Mieux Prévenir

Comprendre le rapport entre la santé et l'environnement pour mieux protéger nos enfants et les générations futures.

13 juin 2023

Pour que les élèves aussi soient intelligents (pas juste leurs téléphones)

Pour que les élèves aussi soient intelligents (pas juste leurs téléphones)
par Stéphane Laporte, Collaboration spéciale, lapresse.ca, mis à jour le 3 juin 2023

(Photo) : « Le mois dernier, 92 % des 7000 profs sondés par la Fédération des syndicats de l’enseignement ont dit appuyer l’interdiction du cellulaire en classe, sauf pour certaines activités pédagogiques », rappelle Stéphane Laporte. PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Dans ma grande innocence, j’étais certain que les cellulaires des élèves étaient interdits en classe. Comme l’ont été nos Game Boy, nos Walkman, nos Polaroid, nos boombox, nos magnétoscopes, nos fax, nos transistors, nos enregistreuses, nos systèmes de karaoké, nos répondeurs, nos caméscopes, nos calculatrices, nos lecteurs VHS, nos Commodore 64, nos PlayStation, nos magazines, nos encyclopédies Grolier, nos lampes de poche, nos réveille-matin, nos walkies-talkies, nos collections de 33 tours, nos cassettes, nos rubans à mesurer, nos boussoles, nos télés, bref, tous les objets qui nous permettaient, dans le temps, de faire ce qu’aujourd’hui font, à eux seuls, nos cellulaires. Tous ces objets qui sont des sources de distraction quand on est censé faire autre chose.

Sur notre pupitre, on avait droit aux manuels scolaires, aux cahiers Canada et à notre coffre à crayons.

Aucun élève ne s’est jamais plaint de ne pouvoir envoyer de fax à ses amis pendant un cours, ni de ne pouvoir prendre une photo du tableau noir pour ne pas avoir à prendre de notes. Un cours étant essentiellement la transmission du savoir, le rôle de l’élève est d’abord d’écouter ce que dit le prof et, dans la mesure du possible, de le comprendre. Pas de consulter son fil Instagram ni d’envoyer des textos à ses BFF qui ont la chance d’être en congé.

Voilà pourquoi j’ai dû relire, à deux reprises, une manchette parue cette semaine dans les journaux, titrée ainsi : « Une motion visant à encadrer l’utilisation du cellulaire en classe est rejetée ». Je croyais que c’était : « Une motion visant à permettre l’utilisation du cellulaire en classe est rejetée », tellement c’était évident pour moi qu’un cellulaire n’a pas sa place dans une salle de classe. À moins que le prochain iPhone ait une application permettant de purifier l’air.

À mon grand étonnement, le gouvernement du Québec a rejeté la motion déposée par le PQ. Pourquoi ? On ne sait pas trop. Pour ne pas stresser les jeunes, probablement, qui sont très attachés à leur mobile. Qui en ont besoin pour fonctionner. Pour qui c’est vital. Pour qui c’est un troisième lien essentiel, avec le lien parental et le lien affectif.

J’veux ben, mais c’est un cellulaire, pas un pacemaker ! Le laisser dans leur casier le temps d’un cours ne mettra pas leur vie en danger. Les cégépiens des années 1970 étaient très dépendants du pot, mais ils ne pouvaient pas fumer un joint durant les cours (à part ceux de philo).

Se distancer de leur téléphone cinquante minutes d’affilée ne peut que leur faire du bien. Vivre le monde réel à 100 %, avec les gens présents autour de soi, est une expérience précieuse.

Le mois dernier, 92 % des 7000 profs sondés par la Fédération des syndicats de l’enseignement ont dit appuyer l’interdiction du cellulaire en classe, sauf pour certaines activités pédagogiques. 92 % ! Allô !? Toute réforme scolaire devrait prioriser l’avis de ceux qui vouent leur vie à l’enseignement.

Si Yannick Nézet-Séguin n’endure pas les téléphones durant ses concerts, pourquoi diantre un enseignant doit-il les endurer ? Un cours de français, de maths ou de chimie, c’est aussi important que La flûte enchantée de Mozart. La concentration d’un maestro n’est pas plus sacrée que celle d’un enseignant. Dans les deux cas, ils sont là pour nous ouvrir l’esprit. Pas le Samsung Galaxy.

Si la société s’entend pour interdire le cellulaire au volant de son char, elle devrait s’entendre pour interdire le cellulaire au volant de son avenir. Si une erreur d’inattention peut causer un dérapage sur la route, elle peut causer un décrochage sur le chemin de l’apprentissage.

Comprenons-nous bien, on ne veut pas interdire les cellulaires à l’école. On veut simplement qu’ils soient hors d’usage durant les cours. C’est le gros bon sens.

Entre les cours, les jeunes auront tout le temps de mettre à jour leurs réseaux sociaux. Même qu’ils en auront plus à raconter. En classe, si on ressent le besoin de se relier à Google ou à ChatGPT, ce sera sous la supervision du maître.

Si on veut que les élèves soient intelligents, pas juste leurs téléphones, il faut leur apprendre à être autonomes. À être fonctionnels, sans WiFi. Ainsi, ils pourront encore mieux se servir de leur cellulaire, plutôt que ce soit leur cellulaire qui se serve d’eux.

Courage, les jeunes, les vacances s’en viennent !

https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2023-06-03/pour-que-les-eleves-aussi-soient-intelligents-pas-juste-leurs-telephones.php

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.