par Equipe Phonegate 10 jan 2022
Attendue depuis 2016, l‘étude Mobi-kids vient donc d’être publiée – en toute discrétion – le 30 décembre 2021, dans la revue scientifique Environment International. La lecture attentive que nous en avons faite nous amène à porter un avis critique, tant sur la méthodologie de l’étude elle-même que sur les divers conflits d’intérêts relevés avec l’opérateur Orange – et, par voie de conséquence, sur l’obtention de résultats ici controversés.
[1/2] Dans un premier temps, nous avons réalisé un résumé de cette étude dont les conséquences sont primordiales en termes de protection de la santé publique, notamment pour les enfants et les jeunes utilisateurs des téléphones portables.
[2/2] Dans ce second volet, nous nous appliquons à mettre en évidence les différents points qui, selon nous, jettent le trouble sur ce travail scientifique.
Le choix discutable d’une étude cas/témoin
Sur un plan strictement épidémiologique, le choix des auteurs de procéder par comparaison de groupes cas versus groupes témoins a pu, à lui seul, fausser l’intégralité de l’étude. En effet, on suppose que si le facteur (ici l’exposition aux téléphones mobiles) joue un rôle dans l’apparition de la maladie, alors la fréquence d’exposition pour les cas atteints sera plus élevée que chez les témoins. Ce que l’on mesure donc, c’est la différence d’exposition entre deux groupes, le groupe des sujets malades (les cas) et le groupe des sujets indemnes de tumeur du cerveau (le groupe témoin).
C’est d’ailleurs précisément ce que les auteurs rappellent dans leur propre publication en citant le Pr Mickael Kundi, un des scientifiques de Mobi-kids, à savoir :
« Les études cas-témoins ne sont pas bien adaptées pour identifier les effets de promotion des tumeurs (Kundi, 2010) »
Ainsi, nous lisons dans la conclusion de son article publié en 2010 :
Pour les cancers du cerveau, les temps de latence sont de l’ordre de la décade, ce qui a amené à considérer l’impact de l’exposition sur une tumeur déjà existante. Nous allons voir que les mesures du risque comme les « odds ratios » ou les risques relatifs ne peuvent pas, dans ces circonstances, être interprétées comme des indicateurs de l’incidence d’un effet à long terme sur la population exposée.
De fait, pour ce type d’étude il aurait été préférable de réaliser une enquête exposés/non exposés. Certes, l’étude aurait alors été plus longue, mais elle serait aussi beaucoup plus fiable, permettant de mesurer directement et avec précision l’exposition aux facteurs.
Cependant – et c’est un point incontournable pour toute étude épidémiologique concernant notre exposition aux ondes -, il n’est quasiment plus possible de trouver des populations non exposées, à la différence, par exemple, d’une étude portant sur la cigarette/le tabac.
Pour le Pr Joel Moskovitz, de l’université de Berkeley (Etats-Unis) qui a analysé l’étude Mobi-kids, voici ce qu’il conclut :
« Mener ce type de recherche est une entreprise complexe et le risque d’échec est élevé. Bien que les auteurs aient fait des efforts notoires pour sauver leur étude en la confortant avec des sous-études supplémentaires et des analyses post-hoc, ils n’ont pas réussi à en surmonter les problèmes méthodologiques. Par conséquent, selon mon avis professionnel, les résultats semblent ininterprétables.«
Continuer à lire :
https://www.phonegatealert.org/mobi-kids-etude-resultats-controverses
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