Mieux Prévenir

Comprendre le rapport entre la santé et l'environnement pour mieux protéger nos enfants et les générations futures.

11 mai 2022

"Santé: la pollution électromagnétique exclut "

Nous venons de découvrir ce document de 2020-2021 qui contient une mine d'informations sur la pollution, dont 23 pages sur la pollution électromagnétique.  Nous publions ci-dessous un extrait de la partie "Santé: la pollution électromagnétique exclut " - le témoignage d'une personne électrosensible.

Créé en 1996, le Collectif Solidarité Contre l'Exclusion asbl associe des personnes (avec ou sans emploi), des associations et des acteurs syndicaux unissant leurs énergies pour lutter contre l'exclusion et construire des rapports de forces permettant le développement d'une société plus égalitaire et plus juste. Depuis sa création, le Collectif diffuse ses analyses à travers son journal. Ces dernières années il s'est particulièrement impliqué dans la défense du droit au chômage et à l'aide sociale.

Dans une interview récente, l’épidémiologiste Marius Gilbert (ULB) formulait le vœu qu’après la crise sanitaire « nous resterons sensibles à ce que nous avons appris ou réappris pendant cette crise ». Que ce soit, poursuivait-il, « à l’égard de nos failles sociétales, de l’importance de protéger les plus fragiles, de préserver les liens entre les générations et un accès aux soins de qualité, d’arrêter de détruire l’environnement...»

Ce numéro aborde de nombreuses questions qui pourraient être rangées parmi les « failles sociétales ».
Voici un extrait de la partie "Santé: la pollution électromagnétique exclut " - un témoignages d'une femme électrosensible (pp. 37-40) :

« Nous ne sommes pas malades, on nous rend malades, nuance... »

Pour ce second témoignage, nous nous rendons au domicile bruxellois de notre témoin. Après la préparation d’un thé, la discussion démarre au quart de tour, fortement marquée d’un sentiment de révolte.

Ensemble ! Comment avez-vous découvert le problème causé par les rayonnements électromagnétiques ?

Un jour, il y a environ quatre ans, je discutais avec mon compagnon quand, en changeant de pièce, j’ai eu comme les jambes coupées. Je suis tombée ! Cela ne m’était jamais arrivé, je me suis demandé si j’étais faible ou malade... Je me suis calmée, mais en repassant dans la pièce, à nouveau je reçois une décharge dans les jambes. Soudain, ça a fait « tilt » : j’avais changé d’opérateur et ma nouvelle borne wifi était plus puissante, le changement venait d’être fait. J’ai trouvé ça incroyable, et j’ai dû refaire l’exercice plusieurs fois et ressentir la décharge pour y croire, car ça me semblait impensable. Parallèlement, j’étais passée au smartphone. Quand je l’allumais je me sentais mal, avec des douleurs dans tout le corps, une sensation de fièvre, des nausées, un état épouvantable. Face à ça, je me suis demandée si j’avais attrapé quelque chose, une grippe virulente ou que sais-je… Au départ, jamais je n’aurais attribué ça au smartphone. Un jour, il était dans mon sac à dos et dans le tram j’ai ressenti comme un coup de poignard, comme si une lame me traversait le corps. J’ai eu peur et pensé que je n’allais vraiment pas bien. Ça a duré toute la journée, puis j’ai éteint le smartphone et les symptômes sont partis progressivement. J’étais sidérée ! Par la suite, j’ai repensé à un événement ancien, avec un téléphone fixe sans fil DECT, avec lequel j’avais eu un problème aux oreilles : j’étais devenue comme sourde, j’entendais les sons très atténués, comme si j’étais sous l’eau. J’avais paniqué et été voir mon frère médecin, car pour quelques minutes passées au téléphone, je n’ai plus entendu normalement pendant trois jours. Il m’a parlé de coïncidence, une infection ou une otite, quelque chose comme ça… Moi, ça m’avait tellement effrayée que je n’avais pas osé le réutiliser, mais quelques semaines plus tard en le rebranchant quelques secondes, « TAC » : même effet, tout de suite. Malgré cette expérience passée, je n’avais au départ pas imaginé la nocivité de ma box wifi et du smartphone. On a du mal à faire le lien, en fait, à y croire…

Quelles ont été les réactions des proches ?

Au départ ma fille ne me croyait pas, mon compagnon non plus, ça a été difficile mais maintenant ils éteignent leurs engins. Petit à petit je me suis convaincue de ne plus jamais avoir de téléphone portable. Enfin il est là, j’ai gardé mon numéro, qui sait si je tombe en panne ou s’il y a un immense souci avec ma fille, que sais-je… Mais je ne l’utilise jamais. Récemment, au sujet du regard des autres, j’ai évolué. J’ai participé à une manifestation contre la 5G où j’ai rencontré un homme avec une pancarte « Électrosensible et fier de l’être ! ». Personnellement, avant de le dire aux gens je rase les murs. Enfin, depuis la rencontre de ce monsieur à la manifestation j’ai envie de dire que je « rasais » les murs... Jusque là, durant les trois ou quatre ans après le déclenchement de mes problèmes, je voyais bien les réactions des gens : « La pauvre, elle s’imagine des choses, on va lui faire plaisir en éteignant le téléphone. » Parfois ils n’éteignent même pas, on se confronte à certains moments à un refus total sur ce sujet. À présent je suis plus ferme. Quand je vais à une consultation médicale par exemple, j’exige d’avoir un endroit hors des rayonnements directs, je réclame un local à part, hors des salles d’attente remplies de smartphones. Si je peux supporter durant une heure d’être bombardée d’ondes, au-delà ce n’est plus possible.

Récemment, en arrivant pour une hospitalisation d’un jour j’ai exigé ceci : « Je veux pouvoir attendre dans une salle séparée des autres. Après une heure ou deux je n’ai plus de force, mon rythme cardiaque se désynchronise, j’ai des arythmies et je suis dans un état lamentable. Je ne veux pas subir ça, c’est hors de question. » On m’a tout de suite trouvé une pièce ! Cela m’a confortée dans l’idée d’être ferme, de ne pas me laisser marcher sur les pieds. Par ailleurs, dans un hôpital, partout sur les murs on voit le sigle avec un téléphone portable barré : c’est censé être interdit mais tout le monde en a un en main, tous occupés à surfer. Y compris le personnel ! Résultat, je dois me tenir éloignée des salles d’attente.

J’ai constaté ce fait : moi-même convaincue mais honteuse d’évoquer ma situation de sensibilité, on me tournait en dérision. Aujourd’hui, plus affirmative, j’exige un respect de mon intolérance aux champs électromagnétiques, et c’est plus difficilement remis en question. (6) Les gens doivent entendre ce que nous ressentons, ce que nous expliquons. J’ai mis deux ou trois ans avant d’arriver à le dire, d’arrêter d’avoir honte de ça. Parce qu’en fait, simplement, je ne voulais pas m’identifier à ce qui pouvait être vu comme une faiblesse. Si cette manifestation contre la 5G a servi de révélateur, je n’ai cependant aucune envie de me coller une étiquette, de clamer « je suis électrosensible, je revendique la reconnaissance de l’électrosensibilité. » Non, je ne milite pas pour la reconnaissance, je milite pour qu’on arrête de nous bombarder avec des ondes nocives. Point. Je veux évoluer dans un environnement sain. Je ne suis pas faible. Je suis faible dans un environnement malsain. Bien entendu, dans un premier temps je comprends la nécessaire reconnaissance de cette nocivité, mais ce n’est pas une maladie. On nous rend malades, nuance.

Faute de reconnaissance officielle de l’agression, et le temps passant, la tendance serait à rejeter sur les personnes la responsabilité de leurs maux ?

Exactement. Alors quoi ? On doit aller vivre dans des cavernes ? On doit peindre nos murs avec une peinture au plomb pour stopper les ondes, comme le font certains ? Comme si le plomb était inoffensif ! Je regrette, le plomb a une certaine toxicité et je n’ai pas envie d’intégrer ça dans l’espace où je vis. Donc oui, j’ai une certaine colère, que la plupart du temps je n’exprime pas. Mais de plus en plus je vais vers une affirmation envers les gens : n’essayez pas de me dire que ça n’existe pas, je ressens les effets physiques de ces technologies, c’est ainsi.

Imaginer les nécessaires retours en arrière est tellement difficile que les gens désirent avant tout une reconnaissance de leurs problèmes de santé, en ne s’opposant parfois pas aux technologies elles-mêmes... Certains continuent même à les utiliser, notamment à la demande des proches.

Avant d’être touchée et de prendre conscience de tout ça, mon compagnon en est témoin, je faisais l’apologie des technologies. Je ne suis pas si jeune, j’ai assisté à tous les développements, et c’était mon rêve : la rapidité, la connectivité… Personne ne pourrait me taxer d’« anti-progrès ». Les villes interconnectées, je trouvais ça génial, par exemple. Avant j’aurais pu dire « on n’arrête pas la technologie », mais aujourd’hui je demande, a minima, qu’on réalise une étude impartiale. Menée par les pouvoirs publics, pas par l’industrie ni les multimilliardaires, qui se permettent par exemple d’envoyer des satellites dans l’espace pour développer les technologies. L’espace leur appartient-il ? Quand on sait que les industriels subventionnent des études au sujet de la nocivité de leurs propres produits, c’est un comble.

Lorsqu’on me répond que l’électrosensibilité n’est pas reconnue par le monde médical, cela me met dans une colère monstrueuse : quel est l’intérêt de toutes ces personnes à décrire tout ça ? Elles ne perçoivent pas d’argent, évidemment, elles décrivent leurs symptômes. Par contre, ceux qui nient les effets ont des intérêts financiers en jeu. J’ai participé à une conférence où un chercheur historien exposait le début de reconnaissance de la nocivité de la pollution industrielle au charbon : des gens sont morts parce qu’ils habitaient dans une « cuvette », une vallée où des nuages émanant des industries se concentraient. Là aussi on a au départ décrit les victimes comme des gens faibles, prédisposés à être touchés par cette pollution. L’exploitation industrielle n’a pas été remise en cause, ensuite on est passé à des émanations plus faibles, on a changé les dispositions, mais les gens en restent malades... L’amiante c’est la même chose, il a fallu quasiment un siècle pour reconnaître sa toxicité. Pourquoi ? Parce que durant cette période l’industrie a voulu continuer à produire son amiante. Point barre. Aujourd’hui nous sommes dans le même type de processus. Nous sommes au 21e siècle et rien n’a changé. Face à tout cela, les pouvoirs publics sont, au mieux, totalement incompétents. Ils ne jouent ici absolument pas leur rôle, c’est évident.

Que faudrait-il faire, selon vous, en premier lieu ?

Je vais le répéter : il semble nécessaire de réaliser une étude correcte pour connaître les effets sur le vivant, financée par les pouvoirs publics. Nous sommes formés d’eau, et les informations au sein de notre corps se transmettent de manière électrique. Il est clair qu’un problème électrique ou lié à l’électromagnétisme va influencer la façon dont fonctionne notre corps. Comment ? C’est la première chose à exposer au grand public. Deuxièmement, quelle bande hertzienne ou quelle intensité serait susceptible d’être compatible avec le vivant ? Ou quelles seraient les mesures pour les rendre compatibles ? Pour la science, ce sont les premières choses à chercher. Je ne suis pas a priori contre le développement de ces technologies, mais simplement là on va très très vite avec un seul type de produits, et les témoignages nous prouvent un problème. D’autres systèmes auront peut-être le même résultat, sans être toxiques. En tout cas, dans un premier temps il faudrait se concentrer sur un système, le moins nocif, et réunir les antennes, pour au minimum impacter une seule fois la population, là où aujourd’hui tout est multiplié par le nombre d’opérateurs.

Autre mesure super importante, interdire la toxicité dans les espaces publics. Cette mesure a été prise pour la cigarette, aujourd’hui supprimée des lieux publics. Personnellement, je ne prends plus le tram, je ne vais plus dans les événements de foule, ce n’est pas supportable pour moi. Au cinéma, également, je ne peux plus y aller. Le téléphone portable, je regrette mais dans les salles de spectacle ou les cinémas, ils doivent être retirés à l’entrée, ou éteints obligatoirement, on respecterait de cette manière la possibilité pour toute personne d’avoir une vie culturelle. (7) Il faut de manière urgente prendre des mesures de ce type-là.

Des manifestations intéressantes pour moi se déroulent, auxquelles je participe parfois, mais je peux y rester maximum une heure. Une telle foule de smartphones, pour moi, c’est la mort. Je vis comme une recluse. Le confinement n’était pas un changement énorme pour moi, c’est insupportable. Je ne suis plus vivante, je n’ai plus d’échanges comme je pouvais en avoir avant, je ne bouge plus de la même manière. Et même chez moi je ne suis pas tranquille, beaucoup de mes nouveaux voisins sont hyperconnectés et je le sens, bien sûr. Je vais de moins en moins bien.

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