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4 oct. 2018

Pesticides et malformations congénitales: Les champs de tomates en Floride

PREMIERE PUBLICATION EN 2012 :

Cet article se réfère au chapitre “Guerre chimique” du livre  Tomatoland de Barry Estabrook.  
Guerre chimique:  Les malformations congénitales liées aux pesticides utilisés pour cultiver les tomates 

Les migrants  travaillant dans les champs de tomates de l’Ag-mart à Immokalee dans l’état de Floride aux Etats-Unis sont exposés à des pesticides très toxiques.  L’Ag-mart est une compagnie qui cultive les tomates dans trois états.  Elle emploie environ 500 travailleurs migrants pour planter et récolter.  La plupart viennent du Mexique et du Guatemala et travaillent dans les conditions déplorables (voir 

"Culture de tomates" (en anglais).

Parmi eux, trois femmes ont donné naissance en 2004 à des bébés présentant de graves malformations congénitales.  Le premier, Carlitos, est né sans bras et sans jambes.  Jésus est né six semaines plus tard avec une déformation de la mâchoire qui risquait de l’étouffer à mort.  Le troisième bébé, Violeta, a survécu trois jours.  Elle est née  sans nez et sans anus, avec une seule oreille et un seul rein, et une fissure au palais.  



Les mères de ces bébés ont été exposées aux pesticides en travaillant dans les champs de tomates pendant leur grossesse.  Les champs sont traités avec 31 substances chimiques pendant la saison de culture. Selon le "PAN" (Pesticide Action Network), au moins trois d’entre elles – le mancozèbe, la métribuzine et l’avermectine – sont connues comme toxines pouvant causer des malformations congénitales.  L’Ag-mart n’a pas bien formé ses travailleurs à l’usage des pesticides.  Les femmes ne portaient aucun équipement de protection sauf une écharpe sur la bouche.  En fait, l’exposition de ces femmes aux pesticides si tôt après leur pulvérisation sur les champs était une violation aux règlements de l’EPA (Environmental Protection Agency) des Etats-Unis.

Une des femmes a décrit sa souffrance pendant le travail aux champs : vertiges, nausées, vomissements, brûlures aux yeux et au nez.  Elle a développé des éruptions cutanées et des plaies ouvertes.  Elle travaillait dans les champs avant la conception et a continué jusqu’au septième mois de grossesse.  Si elle avait arrêté, elle aurait perdu l’habitation fournie par son employeur.


La malformation de la mâchoire de Jésus n’était pas aussi grave que l’on craignait.  Carlitos a développé des problèmes respiratoires et a dû être transporté par avion à un hôpital à Miami.  Submergés par le coût des soins, ses parents ont reçu une aide juridique par l’intermédiaire des services sociaux. Andrew Yaffa a accepté de défendre les parents sans frais.  Il recevrait un pourcentage de la somme accordée si le procès était gagné.   Partenaire de l’étude Grossman Roth, il est un des avocats les plus connus dans l’état de Floride pour avoir obtenu des millions de dollars en faveur des victimes.

Les cas juridiques impliquant l’industrie agricole sont très difficiles à gagner. Prouver les liens entre l’exposition aux pesticides et les malformations congénitales est presque impossible étant donnés des facteurs comme l’hérédité, l’exposition dans d'autres lieux de travail, le tabac, l’abus de drogues.  Au lieu d’essayer de déterminer la substance chimique qui a causé la malformation et ainsi porter plainte contre son producteur, Yaffa a décidé de déposer plainte contre l’entreprise agricole où la mère de Carlitos travaillait.  En fait, il essaie de traduire en justice toute l’industrie agricole moderne et ses pratiques d’utilisation de pesticides.
En 2008, la compagnie agricole Ag-mart a accepté de dédommager les parents de Carlitos, en assumant tous ses soins médicaux  pendant toute sa vie.  Ag-mart devait aussi payer des millions de dollars d'amende pour violation du règlement, y compris la formation inadéquate de ses employées dans l’usage des pesticides.  Aujourd’hui, l'utilisation et l'exposition à ces pesticides sont davantage contrôlées.  L’éducation des travailleurs dans l’usage de ces substances hautement toxiques est obligatoire et on doit leur fournir un équipement de protection.  « Plus important », dit Yaffa, “pour toutes les autres mères et leurs enfants nés dans ces champs, l’industrie a supprimé cinq des six pesticides connus pour causer les malformations congénitales.”

par Meris Michaels

Réf :  Article publié dans “Wiki – EnvironmentalHealth – Case 7” : “Ag-mart Pesticide Poisoning”;   extrait du livre, “Tomatoland : How Modern Industrial Agriculture Destroyed Our Most Alluring Fruit” par Barry Estabrook, 2011, chapitre, « Chemical Warfare ».            

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