Pour une reconnaissance de l’électrohypersensibilité
Jacques Lintermans, Docteur en sciences
Ils sont 600.000 en Belgique (1), plus de 20 millions en Europe, et pourtant officiellement ils n’existent pas ! Qui ? Les électrohypersensibles. Qui sont-ils ? Des sujets que la proximité d’émetteurs de micro-ondes a rendus malades. Leurs symptômes ? Principalement des maux de tête et des troubles du sommeil et, dans les cas plus graves, des troubles cognitifs.
A la souffrance et à l’appauvrissement de la qualité de vie que provoquent ces altérations de santé chez les individus qui en sont atteints ceux-ci, en plus, en cherchant à se protéger, sont l’objet d’une méfiance, voire d’une hostilité comme celles que souvent inspire tout comportement jugé anormal.
Aucune reconnaissance n’est accordée par les autorités de santé à l’électrohypersensibilité au motif qu’il n’existe pas de critère objectif de son diagnostic.
Une telle lacune n’a pourtant rien d’exceptionnel dans le domaine médical. Existe-t-il un biomarqueur de la dépression ? Les douleurs migraineuses sont-elles prises en considération autrement que par l’auto-évaluation du patient ? Sur quoi se base le diagnostic de la fibromyalgie ? Une sensibilité excessive concernant différents systèmes organiques (immunitaire, digestif, système nerveux autonome) étant observée chez quantité de personnes pourquoi le système nerveux central ferait-il exception ?
Toute vérité franchit trois étapes. D'abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence (2). A titre d’exemple, citons le cas de l’autisme qui, après être passé par les trois phases ci-dessus, est devenu actuellement une référence banale dans les conversations courantes.
Le temps est venu pour l’électrohypersensibilité de franchir l’étape de sa mise en évidence officielle.
Outre sa large prévalence, rappelée ci-dessus, il existe des données expérimentales qui supportent sa réalité, comme les troubles cognitifs observés par exposition aux micro-ondes dans un modèle de vieillissement cérébral provoqué (3,4)
Cliniquement, la mesure des valeurs de mélatonine urinaire, en rapport avec l’insomnie, a montré un effondrement dans plus de 90% des cas chez des centaines de sujets diagnostiqués électrohypersensibles (5). Un tel effet ne peut être obtenu par hasard. La spécificité de cette observation chez les électrohypersensibles peut servir de test à leur identification.
Ces observations ne sont pas limitatives et s’accompagnent de tentatives de traitements pharmacologiques dont certains ont montré une efficacité prometteuse.
Les électrohypersensibles sont trop nombreux pour être des malades imaginaires, valider leur existence et les aider à se soigner contribuerait au bonheur d’une frange significative de la population.
Références :
1) Lintermans J. Le confinement concerne aussi les personnes électrohypersensibles. La Libre Belgique, Opinions, le 20 juillet 2020
2) Arthur Schopenhauer
3) Adang D., Campo B., Vander Vorst A. Has a 970 MHz pulsed exposure an effect on the memory related behavior of rats. Proceedings of the 9th European Conference in Wireless Technology, 2-9600551-5-2 C 2006 EuMA, September 2006, Manchester UK, pp.135
4) Lintermans J. et Vander Vorst A. Quelles perspectives de prévention pour le d-gamma-tocophérol (vitamine E naturelle) dans le vieillissement cérébral normal et pathologique ? NEURONE.be, 05 juillet 2023
5) Belpomme D. et al. Le Livre Noir des Ondes. Ed. Marco Pietteur (2021) page 322
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