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13 févr. 2020

Trop d’ondes près du corps

Le magazine suisse romande de consommateurs, "Bon à Savoir", (400 000 lecteurs) a publié dans son édition de février 2020 deux articles sur le Phonegate (sans que le terme soit mentionné). 

Trop d’ondes près du corps
par Sébastien Sautebin, bonasavoir.ch, 12 février 2020

SMARTPHONES Plusieurs modèles émettent un rayonnement excessif sur le corps. Quelques mesures simples permettent de réduire l’exposition, d’autres sont inefficaces.

Le smartphone nous suit partout, souvent collé à notre corps dans une poche, y compris lorsqu’on le couple à des écouteurs. Les scientifiques s’interrogent de plus en plus sur l’impact sanitaire de cette proximité. Car les mobiles émettent des ondes électromagnétiques, essentiellement lors des conversations et des transferts de données.
Dix-neuf appareils concernés

Ces rayonnements doivent néanmoins respecter des normes. A hauteur du tronc, les valeurs DAS, qui font référence en Suisse comme en Europe, imposent, depuis juin 2017, un maximum de 2W/kg à une distance de 5 mm du tronc humain. Or, certains appareils, dont 19 téléphones récents, dépassent cette limite, selon les mesures réalisées par l’Agence nationale française des fréquences (ANFR).

Bon nombre de mobiles commercialisés avant 2017 sont dans le même cas. Ils étaient conformes à la précédente législation, qui permettait aux fabricants de mesurer le DAS Tronc à 2,5 cm du corps. Mais leur rayonnement est excessif, à une distance plus réaliste de 5 mm du corps.

Parmi les smartphones récents, on trouve des modèles de marques connues, comme le Huawei Honor 8 ou les Nokia 3, 5, 6.1 qui dépassent les normes. Les géants Samsung et Apple n’ont, en revanche, pas été pris en faute.* Et, bonne nouvelle, l’ANFR a poussé les fabricants à proposer des mises à jour logicielles. Ces updates permettent d’abaisser le DAS, à condition que les utilisateurs les téléchargent.

Plusieurs centimètres dans le corps

Les relevés de l’ANFR ont incité l’Etat français à solliciter l’Agence de sécurité sanitaire (ANSES) pour évaluer les effets sanitaires des DAS «tronc» excessifs. Après deux ans d’enquête, le comité d’experts souligne que «la pénétration des rayonnements dans le corps peut être considérée comme significative jusqu’à plusieurs centimètres à l’intérieur du corps».

Ainsi, «plusieurs organes peuvent être potentiellement exposés, en plus de la peau: le cœur, le système digestif, l’appareil reproducteur, etc.». Mais le risque réel est mal connu. Les études indiquent que des expositions supérieures à 2W/kg ont des effets biologiques sur l’activité cérébrale, lorsque l’appareil est collé à l’oreille, mais elles n’apportent pas de réponse sur les incidences au niveau du tronc. L’ANSES relève aussi que les mesures DAS de l’ANFR correspondent à une situation extrême dans laquelle l’appareil émet à puissance maximale pendant toute la durée du test.

De quoi être rassuré? Pas forcément. Selon le rapport, les études ont porté essentiellement sur les conséquences de l’échauffement des tissus provoqué par les radiofréquences: «Or, les questionnements actuels sont principalement axés sur la possibilité qu’elles puissent être à l’origine d’autres effets qui pourraient survenir à des plus faibles expositions», soulignent les auteurs.

Des normes à revoir

Face aux incertitudes, l’ANSES recommande de durcir les normes. Dans ses conseils globaux, l’agence préconise, entre autres, d’utiliser des kits mains libres et, plus généralement, de privilégier l’acquisition de téléphones émettant les DAS les plus faibles*. Les DAS sont disponibles, pour la tête, sur les notices des appareils ou sur internet et, pour le tronc, sur le site de l’ANFR.

Sébastien Sautebin

Bonus web: Les rayonnements DAS de 50 mobiles

Les conseils de l’expert

«Il est important de savoir qu’un téléphone mobile, près du corps, est de loin la source de rayonnements non ionisants la plus importante dans notre vie quotidienne», souligne Martin Röösli, professeur à l’Institut tropical et de santé publique suisse ainsi que directeur de Berenis, le groupe consultatif d’experts en rayonnements non ionisants pour l’Office fédéral de l’environnement. Selon lui, les mesures qu’on peut adopter sont simples: «Réduire les durées d’utilisation et maximiser la distance avec le corps, en utilisant, par exemple, des écouteurs.» En stand-by, les émissions dépendent du nombre d’applications, de notifications, etc. Eteindre le téléphone ou le mettre en mode avion lors de longs trajets permet de réduire l’exposition.

En revanche, les coques anti-ondes ne sont pas recommandées, car le téléphone émet plus puissamment pour compenser cette barrière, et les patchs antirayonnement ne servent à rien.

Martin Röösli souligne encore que les conditions de connexion jouent un rôle fondamental: «Nos mesures montrent qu’utiliser un appareil une seule seconde avec une mauvaise liaison engendre le même rayonnement qu’une semaine entière dans des conditions optimales! Je sais que beaucoup de gens n’aiment pas entendre cela, mais les détenteurs de mobiles qui vivent dans les zones où il y a peu de stations de base sont les plus exposés.»

https://www.bonasavoir.ch/928791-trop-dondes-pres-du-corps


Téléphones qui émettent trop d’ondes

En complément à notre article «Trop d’ondes près du corps» (BàS 2/20), voici, dans deux tableaux, la liste des ondes électromagnétiques émises par une soixantaine de téléphones portables récents lorsqu’ils fonctionnent près du corps, par exemple dans une poche ou un sac. Les mesures ont été effectuées par l’Agence nationale française des fréquences (ANFR) à 5 mm du corps, conformément aux prescriptions.

Parmi ces appareils, dix-neuf ne respectaient pas les valeurs limites DAS de 2W/kg valables en Suisse comme en Europe.

L’ANFR s’est concentré sur les ondes émises au niveau du tronc afin d’établir les conséquences des nouveaux usages des appareils mobiles. Ces derniers fonctionnent souvent lorsqu’ils se trouvent tout près du corps. C’est le cas lors de l’usage d’oreillettes et lors d’échanges de données, appareil en poche.

Concernant les 19 téléphones qui dépassaient la valeur limite de 2W/Kg, les fabricants ont effectué des mises à jour logicielle qui ont permis de régler le problème dans 13 cas (voir tableau). Ces appareils respectent donc les normes désormais, pour autant que la mise à jour ait été effectuée par l’utilisateur. Dans six cas, un retrait du marché a été ordonné car le fabricant n’a pas réagi aux mises en demeure de l’état français.

Il faut noter que de nombreux téléphones mobiles antérieurs à 2017 ne respectent pas les normes DAS actuelles selon l’ANFR. En effet, jusqu’à cette date, les fabricants pouvaient mesurer le DAS «tronc» jusqu’à 2,5 cm, ce qui était peu réaliste pour un appareil se trouvant dans une poche. Sur demande de la France, les mesures en Europe doivent désormais s’effectuer à 5 mm au plus du corps. Les experts français demandent même désormais qu’elles le soient à 0 mm. De l’autre côté, on remarquera que les mesures DAS sont réalisées avec un mobile émettant à puissance maximale, pendant 100% du temps, pour une durée de 6 minutes, ce qui ne correspond pas à l’usage le plus courant d’un mobile.

Outre le DAS «tronc», il existe également une mesure DAS «tête», qui caractérise l’usage classique du mobile au contact de l’oreille, en conversation vocale. La limite est de 2 W/kg. Les plus de 200 appareils testés par l’ANFR ont été, sauf rares exceptions, conformes à cette limite.

Il y a enfin une mesure DAS «membre», dont la limite est de 4 W/kg, correspondant à l’usage du téléphone plaqué contre un membre, par exemple tenu à la main, porté dans un brassard ou dans une poche de pantalon. L’ANFR n’a pas communiqué de mesures à ce sujet.

Plus d’infos sur le site de l’ANFR et sur son portail de résultats DASw

https://www.bonasavoir.ch/928793-les-rayonnements-das-de-50-mobiles





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