Suisse : où en est-on avec l'utilisation de l'amiante ?
L'utilisation d'amiante en Suisse est interdite depuis 1990. L'inhalation de fibres d'amiante est en effet responsable de maladies professionnelles reconnues par la SUVA (Caisse nationale suisse d'assurance en cas d'accidents) comme l'asbestose et le mésothéliome (dont 80 à 90% sont dus à une exposition ancienne à l'amiante) qui n'est pas curable. Le temps de latence entre l'exposition à l'amiante et la maladie peut être de 20 à 40 ans. La SUVA a déjà versé 1,1 milliard de francs aux victimes de ces maladies professionnelles et s'attend encore à un nombre de cas important malgré l'interdiction depuis 1990, en raison des risques d'exposition dans le cadre de travaux de rénovation d'immeubles construits avant 1991, ainsi qu'à des annonces tardives de maladie causée par un contact très ancien.
par Meris Michaels, 21 février 2021
L'utilisation d'amiante en Suisse est interdite depuis 1990. L'inhalation de fibres d'amiante est en effet responsable de maladies professionnelles reconnues par la SUVA (Caisse nationale suisse d'assurance en cas d'accidents) comme l'asbestose et le mésothéliome (dont 80 à 90% sont dus à une exposition ancienne à l'amiante) qui n'est pas curable. Le temps de latence entre l'exposition à l'amiante et la maladie peut être de 20 à 40 ans. La SUVA a déjà versé 1,1 milliard de francs aux victimes de ces maladies professionnelles et s'attend encore à un nombre de cas important malgré l'interdiction depuis 1990, en raison des risques d'exposition dans le cadre de travaux de rénovation d'immeubles construits avant 1991, ainsi qu'à des annonces tardives de maladie causée par un contact très ancien.
Depuis le 1er juin 2019, une loi permet de réutiliser l’amiante en Suisse. Après 30 ans d'effort pour éradiquer l'amiante des constructions, la Suisse assouplit sa législation et permet une réintroduction de cette substance toxique sous conditions contrôlées comme pour des travaux de réparation ou de restauration sur des ouvrages existants si, pour des raisons esthétiques, il n’est pas envisageable d’employer du matériel de substitution sans amiante.
Réf :
1.Motion 19.3608 : Réintroduction de l'utilisation de l'amiante. Les risques pour la santé sont trop importants pour la justifier par des raisons purement esthétiques et économiques
Parlement suisse, 13 juin 2019
https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20193608
2.Depuis le 1er juin, une loi permet de réutiliser le matériau toxique en Suisse, batimag.ch, 16 juin 2019
https://www.batimag.ch/economie/le-retour-de-lamiante-choque-617
Le jugement en 2014 de deux anciens dirigeants de la compagnie de fibrociment (amiante) Eternit par le Tribunal de Turin avait pour moi une signification personnelle.
Mon compagnon, Adon, est décédé le 1er avril 2009 d’un mésothéliome (cancer de la plèvre) dû à l’exposition à l’amiante. Il pensait avoir été exposé à cette substance toxique 40 ans auparavant, lorsqu'il travaillait dans une usine en Belgique. En mai 2008, s'essouflant pour monter l'escalier, il a consulté son généraliste qui a suspecté un mésothéliome, confirmé en juillet, après deux mois d'examens médicaux, dont certains invasifs.
En cours de chimiothérapie (quatre traitements), on a donné à Adon un pronostic fatal. Comme la chimiothérapie avait rétréci la tumeur, l'opération, (ablation du poumon droit) lui a été conseillée, avec 10% de risques de ne pas y survivre et l'espérance de prolonger sa vie d'une seule année.
Après l’opèration, la condition d’Adon s’est détériorée : difficultés respiratoires et plaies ouvertes qui ne cicatrisaient pas. Il a dû subir une deuxième opération importante au début du janvier quand toutes les plaies se sont réouvertes. Vers mi-février, un scanner a révélé une propagation du cancer, rendant le traitement de radiothérapie impossible.
Mon compagnon, Adon, est décédé le 1er avril 2009 d’un mésothéliome (cancer de la plèvre) dû à l’exposition à l’amiante. Il pensait avoir été exposé à cette substance toxique 40 ans auparavant, lorsqu'il travaillait dans une usine en Belgique. En mai 2008, s'essouflant pour monter l'escalier, il a consulté son généraliste qui a suspecté un mésothéliome, confirmé en juillet, après deux mois d'examens médicaux, dont certains invasifs.
En cours de chimiothérapie (quatre traitements), on a donné à Adon un pronostic fatal. Comme la chimiothérapie avait rétréci la tumeur, l'opération, (ablation du poumon droit) lui a été conseillée, avec 10% de risques de ne pas y survivre et l'espérance de prolonger sa vie d'une seule année.
Après l’opèration, la condition d’Adon s’est détériorée : difficultés respiratoires et plaies ouvertes qui ne cicatrisaient pas. Il a dû subir une deuxième opération importante au début du janvier quand toutes les plaies se sont réouvertes. Vers mi-février, un scanner a révélé une propagation du cancer, rendant le traitement de radiothérapie impossible.
Adon a passé les cinq dernières semaines de sa vie au service palliatif dans une clinique. Plusieurs mois après son décès, j’ai écrit une lettre au Professeur Belpomme de l' ARTAC (Association pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse), originellement créée comme groupe de soutien pour les gens atteints du cancer. Cela a été le début de mon engagement pour sensibiliser la population et les autorités aux dangers de la pollution de l'environnement afin de protéger la santé de nous tous.
Un réparation pour les victimes de pollution
Courrier des lecteurs, 24heures, 1er octobre 2014
Le Conseil national porte de 10 à 20 ans le délai de prescription permettant aux victimes de maladies professionnelles de demander réparation. Ce délai n'est pas suffisant dans le cas des maladies liées à l'amiante comme le mésothéliome qui peut se déclarer plus de 40 ans après l'exposition.
Selon l'OMS, plus de 107'000 travailleurs dans le monde meurent chaque année de l'exposition à l'amiante. Les plaintes déposées aux seuls USA ont coûté 20 milliards de dollars à l'industrie. On compare la dangerosité de l'exposition aux champs électromagnétiques (CEM) à celle de l'amiante. Des études montrent une augmentation du risque de neuf types de cancers chez les personnes exposées aux CEM par l'utilisation intensive du téléphone portable. Le risque de développer une tumeur cérébrale est multiplié par deux chez ceux qui l'utilisent 40 minutes par jour pendant 10 ans et par cinq chez les jeunes de moins de 20 ans. La période de latence est de 20 à 30 ans.
Les compagnies de réassurance déconseillent aux assurances de couvrir les risques liés aux CEM ayant appris les leçons de l'amiante. Une brochure de la Swiss Re de juin 2013 classifie les nanotechnologies, les CEM et les perturbateurs endocriniens comme "risques potentiellement les plus élevés". La révision du délai de prescrption pourrait tenir compte des dommages dus à l'exposition à de telles substances. Là encore, un délai de prescrption de 20 ans pourrait être insuffisant.
Les réparations accordées aux victimes, malades d'une exposition aux substances toxiques, et à leurs proches ne sont jamais adéquates : la souffrance et surtout la vie humaine, n'a pas de prix.
Que la justice soit rendue !
Courrier des lecteurs, 24heures, 26 novembre 2014
A propos de l'article intitulé "Stephan Schmidheiny gagne le procès de l'amiante"
L'industriel saint-gallois Stéphane Schmidheiny a gagné le procès de l'amiante et ne devra pas passé le reste de ces jours en Suisse. Keystone. |
La décision du Conseil fédéral de ne pas établir un fonds public pour indemniser les victimes de l'amiante est aussi injuste. Il préfère miser sur la prologation du délai de prescription à trente ans, insuffisant pour les victimes du mésothéliome qui se déclare après quarante, même cinquante ans, comme fut le cas de mon compagnon.
On ne peut pas attendre que la justice soit rendue par les cours d'Etats ni la protection de la santé humaine et de l'environnement par les décideurs politiques. C'est pourquoi au récent colloque du 10ème anniversaire de l'Appel de Paris (déclaration sur les dangers sanitaires de la pollution chimique et physique) on a discuté de la possiblité de "faire reconnaître par la cour Pénale Internationale la pollution comme crime contre l'humanité".
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