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31 mars 2021

Déploiement de la 5G en France : est-il urgent d'attendre ?

Déploiement de la 5G en France : est-il urgent d'attendre ?
lanouvellerepublique.fr, 29 mars 2021, mis à jour le 30 mars 2021

Alors que le réseau 5G tisse sa toile en France, des citoyens et élus demandent un moratoire sur son déploiement, pointant de potentiels risques environnementaux et sanitaires.

(Photo) : Grâce à la technologie 5G, le téléchargement d’un film en haute définition sur son smartphone pourrait ne prendre qu’une dizaine de secondes. © Photo Adobe Stock

Ce dimanche, ils ont redit haut et fort qu’ils n'étaient pas sur la même longueur d’ondes que le gouvernement. Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé un peu partout en France, à l'appel de membres de la Convention citoyenne pour le climat et de quelque 400 organisations (dont Greenpeace France, Agir Pour Le Climat et Youth For Climate), pour revendiquer une loi Climat à la hauteur des enjeux.

Ils estiment que le projet de loi Climat et résilience, qui sera examiné à partir de ce lundi 29 mars par les députés, en séance plénière à l’Assemblée nationale, a "considérablement amoindri les propositions de la Convention citoyenne", formulées en juin 2020. Et certaines sont tout simplement passées à la trappe, comme l’instauration d’un moratoire sur la mise en place de la 5G, en attendant les résultats de l’évaluation de cette nouvelle technologie de téléphonie mobile “sur la santé et le climat.”

Une demande appuyée en septembre dernier par des élus écologistes et de gauche (parmi lesquels les maires de Lyon, Marseille, Bordeaux, Tours ou encore Poitiers), dans une tribune publiée dans le JDD. Ils y pointaient notamment, avec l’arrivée de la 5G, une "hausse de la consommation de données et d'usage des télécommunications, synonyme d'une très forte consommation d'énergie par la sollicitation des antennes et des serveurs".

"Préparer l’avenir, car à terme la 4G sera saturée"

Autre question soulevée dans cette tribune, celle de la santé publique. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a été ainsi missionnée par l’État pour conduire une expertise sur "les éventuels effets biologiques ou sanitaires, qui seraient spécifiquement attribués aux nouvelles bandes de fréquences 5G ". Elle n’a pas encore rendu ses conclusions. D’où la demande de moratoire, au moins jusqu’à l’été 2021, réitérée récemment par des députés.

Mais pour l’instant, rien ne semble pouvoir freiner le déploiement de la 5G en France. L’automne dernier, les quatre opérateurs de téléphonie mobile (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free) ont déboursé au total près de 2,8 milliards d’euros pour obtenir les premières fréquences 5G mises aux enchères par l’État. Et leur réseau de nouvelle génération commence à irriguer l’Hexagone.

"Ce déploiement, qui a démarré fin 2020, est progressif. C’est difficile de dire où on en sera en fin d’année. Ce que l’on sait, c’est qu’en 2025, les opérateurs devront disposer de 40.000 antennes 5G en France", indique Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms (FFT), organisation regroupant opérateurs de communications électroniques.


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C’était, au 28 février 2021, en France, le nombre de sites d’émission 5G déjà ouverts commercialement par les opérateurs.



Le représentant de la FFT considère qu’il est nécessaire de s’engager dès aujourd’hui sur la 5G "pour préparer l’avenir, car à terme la 4G sera saturée. Cela permettra donc de conserver une qualité de service. C’est aussi un atout important dans le cadre de la numérisation des outils de production des entreprises".

Concernant les interrogations sur le plan sanitaire, Michel Combot se montre "assez serein". "En France, on a un des cadres les plus contraignants au monde, avec des limites réglementaires strictes. Et il est possible de faire réaliser des mesures d’exposition aux ondes électromagnétiques chez soi (via le site mesures.anfr.fr). Les antennes peuvent alors être réorientées si on trouve un point atypique (1)."

Mais pour le Dr Marc Arazi, président de l'association Alerte Phonegate, qui déplore "un aveuglement sur les risques sanitaires liés aux ondes", le vrai problème, ce ne sont finalement pas les antennes, mais les téléphones portables : "Ce sont les premières sources d’exposition. Il faut dire aux gens, plus particulièrement aux enfants, ados, femmes enceintes ou encore aux malades cardiaques équipés d’un pacemaker, de ne plus garder leurs téléphones au contact du corps."

(1) Lieu dans lequel le niveau d’exposition du public aux ondes dépasse de façon sensible les niveaux observés à l’échelle nationale.

Marc Arazi, le médecin qui dénonce la surexposition aux ondes

(Photo) : Dans son livre Phonegate (20,90 €, Massot éditions), le Dr Marc Arazi dénonce la surexposition aux ondes électromagnétiques à laquelle sont confrontés les utilisateurs de centaines de modèles de téléphones portables.
© (Photo Twitter Marc Arazi)


Depuis 2016, le Dr Marc Arazi dénonce ce qu’il appelle le "Phonegate", un scandale qui mettrait en danger les utilisateurs de téléphones portables, confrontés à une surexposition aux ondes. Tout est parti d’un rapport de l’agence de sécurité sanitaire (Anses), évoquant des dépassements de la limite réglementaire (fixée à 2 W/kg ) du DAS (Débit d’absorption spécifique), pour 89 % des téléphones portables testés, quand ceux-ci étaient placés au contact du corps.

Et pourtant, ces appareils étaient considérés comme conformes, car les fabricants avaient la possibilité, à l’époque, d’effectuer les tests à une distance pouvant aller jusqu’à 25 mm du corps (aujourd’hui c’est 5 mm maximum). Ce qui ne reflétait pas les conditions réelles d’utilisation, mais contribuait à affaiblir le DAS tronc, les faisant ainsi rester dans la limite autorisée.

Pour Marc Arazi, ce document de l’Anses a posé les bases du Phonegate, devenu un livre dans lequel le médecin s’attache à démontrer, avis scientifiques à l’appui, que le rayonnement des téléphones n’est pas inoffensif. Et que l’exposition aux ondes pourrait avoir joué un rôle "dans la multiplication par quatre des glioblastomes (forme grave de cancer du cerveau) en vingt ans".

Un débat public sur la 5G organisé en avril 2021 par la métropole de Tours

Ancien militant de Robin des toits, association nationale pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil, le maire écologiste de Tours, Emmanuel Denis, maîtrise plutôt bien le sujet des ondes électromagnétiques. En septembre 2020, il s’est joint à des maires de grandes villes de France pour demander un moratoire sur le déploiement de cette technologie. "Je n’ai pas changé de position depuis, commente l’élu. Mais nous n’avons pas été entendus par le gouvernement."

L’élu met notamment en avant des interrogations sur l’impact de la 5G sur la santé : "Nous attendons toujours le rapport de l’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire). Il doit normalement sortir au mois d'avril."

Il faut également, selon lui, mesurer les effets de la 5G sur le plan environnemental. Si cette technologie est présentée par ses promoteurs comme moins énergivore que la 4G, la consommation plus importante de data qu’elle générera pourrait en effet annuler ce bénéfice. "D’ici un à deux ans, on va devoir aussi renouveler nos téléphones portables pour en profiter, pointe-t-il. Il faudra alors disposer à ce moment-là de filières de recyclage performantes pour les vieux téléphones."

Même si Emmanuel Denis reconnaît qu’il ne pourra pas empêcher le déploiement de la 5G sur Tours (qui a d’ailleurs déjà commencé), il estime nécessaire d'organiser un débat public sur le sujet, pour évoquer les questions sanitaires et environnementales. Porté par Tours Métropole, il est prévu du 8 au 12 avril 2021.

Le maire assure également qu’une concertation aura lieu avec les opérateurs pour l’implantation des nouvelles antennes 5G, afin de concilier les impératifs esthétiques et sanitaires.

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