Le Conseil fédéral est prié de penser santé avec la 5G
Technologie : À quel rayonnement sommes-nous exposés? Qui consulter en cas de problème? Une commission du National veut que le gouvernement réponde plus vite.
par Lise Bailat, Tribune de Genève, 20 mai 2020
Après la fronde populaire, la fronde politique. La Commission de la santé du Conseil national pointe du doigt la gestion du déploiement de la 5G par les autorités fédérales. Elle vient d’approuver de justesse (11 voix contre 10 et 3 abstentions) une motion proposée par Benjamin Roduit (PDC/VS) qui met la pression sur le gouvernement. «On s’aperçoit que des mesures d’accompagnement à la 5G sont prévues par le Conseil fédéral. Mais les trois mesures qui relèvent de la santé, à mon sens les plus importantes, sont noyées dans le paquet, tandis que celles qui profitent au déploiement de cette technologie – comme la simplification des procédures d’autorisation – seront mises en œuvre plus rapidement», affirme le Valaisan.
La commission souhaite ainsi que d’ici à la fin de l’année, au moins deux des mesures concernant la santé soient mises en œuvre: un monitorage de l’exposition au rayonnement et la création d’un service de consultation de médecine environnementale.
Selon le calendrier présenté par l’Administration fédérale, ces développements n’étaient pas prévus avant 2021-2022. Trop tard, selon les élus. «J’estime que la 5G est indispensable. Mais il n’est pas non plus question de fermer les yeux sur la santé, souligne Benjamin Roduit. Nous devons prendre des mesures adaptées, non pas pour stopper la 5G, mais pour protéger la population, notamment les personnes hypersensibles.»
Rapport fédéral dégommé
La Commission de la santé du National exprime aussi de lourdes critiques par rapport à la composition du groupe de travail qui a rédigé le rapport «Téléphonie mobile et rayonnement» sur mandat de la ministre Doris Leuthard à l’époque. Le Conseil fédéral se fonde sur ce document, publié fin 2019, pour poursuivre sa stratégie concernant la 5G. Or, selon la commission, «près de la moitié des membres du groupe présentaient un lien d’intérêt avec l’industrie des télécommunications et, en comparaison, seuls deux membres du corps médical représentaient un intérêt prépondérant de santé publique.»
D’après nos informations, la commission auditionnera même d’autres experts ces prochains mois. Une demande du conseiller national Thomas Aeschi(UDC/ZG )a été suivie en ce sens. Pourtant, l’élu UDC fait partie des parlementaires bourgeois qui ont voté contre la motion Roduit. Il s’explique: «Je me suis dit qu’il fallait d’abord mener ces auditions avant de donner une tâche précise au Conseil fédéral.» Puis il note: «Sur le fond, je pense aussi qu’il faut faire une analyse approfondie des effets de la 5G sur la santé. Plusieurs personnes dans mon entourage sont électrosensibles. Si la 5G permet le développement de l’internet des objets, il n’y aura peut être plus aucun lieu sans radiation. Cela pourrait représenter un danger. Aujourd’hui, on en sait tout simplement trop peu sur les effets de la 5G sur la santé.»
Pas de preuve scientifique
L’Association suisse des télécommunications réagit à cette démarche de manière détendue. «La branche ne s’est jamais opposée aux mesures concernant la santé. Au contraire, elle a suggéré elle même la mise en place du monitoring sur le rayonnement, explique son président, Peter Grütter. En revanche, le calendrier de la commission me semble ambitieux.»
Il souligne par ailleurs qu’un consensus est ressorti du rapport fédéral: il n’y a pas de preuve scientifique que la 5G fasse courir un risque pour la santé. Le directeur de Swisscom, Urs Schaeppi,rappelait récemment que les dernières études n’apportent, elles non plus, aucune preuve d’effets dommageables pour la santé si les limites internationales sont respectées.
Lise Bailat
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