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24 mai 2018

Pour les autres espèces, les humains sont cancérogènes avance une étude

Pour les autres espèces, les humains sont cancérogènes avance une étude
par Anne-Sophie Tassartsciencesetavenir.fr, 23 mai 2018

Tortue marine souffrant de plusieurs tumeurs sur la face.© Eric Gay/AP/SI 
Une équipe internationale de chercheurs est persuadée que l'espèce humaine augmente, par différents processus, le nombre de cancers chez les autres espèces animales. Ils réclament plus d'études sur ce sujet.

"L'espèce humaine peut être définie comme une espèce oncogène modulant l'environnement de manière à causer des cancers chez les autres populations animales", assure une équipe internationale de chercheurs dans une étude parue le 21 mai 2018 dans la prestigieuse revue Nature Ecology & Evolution. Selon eux, il est fort probable que les activités humaines peuvent augmenter le nombre de cancers dans les populations animales "à travers de nombreux processus". Et dans leur étude, les scientifiques affirment également que l'impact des cancers dans les populations d'animaux sauvages est largement sous-estimé.

Pollution, lumière, nourrissage et diversité génétique



Première responsable évoquée dans l'étude : la pollutionet pas seulement celle causée par les pesticides et les herbicides. Les différents contaminants trouvés aussi bien sur la terre ferme que dans l'eau sont capables de favoriser la formation de tumeurs de différentes façons : par mutations somatiques, à cause de portions ADN devenues impossibles à réparer mais aussi à cause d'effets sur le système immunitaire ou encore sur la sécrétion d'hormones. Les chercheurs n'oublient pas non plus les conséquences considérables qu'ont pu avoir les catastrophes nucléaires de Tchernobyl ou encore de Fukushima sur les espèces animales. D'ailleurs, une étude a démontré une hausse du nombre de tumeurs chez les oiseaux évoluant à proximité de la centrale nucléaire ukrainienne. Les biologistes notent également l'incidence des micro-plastiques ingérés par de nombreuses espèces animales. Si leur effet sur la santé reste méconnus (également chez l'humain), les chercheurs n'excluent pas une probable influence sur la formation de tumeurs.

Les chercheurs pointent du doigt une autre pollution : la pollution lumineuse. "La mélatonine est une hormone possédant des propriétés anti-tumorales présente chez tous les vertébrés, expliquent-ils dans l'étude. Elle est sécrétée rythmiquement par l'épiphyse avec un pic durant la nuit pour ensuite être supprimée par la lumière et elle est impliquée dans la régulation du rythme circadien. Même une contamination lumineuse minimale est connue pour perturber la production circadienne de mélatonine et promouvoir la croissance de tumeurs chez des rats élevés en captivité". En outre, cet éclairage entraîne une perturbation du sommeil alors que celui-ci est lié au bon fonctionnement du système immunitaire.

L'homme agit aussi - volontairement ou non - sur le régime alimentaire des animaux en évitant de jeter ses ordures ou alors en appâtant volontairement les animaux avec de la nourriture bien souvent non adaptée. "Des études menées sur des espèces sauvages indiquent que les effets anthropogéniques peuvent modifier le microbiote des animaux sauvages en changeant notamment la composition de leur flore intestinale par exemple en réponse à l'urbanisation chez les oiseaux", note l'étude. Or, chez l'homme, un déséquilibre du microbiote intestinal peut favoriser l'apparition de cancers. Les chercheurs soupçonnent donc un processus identique chez les autres espèces animales.

Dernier facteur abordé par l'étude : la diminution de la diversité génétique chez certaines espèces notamment à cause de la fragmentation de l'habitat ou encore du braconnage. La réduction de la population et donc la baisse de la diversité génétique ne permet pas d'éliminer les gènes délétères. Ceux-ci perdurent donc, favorisant différentes pathologies dont le cancer. "Par exemple, bien que les chiens et les chats montrent une diversité phénotypique exceptionnelle, ils ont une diversité génétique significativement plus faibles que leurs ancêtres sauvages et cela a été relié à la prévalence relativement élevée de cancer chez nos animaux de compagnie", expliquent les chercheurs.

Dans ce cas, l'homme se comporte comme un virus

Pour ces derniers, il est urgent de débuter des recherches concernant l'effet des activités humaines sur le nombre de cancers chez les autres espèces animales. "Le cancer chez les animaux sauvages est un sujet totalement ignoré et nous voulons stimuler les recherches dessus, explique dans un communiqué Mathieu Giraudeau, auteur principal de l'étude. Nous avons récemment publié plusieurs articles théoriques à ce sujet mais maintenant, nous voulons mettre en lumière le fait que notre espèce influence grandement la prévalence de cancers chez plusieurs autres espèces animales". Pour Tuul Sepp, autre auteur de l'étude, l'humain est dans ce cas comparable à un virus, modifiant son environnement afin de le rendre plus adapté à lui-même favorisant parallèlement l'apparition de tumeurs. "Concrètement, nous sommes en train de faire la même chose. Nous changeons l'environnement pour qu'il nous convienne même si ces modifications ont un effet négatif sur plusieurs espèces à différentes échelles, incluant la probabilité de développer un cancer", déplore le chercheur.

https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/biodiversite/pour-les-autres-especes-les-humains-sont-cancerogenes-avance-une-etude_124168

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