plus rapide que la 4G, répondra aux attentes d’une société de plus en plus connectée. Voiture autonome, objets connectés, drones, réalité virtuelle, l’ensemble de ces révolutions technologiques ne dépendront in fine que d’un paramètre: l’efficacité et la rapidité du réseau mobile.
«Si de nombreux défis techniques sont encore à résoudre, il est évident que le déploiement de la 5G nécessitera une adaptation très claire des normes actuelles», constate Philippe Horisberger, directeur suppléant et chef de la division Concessions et gestion des fréquences à l’Ofcom. Ce dernier précise toutefois que la 5G est encore de l’ordre du concept et que les normes nécessaires ne sont pas encore établies. Au plus tôt, les débuts de ce nouveau réseau sont attendus pour 2020. De quoi laisser du temps au parlement pour réfléchir une nouvelle fois au problème.
Certains éléments permettent d’espérer rapidement une nouvelle réévaluation de cette ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant. L’OMS rendra l’année prochaine un rapport sur les dangers liés à ces rayons. Dans nos pages, au mois de décembre, Doris Leuthard signalait que cette institution «n’avait jamais considéré les antennes mobiles comme un risque pour la santé et qu’aucun indice ne laissait penser que cette position évoluerait en leur défaveur».
A l’Ofcom, de grands espoirs sont aussi placés dans la mise en place, une fois la révision sur la loi de la télécommunication terminée, d’un système de surveillance permettant de savoir concrètement à quel rayonnement les habitants sont ou non soumis. «Entre l’OMS et ce système, nous devrions avoir assez d’éléments pour relancer le débat sur le plan politique», espère Philippe Horisberger.(TDG)
http://www.tdg.ch/economie/entreprises/alerte-reseaux/story/18290209
Au moment où l’émergence d’un réseau 5G se concrétise de jour en jour, les opérateurs suisses font face à un défi majeur: la puissance et la capacité des antennes. Actuellement, une ordonnance en limite drastiquement les possibilités. Etablie en 2000, cette dernière a pour objectif de protéger l’être humain contre le rayonnement non ionisant des antennes des réseaux de téléphonie mobile.
Par prudence et ignorance des effets de ces rayonnements sur la santé, Berne avait alors établi des valeurs limites d’exposition très restrictives, soit dix fois plus basses en comparaison internationale. Depuis le rejet, en décembre dernier par le Conseil des Etats, d’une motion visant à adapter cette ordonnance, les tensions se propagent au sein des pourvoyeurs de réseau tels que Swisscom, Sunrise ou encore Salt.
Impact sur les coûts
Face à l’explosion des volumes de données utilisées par les Suisses, des menaces planent en effet sur la qualité des réseaux et le risque croissant de saturation des lignes. «Environ 40% des antennes existantes sont déjà à la limite de leur capacité, selon un rapport du Conseil fédéral. De plus, dans les zones urbaines l’épuisement de la puissance autorisée monte à 90% dans le réseau de Swisscom», explique Hugo Lehmann, responsable Accès mobile chez Swisscom Innovation. «De nombreux sites, densément peuplés, ne peuvent pas ou peu se développer en raison des valeurs limites en vigueur», confirme Roger Schaller, porte-parole chez Sunrise.
Jusqu’ici, cette situation a pu être contournée grâce à la densification du nombre d’antennes. Mais, insistent les opérateurs, ceux-ci ont de plus en plus de difficultés à trouver des sites pour installer de nouvelles antennes. A cela s’ajoute une question non négligeable de coûts. D’après une étude de PricewaterhouseCoopers (PwC), la régulation actuelle nécessite 21% d’antennes en plus sur le territoire helvétique (en comparaison européenne) et cela pour une qualité de captation similaire. Du coup, toujours selon PwC, «la construction et l’exploitation d’un réseau de téléphonie mobile en Suisse coûtent entre 40 et 110% plus cher que dans les pays voisins». A la fin, sans omettre d’autres facteurs, c’est bel et bien le consommateur qui passe à la caisse.
Menace sur la 5G
Le problème pourrait encore s’amplifier avec la 5G. Ce réseau, qui devrait être entre 40 à 100 fois plus rapide que la 4G, répondra aux attentes d’une société de plus en plus connectée. Voiture autonome, objets connectés, drones, réalité virtuelle, l’ensemble de ces révolutions technologiques ne dépendront in fine que d’un paramètre: l’efficacité et la rapidité du réseau mobile.
«Si de nombreux défis techniques sont encore à résoudre, il est évident que le déploiement de la 5G nécessitera une adaptation très claire des normes actuelles», constate Philippe Horisberger, directeur suppléant et chef de la division Concessions et gestion des fréquences à l’Ofcom. Ce dernier précise toutefois que la 5G est encore de l’ordre du concept et que les normes nécessaires ne sont pas encore établies. Au plus tôt, les débuts de ce nouveau réseau sont attendus pour 2020. De quoi laisser du temps au parlement pour réfléchir une nouvelle fois au problème.
Certains éléments permettent d’espérer rapidement une nouvelle réévaluation de cette ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant. L’OMS rendra l’année prochaine un rapport sur les dangers liés à ces rayons. Dans nos pages, au mois de décembre, Doris Leuthard signalait que cette institution «n’avait jamais considéré les antennes mobiles comme un risque pour la santé et qu’aucun indice ne laissait penser que cette position évoluerait en leur défaveur».
A l’Ofcom, de grands espoirs sont aussi placés dans la mise en place, une fois la révision sur la loi de la télécommunication terminée, d’un système de surveillance permettant de savoir concrètement à quel rayonnement les habitants sont ou non soumis. «Entre l’OMS et ce système, nous devrions avoir assez d’éléments pour relancer le débat sur le plan politique», espère Philippe Horisberger.(TDG)
http://www.tdg.ch/economie/entreprises/alerte-reseaux/story/18290209
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