par Fabio Bonavita, ghi.ch, 21 février 2018
SOCIETE • Les milieux genevois de prévention tirent la sonnette d’alarme. Les réseaux sociaux favoriseraient les pensées suicidaires chez les ados. Berne réagit.
Mal utilisés, les réseaux sociaux peuvent s'avérer dangereux pour les ados. DR |
Rejet et harcèlement
Faut-il s’attendre à une telle augmentation à Genève? Difficile à dire, mais les milieux de prévention s’inquiètent de plus en plus des nouveaux risques générés par Facebook, Snapchat ou Instagram: «Les réseaux sociaux peuvent être un vecteur pour trouver du soutien ou en apporter à ses proches, mais aussi un catalyseur de mal-être, précise Léonore Dupanloup, chargée de communication de l’antenne genevoise de l’association Stop Suicide. Il faut que les jeunes aient conscience que ce qu’ils y font n’est pas que virtuel.»
Chez Malatavie, l’unité de crise des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), la psychothérapeute Yasmine Cebe souligne un autre type de menace: «Dans les cas où le réseau social devient un vecteur de moqueries ou de harcèlement, cela peut effectivement contribuer à porter atteinte au bien-être des jeunes, voire entraîner une dépressivité. Il peut s’y passer un certain nombre de choses échappant à la vigilance des adultes, comme des situations de harcèlement qui débordent dans la sphère virtuelle. Or, le harcèlement et le rejet par les pairs sont des facteurs de risque connus par rapport au risque suicidaire.» Yaël Liebking, directrice de l’antenne genevoise de La Main Tendue note enfin que les «sites de rencontre sont des sources de malentendus et d’attentes qui peuvent générer de la frustration».
Menace sérieuse
Alors, les réseaux sociaux sont-ils coupables? A Genève, aucune recherche scientifique n’a pour l’instant été réalisée. Mais aux Etats-Unis, une étude menée par des psychologues des universités de San Diego et Miami l’affirme sans détour: la hausse du taux de suicide et des états dépressifs chez les ados coïncide avec celle des écrans et des réseaux sociaux. De nombreux Américains ont encore à l’esprit les destinées tragiques de deux adolescentes de 12 ans et 14 ans qui ont mis fin à leurs jours en direct sur Facebook. Au niveau fédéral, le danger est pris au sérieux puisque la Confédération a adopté un plan d’action visant à renforcer la sensibilisation auprès des jeunes. Son but est de réduire le nombre de suicides de 25 % d’ici à 2030.
https://www.ghi.ch/le-journal/geneve/suicide-des-jeunes-leffet-des-reseaux-sociaux
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