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7 mars 2021

Effets des champs électromagnétiques en milieu hospitalier

Effets des champs électromagnétiques en milieu hospitalier

Jacques Lintermans, Docteur en sciences et André Vander Vorst, Professeur ém. UCLouvain

Utilisation massive de leur téléphone portable par l’ensemble du personnel soignant, nombreux appareils médicaux manipulés par les médecins pratiquant des examens ou des interventions, installations électriques fonctionnant sans interruption, telle est la situation courante dans beaucoup de centres hospitaliers plongés dès lors dans un bain d’ondes électromagnétiques permanent.
D’où la question, y a-t-il un danger pour la santé, aussi bien celle des soignants que celle des patients ?

Description des champs électromagnétiques en milieu hospitalier

Dans un bâtiment hospitalier on trouve une combinaison de champs électromagnétiques provenant de l’extérieur du bâtiment avec d’autres émis à l’intérieur de celui-ci. Une attention particulière est portée dans le cas présent aux champs électromagnétiques dans la gamme micro-onde, lesquels sont devenus dominants dans un grand nombre d’applications de type téléphonique et autres, qu’ils résultent de connexion à du Wifi ou aux divers appareils médicaux qui, en rayonnant, exposent personnel soignant et patients à des champs électromagnétiques.

Les champs extérieurs au bâtiment hospitalier proviennent de sources d’émissions environnantes, telles que des antennes situées à proximité. Le niveau d’intensité de ces champs dépend de normes de sécurité qui peuvent varier d’un pays voire d’une région à l’autre. Leur impact est à évaluer en tenant compte d’une exposition continue pendant 24 heures, avec une certaine variation nocturne éventuelle. Il y a lieu de remarquer qu’une atténuation par les vitrages est faible, ce qui revient à dire que dans un local intérieur le champ extérieur pénètre essentiellement par les fenêtres.

En ce qui concerne l’intérieur du bâtiment hospitalier, des champs électromagnétiques sont émis essentiellement par trois types de sources : d’abord les téléphones mobiles GSM personnels, boîtiers Wifi et émetteurs DECT (téléphone intérieur sans fil) ; ensuite le rayonnement des circuits électriques et des appareils utilisateurs d’électricité ; et, en plus, l’ensemble de câbles et fils reliant les divers appareils électriques et électroniques, notamment mais pas uniquement, médicaux

Parmi les champs intérieurs, il y a lieu d’accorder suffisamment d’attention aux champs rayonnés par les fils et câbles. A noter qu’il existe des câbles parfois qualifiés de « bio » qui proposent une solution de câblage écologique et respectueuse de la santé. Ils sont particulièrement recommandés dans les hôpitaux et lieux de vie des personnes âgées.

S’il n’existe pas aujourd’hui de normes donnant des chiffres précis pour une installation dite « biocompatible », des seuils critiques ont été fixés aux environs de 2 à 5 V/m pour le champ électrique et de 0,02 à 0,05 microtesla pour l’induction magnétique (2).

Les téléphones portables sont de grands émetteurs de CEM. Concernant leur usage, il y a un certain nombre d’observations dont il est important de tenir compte :

°Le portable de type GSM émet de façon significative lorsqu’on lui fournit un signal à émettre, voix ou autre signal. Ce système GSM est très performant : en cas de mauvaises conditions de communication, il augmente de lui-même la puissance émise pour assurer une bonne transmission ; la puissance émise par un portable et donc l’exposition aux micro-ondes de l’usager comme l’est un membre du personnel soignant, ou des personnes dans son entourage comme le sont les patients, sera élevée dans un espace limité tel que l’intérieur d’un local fermé

°l’émission d’un téléphone portable ou dispositif similaire est plus élevée au moment où le système veut établir une communication : il adopte automatiquement une puissance plus élevée pendant un certain nombre de secondes pour se donner plus de chances de trouver le correspondant. Il est donc préférable de l’écarter un peu durant ce temps alors que la proximité d’un patient est à éviter.

°il faudrait limiter la communication par un téléphone portable ou équivalent à une durée de deux ou trois minutes : on a mesuré une élévation de 0,7°C de la température du visage pour une émission de 10 minutes ; cette élévation de température n’augmente plus pendant la suite de la communication, par effet thermorégulateur dû à la circulation sanguine amenant du sang non chauffé dans la zone de chauffage (3).

°l’usage d’une oreillette passive doit être encouragé afin de permettre l’éloignement, même modeste, du combiné principalement de la tête : il peut y avoir réduction d’un facteur 10 en puissance dans 85% des cas

°pour évaluer les effets biologiques, on tient compte de ce qu’on appelle la dosimétrie, c’est-à-dire le produit de la densité de puissance par la durée, ce qui veut dire par exemple une densité de puissance deux fois plus faible pendant une durée deux fois plus longue (4) ; dans de mauvaises conditions de transmission, il faut réduire la durée de communication ; l’impact d’un même niveau d’exposition peut donc affecter bien davantage le personnel soignant qui peut travailler à temps plein dans cet environnement tandis que la plupart des patients n’y séjournent qu’un temps limité.

Risques sanitaires

S’agissant des problèmes sanitaires, ceux-ci concernent surtout une aggravation d’accident vasculaire cérébral ou une exacerbation d’électrosensibilité chez les patients hospitalisés :

on sait depuis des dizaines d’années qu’une exposition aux champs électromagnétiques (CEM) et notamment aux CEM micro-ondes peut provoquer l’ouverture de la barrière hémato-encéphalique (BHE). La barrière hémato-encéphalique filtre et contrôle le passage des substances sanguines et les empêche de passer librement du sang au liquide céphalo-rachidien. Elle isole ainsi le système nerveux central du reste de l'organisme et lui permet d'avoir un milieu spécifique, différent du milieu intérieur du reste de l'organisme. Une barrière fonctionnant mal permet l'entrée dans les tissus du cerveau de molécules hydrophiles qui normalement en seraient exclues, avec formation d’œdème et d’ischémie (5).

De façon expérimentale sur animal, essentiellement sur rat, on a relevé des effets d’ouverture de la barrière à des niveaux de densité de puissance micro-onde exposante extrêmement variable et notamment beaucoup plus faible que celle produite par un GSM.

Il est intéressant de remarquer qu’une trentaine d’études de l’effet de rayonnement micro-onde sur la barrière chez le rat ont déjà été recensées en 2001, en vérifiant notamment l’effet des ondes de téléphone portable sur la perméabilité de ces barrières, à diverses puissances d’exposition. Parmi celles-ci, le nombre d’études mettant en évidence une perméabilité de la barrière augmentée sous l’effet de l’exposition était à peu près égal au nombre de celles qui ne mettent pas une telle augmentation en évidence, aussi bien à haute qu’à faible exposition micro-onde (6). Il ne s’agit donc pas d’un phénomène peu fréquent.

Par ailleurs, il a aussi été observé qu’une exposition aux CEM modifie la forme des globules rouges (7) provoquant un déficit en captation d’oxygène et donc un appauvrissement de sa disponibilité au niveau tissulaire.

Ces différentes altérations peuvent causer des dysfonctionnements pathologiques au niveau de la fonction cérébrale.

Dans un autre domaine fonctionnel, il résulte d’observations objectives qu'il se produit un affaiblissement du système immunitaire, mis en évidence par la mesure de paramètres sanguins, chez des personnes en conditions variées d'exposition à des ondes allant de très basses fréquences jusqu'aux micro-ondes. Les CEM provoquent une déplétion significative des lymphocytes, en particulier des T8 et NK produits par le thymus et la moelle osseuse (8). Les conséquences possibles de ces effets pourraient être que ces lymphocytes ayant une fonction toxique cellulaire, leur déplétion favorise une prolifération d’agents infectieux et de cellules cancéreuses. Des études ont effectivement montré que les CEM aggravent l’état de sujets atteints de maladies infectieuses (9). Pointons également la menace encourue par le personnel féminin dans les hôpitaux dont une proximité constante à des sources d’ondes peut affaiblir le système immunitaire en créant un terrain favorable au cancer du sein (10).

Cet aspect du problème mérite une attention particulière.

En effet, une protection du personnel soignant pourrait être assurée d’une part par une prise régulière de substances biochimiques (magnésium, ubiquinone, taurine…) antagonistes de l’action des champs électromagnétiques au niveau des organes cibles (11, 12) et, d’autre part, par le port de blouses en matière textile anti-onde, couvrant les zones anatomiques les plus à risques à savoir le thymus, les glandes mammaires et les organes génitaux.

Conclusion

Est-on assez conscient des effets possibles de « l’électrosmog » dans les hôpitaux ? (13)

Loin de toute considération exagérément alarmiste, les observations ci-dessus visent à attirer l’attention sur une problématique quelque peu ignorée, faisant se poser la question sur la nécessité d’envisager des mesures et des attitudes protectrices. Il importe de prendre en compte, non seulement les problèmes des malades mais aussi la santé des professionnels qui les soignent, des troubles pouvant survenir chez ces personnes sans qu’en soit identifiée l’origine.

Références

(1)Cet article s’appuie sur la publication « Lintermans J., Vander Vorst A. Effets des champs électromagnétiques en milieu hospitalier » parue dans les revues médicales NEURONE 2021;26(1), Ortho-Rhumato 2021;18(6), Urologic 2020;16(4)

(2) Bossard C., Guide de l’électricité biocompatible, Eyrolles, Paris, 2009, 190 pp.

(3) Taurisano M., Vander Vorst A., Experimental thermographic analysis of thermal effects induced on a human head exposed to 900 MHz fields of mobile phones, IEEE Trans. Microwave Theory Tech., Special Issue, Vol. 48, no 11, Nov. 2000, pp. 2023-2032

(4) Gandhi O. P., Conditions of strongest electromagnetic power deposition in man and animals, IEEE Trans. Microwave Theory Tech., Vol. 33, 1975, pp. 1021-1029

(5) Person B. R. et al. Effects of Microwaves from GSM Mobile Phones on the Blood-Brain Barrier and Neurons in Rat Brain.Progress in Electromagnetic Research Symposium, 2005 Hangzhou, China, August 22-26

(6) Lin J. C., The Blood-Brain Barrier, Cancer, Cell Phones, and Microwave Radiation, IEEE Microwave Mag., Vol. 2, no. 4, Dec. 2001, pp. 26-30

(7) Havas M., Radiation from wireless technology affects the blood, the heart and the autonomic nervous system. Rev Environ Health 2013; 28(2-3): 75-81

(8) Lintermans J., Electromagnetic Fields Effects on the Immune System of the Human Beings. Towards Better Health 2020, Feb.07

(9) Lintermans J., Vander Vorst A. Effets des champs électromagnétiques sur les infections virales. Mieux Prévenir, 22 avril 2020

(10) Shapiro R., Malignancies in the setting of primary immunodeficiency: implications for hematologists/oncologists. Am J. Hematol 2011; 86: 48-55

(11) Lintermans J., Antagonistes biochimiques des champs électromagnétiques: pour un traitement de l’électrosensibilité par la voie pharmacologique cellulaire. NEURONE 2017; 22(4) : 12-13

(12) Lintermans J., Vander Vorst A. Protection possible par la Taurine des effets des micro-ondes et son utilisation pour un diagnostic de l’électrohypersensibilité. Mieux Prévenir 23 nov. 2020

(13) Hayder K. Admawi. Assessement of Electromagnetic Pollution in Some Hospitals and Schools in Al-Najaf City. Journal of Engineering 2021; 27(3): 1-14

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