Jacques Lintermans, Docteur en sciences et André Vander Vorst, Professeur ém.UCLouvain
Résumé
Suite à une exposition à des micro-ondes d’intensité téléphonique à raison de 2 heures par jour pendant 70% de leur existence, on a observé chez les rats d’expérience en fin de vie une altération de leurs capacités mnésiques, en plus d’une mortalité double de celle des animaux d’un groupe témoin. Sur base de données expérimentales ces observations sont expliquées par les conséquences au niveau neuronal d’une aggravation sous l’effet des micro-ondes de la rupture progressive de la barrière-hémato-encéphalique que le vieillissement provoque. Des lésions comparables ont été mises en évidence par IRM chez des personnes âgées, atteintes de maladies neurodégénératives, telles que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, lesquelles incluent aussi une détérioration des fonctions cognitives associée à une mortalité prématurée. Ces maladies seraient-elles favorisées par une exposition aux micro-ondes la vie durant ?
Introduction
Comme tous les organes, le cerveau subit les effets de l’âge. Ces altérations sont plus ou moins marquées suivant les structures. On trouve des changements particulièrement dans les circuits de la mémoire lesquels s’inscrivent dans une réorganisation continue englobant la mort neuronale (1).
Dans les cas pathologiques tels que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson, la mort neuronale est souvent importante, son processus pouvant être hâté sous l’action d’éléments extérieurs, tel qu’un environnement nocif.
S’il est un type d’exposition environnementale occupant actuellement tous les territoires de vie, c’est celui des champs électromagnétiques. Quelle que soit son intensité, personne n’y échappe. Il est donc nécessaire de définir quels en sont les effets. Observés chez l’homme, ceux-ci ont fait l’objet d’une recherche expérimentale chez l’animal.
Cerveau de la personne âgée et altération de la barrière hémato-encéphalique
Les changements morphologiques et biochimiques du cerveau âgé sont l’objet d’une recherche intensive depuis de nombreuses années. Cependant, le rôle crucial de l’altération et de la rupture de la barrière hémato-encéphalique (BHE) dans les processus pathologiques de maladies neurodégénératives associées avec l’âge, en particulier dans la maladie d’Alzheimer (2) et la maladie de Parkinson(3), fait depuis récemment l’objet d’une attention spéciale.
La barrière hémato-encéphalique limite l’entrée des composés sanguins, ainsi que de produits pathogènes dans le cerveau et joue un rôle essentiel dans le fonctionnement neuronal normal. Une analyse tissulaire post-mortem ainsi qu’une imagerie obtenue par résonance magnétique nucléaire a permis de quantifier la perméabilité de la BHE dans le cerveau humain. Une étude portant sur des sujets âgés de 21 à 83 ans a mis en évidence une augmentation linéaire de la perméabilité de la BHE en fonction de l’âge, à 60 ans presque la moitié de la population étant affectée par une rupture de la BHE (4). L’utilisation des mêmes techniques d’investigation chez des malades atteints d’un début d’Alzheimer a montré une rupture de la BHE dans l’hippocampe (5). Cette région étant critique pour
l’apprentissage et la mémoire, les troubles cognitifs à un âge précoce, typiques de cette maladie, sont attribués à un dysfonctionnement de la BHE à ce niveau.
Effets des micro-ondes sur la barrière hémato-encéphalique et conséquences neurologiques
L’évolution de l’état de la BHE en fonction de l’âge observée chez l’homme l’a été identiquement chez le rat (4), ce qui argue de la validité d’une comparaison entre ces deux populations concernant d’autres observations dans le même domaine.
Il ressort de plusieurs expérimentations effectuées par différents groupes (6,7) qu’une exposition à des micro-ondes de 900 MHz - correspondant à l’émission de téléphones portables de type GSM - à raison de 2-3 heures par jour pendant 28 jours a provoqué des troubles significatifs de la mémoire chez le rat, endommagé la perméabilité de la BHE au niveau de l’hippocampe et du cortex, et créé un œdème cellulaire associé à une dégénérescence neuronale.
Les conditions expérimentales de ces tests se limitant à un essai à court terme, l’observation des effets chroniques d’une exposition aux micro-ondes s’imposait dans la perspective d’une comparaison avec les conditions habituelles d’existence de l’homme moderne.
Des rats ont ainsi été exposés quotidiennement, pendant presque toute la durée de leur vie, à des doses de micro-ondes reflétant celles que rencontrent une majorité de personnes. Plus précisément (8), des rats depuis 4 jusqu'à 25 mois d’âge soit une durée de 21 mois pour une durée de vie de 30 mois, ont été placés en présence de micro-ondes de différentes fréquences, 2 heures par jour, 7 jours par semaine, et les effets éventuels comparés à un groupe témoin de rats non-exposés. Dans le groupe exposé à 97O MHz une diminution significative des monocytes est apparue après 3 mois résultant d’une action immunodépressive. Une augmentation de la mortalité dans le groupe exposé fut observée après 21 mois. Cette mortalité a connu une augmentation constante jusqu’à atteindre, à l’âge de 28 mois, le double de celle des animaux dans le groupe témoin.
En parallèle avec l’étude précitée, ont été examiné les effets d’une exposition à des micro-ondes de 970 MHz, qui sont celles d’un GSM, sur la mémoire de rats soumis à un protocole de reconnaissance d’objets (9). Deux populations de rats, chacune composée de 2 sous-groupes, ont été exposées à une radio fréquence, 2 heures par jour, pendant respectivement 2 et 15 mois. Si, après deux mois, aucune anomalie n’a été constatée, les animaux du groupe exposé pendant 15 mois ont montré un comportement déviant ne réussissant plus à faire la distinction entre un objet familier et un objet étranger.
En corollaire des observations à court terme, les résultats de ces études effectuées en mode chronique peuvent s’interpréter comme les effets des micro-ondes sur la barrière hémato-encéphalique dont la rupture provoque œdème, hypoxie et mort neuronale.
Conclusion
Les effets des micro-ondes chez l’animal présentent des caractéristiques répondant à la description d’un syndrome cérébral pathologique en fin de vie. Appliqué à la personne âgée, celui-ci s’identifie aux troubles des maladies neurodégénératives incluant une détérioration des fonctions mnésiques associée à une mort prématurée. Les maladies de Parkinson et d’Alzheimer seraient-elles favorisées par une exposition aux micro-ondes la vie durant ?
Références
(1) Costa e Silva J. Vieillissement cérébral, aspects biologiques et psychosociaux. Académie Nationale de Médecine, Communication scientifique, Séance du 11 octobre 2005
(2) Van de Haar H., Burgmans S., Jansen J. et al. Blood-Brain Barrier Leakage in Patients with early Alzheimer Disease. Radiology 2016; 281(2): 527-535
(3) Al-Bashari S., Naish J., Parker G. et al. Blood-Brain Barrier Leakage is increased in Parkinson’s Disease. Front Physiol. 2020; 11: 593026
(4) Senatorov V., Friedman A., Milikovsky D. et al. Blood-brain barrier dysfunction in aging induces hyperactivation of TGFBeta signaling and chronic yet reversible neural dysfunction. Science Translational Medicine 2019; 11(521): eaaw 8283
(5) Montagne A., Barnes S., Sweeney D. et al. Blood-Brain barrier breakdown in the aging human hippocampus. Neuron 2015; 85(2): 296-302
(6) Jun Tang, Yuan Zhang, Liming Yang et al. Exposure to 900 MHz electromagnetic fields activates the mkp-1/ERK pathway and causes blood-brain barrier damage and cognitive impairment in rats. Brain Research 2015; 1601: 92-101
(7) Eberhardt J., Bertil R., Person R. et al. Blood-brain barrier permeability and Nerve cell damage in rat brain 14 and 28 days after exposure to microwaves from GSM mobile phones. Electromagnetic Biology and Medicine 2008; 27(3): 215-229
(8) Adang D., Remacle C., Vander Vorst A. Results of a long-term low-level microwave exposure of rats IEE Transactions on Microwave Theory and Techniques 2009; 57(10): 2488-2497
(9) Adang D., Campo B., Vander Vorst A. Has a 970 MHz pulsed exposure an effect on the memory related behavior of rats? Proceedings of the 9th European Conference in Wireless Technology, 2-9600551-5-2 C 2006 EuMA, September 2006, Manchester UK, pp.135-138
Résumé
Introduction
Comme tous les organes, le cerveau subit les effets de l’âge. Ces altérations sont plus ou moins marquées suivant les structures. On trouve des changements particulièrement dans les circuits de la mémoire lesquels s’inscrivent dans une réorganisation continue englobant la mort neuronale (1).
Dans les cas pathologiques tels que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson, la mort neuronale est souvent importante, son processus pouvant être hâté sous l’action d’éléments extérieurs, tel qu’un environnement nocif.
S’il est un type d’exposition environnementale occupant actuellement tous les territoires de vie, c’est celui des champs électromagnétiques. Quelle que soit son intensité, personne n’y échappe. Il est donc nécessaire de définir quels en sont les effets. Observés chez l’homme, ceux-ci ont fait l’objet d’une recherche expérimentale chez l’animal.
Cerveau de la personne âgée et altération de la barrière hémato-encéphalique
Les changements morphologiques et biochimiques du cerveau âgé sont l’objet d’une recherche intensive depuis de nombreuses années. Cependant, le rôle crucial de l’altération et de la rupture de la barrière hémato-encéphalique (BHE) dans les processus pathologiques de maladies neurodégénératives associées avec l’âge, en particulier dans la maladie d’Alzheimer (2) et la maladie de Parkinson(3), fait depuis récemment l’objet d’une attention spéciale.
La barrière hémato-encéphalique limite l’entrée des composés sanguins, ainsi que de produits pathogènes dans le cerveau et joue un rôle essentiel dans le fonctionnement neuronal normal. Une analyse tissulaire post-mortem ainsi qu’une imagerie obtenue par résonance magnétique nucléaire a permis de quantifier la perméabilité de la BHE dans le cerveau humain. Une étude portant sur des sujets âgés de 21 à 83 ans a mis en évidence une augmentation linéaire de la perméabilité de la BHE en fonction de l’âge, à 60 ans presque la moitié de la population étant affectée par une rupture de la BHE (4). L’utilisation des mêmes techniques d’investigation chez des malades atteints d’un début d’Alzheimer a montré une rupture de la BHE dans l’hippocampe (5). Cette région étant critique pour
l’apprentissage et la mémoire, les troubles cognitifs à un âge précoce, typiques de cette maladie, sont attribués à un dysfonctionnement de la BHE à ce niveau.
Effets des micro-ondes sur la barrière hémato-encéphalique et conséquences neurologiques
L’évolution de l’état de la BHE en fonction de l’âge observée chez l’homme l’a été identiquement chez le rat (4), ce qui argue de la validité d’une comparaison entre ces deux populations concernant d’autres observations dans le même domaine.
Il ressort de plusieurs expérimentations effectuées par différents groupes (6,7) qu’une exposition à des micro-ondes de 900 MHz - correspondant à l’émission de téléphones portables de type GSM - à raison de 2-3 heures par jour pendant 28 jours a provoqué des troubles significatifs de la mémoire chez le rat, endommagé la perméabilité de la BHE au niveau de l’hippocampe et du cortex, et créé un œdème cellulaire associé à une dégénérescence neuronale.
Les conditions expérimentales de ces tests se limitant à un essai à court terme, l’observation des effets chroniques d’une exposition aux micro-ondes s’imposait dans la perspective d’une comparaison avec les conditions habituelles d’existence de l’homme moderne.
Des rats ont ainsi été exposés quotidiennement, pendant presque toute la durée de leur vie, à des doses de micro-ondes reflétant celles que rencontrent une majorité de personnes. Plus précisément (8), des rats depuis 4 jusqu'à 25 mois d’âge soit une durée de 21 mois pour une durée de vie de 30 mois, ont été placés en présence de micro-ondes de différentes fréquences, 2 heures par jour, 7 jours par semaine, et les effets éventuels comparés à un groupe témoin de rats non-exposés. Dans le groupe exposé à 97O MHz une diminution significative des monocytes est apparue après 3 mois résultant d’une action immunodépressive. Une augmentation de la mortalité dans le groupe exposé fut observée après 21 mois. Cette mortalité a connu une augmentation constante jusqu’à atteindre, à l’âge de 28 mois, le double de celle des animaux dans le groupe témoin.
En parallèle avec l’étude précitée, ont été examiné les effets d’une exposition à des micro-ondes de 970 MHz, qui sont celles d’un GSM, sur la mémoire de rats soumis à un protocole de reconnaissance d’objets (9). Deux populations de rats, chacune composée de 2 sous-groupes, ont été exposées à une radio fréquence, 2 heures par jour, pendant respectivement 2 et 15 mois. Si, après deux mois, aucune anomalie n’a été constatée, les animaux du groupe exposé pendant 15 mois ont montré un comportement déviant ne réussissant plus à faire la distinction entre un objet familier et un objet étranger.
En corollaire des observations à court terme, les résultats de ces études effectuées en mode chronique peuvent s’interpréter comme les effets des micro-ondes sur la barrière hémato-encéphalique dont la rupture provoque œdème, hypoxie et mort neuronale.
Conclusion
Les effets des micro-ondes chez l’animal présentent des caractéristiques répondant à la description d’un syndrome cérébral pathologique en fin de vie. Appliqué à la personne âgée, celui-ci s’identifie aux troubles des maladies neurodégénératives incluant une détérioration des fonctions mnésiques associée à une mort prématurée. Les maladies de Parkinson et d’Alzheimer seraient-elles favorisées par une exposition aux micro-ondes la vie durant ?
Références
(1) Costa e Silva J. Vieillissement cérébral, aspects biologiques et psychosociaux. Académie Nationale de Médecine, Communication scientifique, Séance du 11 octobre 2005
(2) Van de Haar H., Burgmans S., Jansen J. et al. Blood-Brain Barrier Leakage in Patients with early Alzheimer Disease. Radiology 2016; 281(2): 527-535
(3) Al-Bashari S., Naish J., Parker G. et al. Blood-Brain Barrier Leakage is increased in Parkinson’s Disease. Front Physiol. 2020; 11: 593026
(4) Senatorov V., Friedman A., Milikovsky D. et al. Blood-brain barrier dysfunction in aging induces hyperactivation of TGFBeta signaling and chronic yet reversible neural dysfunction. Science Translational Medicine 2019; 11(521): eaaw 8283
(5) Montagne A., Barnes S., Sweeney D. et al. Blood-Brain barrier breakdown in the aging human hippocampus. Neuron 2015; 85(2): 296-302
(6) Jun Tang, Yuan Zhang, Liming Yang et al. Exposure to 900 MHz electromagnetic fields activates the mkp-1/ERK pathway and causes blood-brain barrier damage and cognitive impairment in rats. Brain Research 2015; 1601: 92-101
(7) Eberhardt J., Bertil R., Person R. et al. Blood-brain barrier permeability and Nerve cell damage in rat brain 14 and 28 days after exposure to microwaves from GSM mobile phones. Electromagnetic Biology and Medicine 2008; 27(3): 215-229
(8) Adang D., Remacle C., Vander Vorst A. Results of a long-term low-level microwave exposure of rats IEE Transactions on Microwave Theory and Techniques 2009; 57(10): 2488-2497
(9) Adang D., Campo B., Vander Vorst A. Has a 970 MHz pulsed exposure an effect on the memory related behavior of rats? Proceedings of the 9th European Conference in Wireless Technology, 2-9600551-5-2 C 2006 EuMA, September 2006, Manchester UK, pp.135-138
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